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La valeur d'une civilisation se reconnaît-elle au développement de sa technique ?

Publié le 03/10/2009

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technique
Tout d'abord, la valeur est ce que vaut un objet ou une personne, ce qui fait son prix ou sa qualité, son ajustement à la perfection d'un concept pour un objet ou sa conformité dans l'action d'un type idéal qui pourrait servir de critère pour juger la valeur de l'homme, et ainsi de sa civilisation. Mais de quelle valeur s'agit-il qui fasse sens et cohérence avec la notion de développement technique ? Ici, on ne peut pas inclure la valeur artistique, culturelle ou sociale mais plutôt la valeur économique et militaire qui correspond à l'évolution de la technicité atteinte par une civilisation. De même que la technique est une activité concrète, destiné à produire quelque chose d'utile. De cette façon, on peut dire que la technique est liée à la culture ainsi qu'au progrès d'une civilisation, celle-ci étant un ensemble de caractéristiques définissant une société donnée qu'elles soient morales, religieuses, esthétiques ou encore techniques.
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« l'humanité avait un devoir quasi moral de réaliser ce progrès, quelles qu'en soient les conséquences.

Le meilleurexemple en est les progrès en matière génétique: pouvoir constituer la carte d'identité génétique d'un individu seraitcertes une prouesse technique, mais elle ouvre les portes à toutes les déviances et les manipulations possibles.L'idée commence à s'imposer qu'il incombe au politique, à un comité des sages, d'imposer des limites arbitraires à latechnique, au nom d ‘une certaine conception de l'homme.La technique semblait longtemps porter à elle seule les espoirs d'une humanité en quête d'une vie plus heureuse etplus humaine.

Elle permettait par exemple de rendre le travail moins pénible, et personne ne peut contester le bien-fondé, la légitimité de cette aspiration.Le problème c'est que le progrès technique en est devenu une valeur en soi.

On fait des progrès parce qu'il faut enfaire dès qu'on peut en faire.

C' est-à-dire que ce n'est plus dans un but défini qu'on tente de faire mieux que par lepassé.

On progresse, certes, mais pour rien, sans se poser la question « à quoi cela va-t-il servir? » Comme sil'humanité, dans sa frange occidentale au moins, était condamnée à une fuite en avant.

Comme si un progrèssupplémentaire à venir allait donner leur sens à tous les progrès accomplis récemment!C'est-à-dire que la technique, si on peut la définir comme la domination de la nature par l'homme, est susceptibled'une autre définition.

Elle est à la base « l'ensemble des moyens en vue d'une fin quelconque ».

Il faut comprendreque la technique relève du seul agencement des moyens pour une fin arbitraire déjà fixée.

Elle ne se pose pas laquestion de la valeur de cette fin.

La technique, en ce sens, pourrait être définie comme l'indifférence aux fins.

Latechnique, c'est l'efficacité pure ,en elle-même ni bonne ni mauvaise, qui peut se mettre au service, indifféremment,du bien comme du mal, tout dépend de l'usage qu'on en fera.

Le réel danger de croire qu'il n' y a de progrès quetechnique, c'est que notre époque, parce qu'elle a fait de la technique une valeur, ne voit plus la nécessité de seposer la question de son usage.

Parce que le progrès est devenu une valeur en soi, il n'y a plus à le soumettre àévaluation.Notre époque a donc commis un réel renversement des valeurs: la technique qui, par nature, n'est qu'un moyen envue d'autre chose, est devenue une fin en soi.

On progresse pour progresser, et comme en attendant de savoir quoifaire de ce progrès.En effet, si l'on essayait de procéder à une évaluation du progrès technique sans parti pris, à quoi aboutirait-on?Une analyse objective, quasi clinique, est-elle d'ailleurs possible?Notons que ce n'est pas tant le progrès technique en lui-même qui serait à évaluer que l'abus de ce progrès, lorsquele progrès devient une fin en soi!C'est ce que tente de faire Freud, dans un passage de Malaise dans la civilisation (pp.

31-32).C'est sans doute un « gain positif de plaisir » que d'avoir rapidement des nouvelles d'un ami parti pour un voyagedifficile, de pouvoir entendre la voix de l'enfant parti au loin dans une autre ville, de pouvoir espérer vivre pluslongtemps grâce aux progrès de la médecine.Mais Freud compare ce gain de plaisir à celui que l'on peut éprouver une froide nuit d'hiver, à sortir une jambe dedessous la couette, pour le plaisir que l'on peut avoir à la remettre au chaud.

C'est-à-dire que si la technique offreces remèdes, c'est aussi parce qu'elle a au préalable causé le mal! C'est parce qu'il y a le chemin de fer que l'enfantest parti au loin, parce qu'il y a des transatlantiques que l'ami a entrepris ce voyage...

La technique est la fois leremède et le mal, mais nous ne voyons que le remède.Pour ce qui est de l'augmentation de l'espérance de vie, Freud argumente que si la technique nous permet de vivreplus longtemps, en même temps la « Civilisation » (Kultur) nous impose plus de restrictions, de renoncer à certainsplaisirs.

On vit plus longtemps, mais moins heureux!On ne peut même plus dire que la technique est bonne, valorisable, parce qu' elle fait le bonheur de l'homme: elle enfait aussi bien le malheur.Nous avons donc vu que la technique en elle-même ne comporte aucun critère d ‘évaluation: elle n'est qu'unensemble de moyens indifférents à la fin.

Elle demande encore à être évaluée par autre chose.

Le progrèstechnique, loin d' être la seule forme de progrès ou le progrès par excellence, suppose un autre progrès: celui desfins. LE PROGRÈS TECHNIQUE EST-IL MÊME UN PROGRÈS ? En effet, nous avons vu qu'un progrès technique en lui-même ne peut pas être qualifié de progrès: tout dépend dela fin qu'il sert, du sens humain de ce progrès.

Il faut que la fin poursuivie soit bonne pour que ce progrès soit plusqu'une simple prouesse technique, mais un progrès réel de l'humanité.Nous disions plus haut que le progrès technique est la forme la plus visible de progrès, la plus apparente et la plusfacilement mesurable.

Nous pourrions ajouter maintenant que ce n'est un progrès qu'apparent.

Kant, à la fin de laseptième proposition de l'Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, argumente l'idée: « toutbien qui n'est pas greffé sur une intention moralement bonne n'est qu'apparence criante et brillante misère ».

Pourque le progrès technique soit un bien, un progrès, il faut qu' il soit au service du bien, que l'intention qu'il sert soitune intention « moralement bonne ».

C'est-à-dire que, pour que le progrès technique soit un progrès pour leshommes, il faut qu'il y ait eu auparavant un autre progrès dans les hommes eux-mêmes: qu'ils se convertissent enfinau bien.« Nous sommes cultivés au plus haut degré par l'art et par la science.

Nous sommes civilisés, jusqu'à en êtreaccablés, par la politesse et les bienséances sociales de toute sorte.

Mais nous sommes loin de pouvoir nous tenirpour déjà moralisés.

» Le seul vrai progrès pour l'homme serait qu'il cesse de faire le bien par convention, d'agirsimplement conformément au devoir, pour enfin vouloir le bien, et agir par devoir.

Le seul vrai progrès de l'hommeserait donc un progrès moral, un progrès dans la qualité de ses intentions qui demande une conversion intérieure.

Orjustement ce progrès-là, parce que c'est un progrès dans les intentions, est un progrès intérieur, un progrèsinvisible.Nous avons donc vu que le progrès technique, progrès extérieur et simplement apparent, ne sera réellement un. »

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