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La vie est-elle une propriété physico-chimique de la matière ?

Publié le 18/10/2005

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Ils comprirent que la raison ne perçoit que ce qu'elle produit elle-même d'après ses propres plans, qu'elle doit prendre les devants [...] et forcer la nature à répondre à ses questions [...] car sinon les observations, faites au hasard, sans plan tracé d'avance, ne se rattacheraient pas à une loi nécessaire, ce que la raison pourtant recherche et exige. » Reste à montrer grâce à un exemple pourquoi Bachelard déclare que l'esprit scientifique « juge son passé en le condamnant ». Bachelard affirme : « Il n'y a pas de transition entre le système de Newton et le système d'Einstein. On ne va du premier au second en amassant des connaissances [...]  Il faut au contraire un effort de nouveauté totale. » Pour Bachelard en effet, les idées et connaissances héritées finissent par former une sorte « d'inconscient » scientifique, qui produit l'impression que tel ou tel axiome, tel ou tel concept sont évidents et vont de soi. Or, « Toute vérité nouvelle naît malgré l'évidence, toute expérience nouvelle malgré l'évidence immédiate. » Bachelard se sert de l'exemple de l'idée de simultanéité pour le montrer.

« une mouche, une souris, sont bien de la matière vivante (on ne dira pas, en ce sens, de la vie matérielle).

De plus, àquelque point de vue que l'on se place (théorie de l'évolution, universalité de la structure cellulaire et du codegénétique, etc.), la biologie a toujours mis en évidence l'unité du vivant, de la bactérie à l'homme.Seulement le vivant ne regarde pas la science seule.

D'un point de vue éthique, il apparaît évident que l'on ne peutle traiter comme de la simple matière. Si le caractère sacré attaché à la vie a représenté un obstacle épistémologique (qu'on songe au tabou de ladissection, levé seulement au XVIe siècle), toutes les expérimentations ne sont pas permises en recherchebiologique.L'obstacle épistémologique (l'expression est de G.

Bachelard) est une représentation qui par sa force d'inertie oud'opposition, interdit, retarde ou ralentit le travail scientifique.

Les préjugés de toutes sortes sont des obstaclesépistémologiques. « ...

Devant le réel le plus complexe, si nous étionslivrés à nous-mêmes c'est du côté du pittoresque, dupouvoir évocateur que nous chercherions la connaissance;le monde serait notre représentation.

Par contre si nousétions livrés tout entiers à la société, c'est du côté dugénéral, de l'utile, du convenu que nous chercherions laconnaissance; le monde serait notre convention.

En fait lavérité scientifique est une prédiction, mieux uneprédication.

Nous appelons les esprits à la convergence enannonçant la nouvelle scientifique, en transmettant dumême coup une pensée et une expérience, liant la penséeà l'expérience dans une vérification: le monde scientifiqueest donc notre vérification.

Au-dessus du sujet, au delà del'objet immédiat la science moderne se fonde sur le projet.Dans la pensée scientifique la méditation de l'objet par lesujet prend toujours la forme du projet. [...] Déjà l'observation a besoin d'un corps deprécautions qui conduisent à réfléchir avant de regarder,qui réforment du moins la première vision de sorte que cen'est jamais la première observation qui est la bonne. L'observation scientifique est toujours une observation polémique; elle confirme ou infirme unethèse antérieure. Naturellement dès qu'on passe de l'observation à l'expérimentation, le caractère polémique dela connaissance devient plus net encore.

Alors il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré,coulé dans le moule des instruments...

Or les instruments ne sont que des théories matérialisées.Il en sort des phénomènes qui portent de toute part la marque théorique..

» Gaston BACHELARD Bachelard a contribué à donner à l'épistémologie française ses lettres de noblesse, en particulier en déclarant dès les premières pages de « La formation de l'esprit scientifique » (1938) : « C'est en terme d'obstacle qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique. » Bachelard s ‘est battu contre deux idées fausses portant sur les sciences, répandues dans le public.

D'une part, celle qui veut que le savant arrive pour ainsi dire l'esprit « vierge » devant les phénomènes à étudier, d'autre part celle qui voit le développement des sciences comme une simple accumulation de connaissance, un progrès linéaire. En affirmant cette citation, il souhaite montrer les difficultés inhérentes à l'acte même de connaître.

Les obstacles à une connaissance scientifique ne viennent pas d'abord de la complexité des phénomènes à étudier, maisdes préjugés, des habitude de savoir, des héritages non interrogés.

« Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune.

Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés.

» La première bataille à livrer pour accéder à la connaissance scientifique est donc une bataille contre soi-même,contre le sens commun auquel le savant adhère spontanément.

C'est une bataille contre l'opinion : « L'opinion pense mal, elle ne pense pas, elle traduit des besoins en connaissance.

» Ainsi les travaux de Bachelard peuvent-ils être compris comme une « psychanalyse de la connaissance ». Mais il va plus loin : « En fait on connaît toujours contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit même fait obstacle à la spiritualisation. » Non seulement nous avons à nous défendre des préjugés communs, mais aussi des connaissances scientifiques antérieures.

Bachelard a su se rendre très attentif aux périodes de crise et de révolution scientifique, celles où l'on passe d'une théorie à une autre, d'un système à un autre, d'une méthode à une autre.

Si « La Formation de l'esprit scientifique » est consacrée aux obstacles premiers et naturels de la connaissance. »

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