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La vérité libère-t-elle ?

Publié le 18/10/2005

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Ainsi se sentent-ils coupables de tout, tout en étant incapables d'être responsables de leur propre destin.Selon Nietzsche, platonisme et christianisme ont méprisé le sensible et inventé la fable d'un autre monde : un « arrière-monde». Le paradis ou l'au-delà de la religion, mais également le monde vrai, que la philosophie oppose au monde apparent, ont fait de l'homme un être dépravé, qui préfère ce qui lui fait du mal. Alors que la vie est instinct de croissance, accumulation de forces, l'homme nihiliste s'est mis à adorer la vérité pour mieux haïr la vie.Pour libérer cette volonté malade, la philosophie doit opérer un renversement des valeurs. Une volonté saine est, pour Nietzsche, une volonté de créer, d'engendrer de nouvelles valeurs. La volonté de puissance n'est autre que la puissance d'une volonté libérée du ressentiment et de la crainte. Elle n'est pas un désir d'acquérir la puissance, ce qui serait une volonté d'être satisfait, mais un désir d'acquérir davantage de puissance. « Le bonheur est le sentiment que la puissance croît. » Pour cette raison, l'art constitue le modèle de toute philosophie, car il affirme tous les aspects de l'existence et ne cherche pas à séparer le vrai et l'illusoire, le bien et le mal.

« réalise alors authentiquement dans la joie et l'indépendance.La liberté n'est donc pas la fuite hors de la nature ni la négation du corps, mais bien au contraire la réalisation, danscette nature et selon ses lois, des puissances conjointes du corps et de l'esprit.

Le spinozisme est le contraire d'unascétisme.

Libéré des valeurs transcendantes et objectives, libéré de la peur de la mort et de l'angoissemétaphysique (puisqu'un seul monde est donné, qui est le nôtre), l'homme devient effectivement ce qu'il désire être,et déployant son pouvoir, il accède à la joie.Ce pouvoir, il est clair qu'il dépend de la connaissance adéquate (réflexive et totalisatrice), puisqu'elle seule peutrendre le désir à lui-même et l'homme à sa causalité immanente.

C'est pourquoi la connaissance du troisième genre(qui est la philosophie même) sera la plus haute « vertu » : la vertu, c'est-à-dire la perfection, n'est rien d'autrepour Spinoza que la réalité.

Puissance, réalité, perfection sont identiques.

Or seule la connaissance peut conduire ledésir à sa plus haute réalité et à sa plus haute perfection.

Seule elle est capable de définir, pour chacun, l'« utilepropre », c'est-à-dire un bien qui soit à la fois spécifique et réel : seule, par conséquent, elle peut mener le désir àla plus haute joie, qui est de puissance, d'indépendance et de sérénité.

La liberté n'est rien d'autre.On le voit, elle est fondée sur la réflexion, seule capable de réaliser authentiquement le désir par la cohérence desbuts finaux et des moyens termes.

Et cette liberté réflexive, inséparable d'un authentique pouvoir, a pour contenu lajoie même.C'est pourquoi il n'y a pas de différence entre liberté et béatitude.

La liberté comme joie et perfection souveraineest béatitude parce que, ainsi que le recherchait le Traité de la réforme de l'entendement , elle est permamente etcontinue.

La béatitude est donc, comme liberté et joie, le salut même : c'est la plus haute perfection, la plus hautejoie et la plus solide des réalités.

C'est pourquoi elle est le plus haut contentement de l'esprit et du désir :l'acquiescientia in se ipso , à la fois satisfaction de soi, accord avec soi-même et le monde, et repos actif en soi-même.Cette joie et cette liberté découlent, on l'a vu, de la connaissance du troisième genre, c'est-à-dire d'une « scienceintuitive » et rationnelle qui est la philosophie même.

Elles découlent donc de la connaissance de l'unité de laNature, ou Dieu.

Comme elle est une joie, on peut la considérer comme un amour : l'amour n'est rien d'autre que lajoie accompagnée de l'idée de sa cause.

Le suprême pouvoir et la suprême vertu conduisent à l'« amour intellectuelde Dieu » : relation réflexive au tout de l'Être, qui confère joie et satisfaction, indépendance et liberté.Par-là, la conscience accède à une certaine espèce d'éternité : non pas l'immortalité empirique et imaginative (il n'ya pas d'âme), mais une manière d'être et de vivre selon la vérité des déterminations essentielles, détachée descontingences empiriques liées au temps ordinaire.

Certes, cette « éternité » appartient à l'esprit par essence et parnature.

Cependant, puisqu'au terme du long itinéraire que constitue L'Éthique la conscience accède à une joie et àune permanence qu'elle n'avait jamais éprouvées, tout se passe comme si « l'esprit commençait seulement à être »(Éth.

, V, 31, sc.) et commençait seulement à comprendre les choses sous l'aspect de l'éternité.Il s'agit en fait d'une « seconde naissance » (comme le disait déjà le Court Traité ) : cet amour intellectuel de Dieu,quoique éternel, « a toutes les perfections de l'Amour, comme s'il avait pris naissance » (Éth.

, V, 33, sc.).Il s'agit (puisque Dieu, Nature, Vérité sont identiques) d'une naissance à soi, d'une entrée dans la liberté et la joie,et non pas d'une entrée ou d'un voyage dans un autre monde.

Le langage même de Spinoza oblige à faire cetteprécision : c'est que l'allusion aux valeurs mystiques est seulement destinée à suggérer que l'enjeu existentiel duspinozisme (joie, liberté, repos actif en soi-même) est aussi important que l'enjeu métaphysique des mystiques ; labéatitude éternelle n'a, en fait, qu'un sens recevable et c'est, croyons-nous, le sens spinoziste, purementimmanent, mais suprêmement exigeant, totalement réflexif et totalement existentiel à la fois. La vérité ne contraint jamaisComme le note judicieusement Wilhelm Reich dans La Psychologie de masse du fascisme, «le pouvoir dictatorial faitmauvais ménage avec la vérité (...).

C'est la raison pour laquelle «les faits véridiques ne peuvent être imposés parl'assujettissement, mais seulement par la persuasion». La vérité est une réalité sans lendemainLe désir de connaissance perd, aux yeux de l'enfant, tout son intérêt, dès lors qu'il est supplanté par un obligatoireapprentissage de la vérité, qu'elle soit scientifique, géographique, historique, etc.

Quelle liberté reste-t-il à l'esprit àqui l'on enseigne que 2 + 2 = 4? Il admet, se soumet, et après avoir appris sa leçon ira trouver refuge dans lesrêveries de Prévert. A l'école de la vérité, seule compte la disciplineL'homme de science, tout comme le juge et le philosophe, est triplement contraint.

Il doit se soumettre aux règlesde la raison logique.

Il doit se soumettre aux faits.

Enfin, il doit se soumettre à la règle qui veut que la concordanceentre théorie et expérience soit le seul critère de vérité.L'expérience vient souvent contredire des théories en vigueur.

Ainsi, par exemple, depuis Aristote, on prétendait quela nature avait horreur du vide.

Or, en 1643, des fontainiers de Florence rapportent à Torricelli l'observation étrangequ'ils avaient faite : l'eau ne monte plus dans une pompe aspirante vide au-delà de 10,33 mètres.

Toricelli refit. »

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