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La ville apporte-t-elle la liberté ?

Publié le 18/10/2005

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Ce n'est que parce qu'il vit en société que l'homme peut devenir moral, substituer dans sa conduite la justice à l'instinct. Il est donc le produit de l'homme, aussi bien par son éducation que par le système de législation. Et le problème fondamental sera dès lors de trouver une forme de société dans laquelle l'homme puisse préserver sa liberté naturelle et assurer sa sécurité.   Transition :   -         La ville peut donc également contribuer à m'aliéner, puisque je deviens précisément dépendant du confort, de tous les possibles qu'elle m'offre. Le critère de départ : la liberté comme possibilité d'action, ne me détourne-t-il pas de ce qu'est la véritable liberté ?   III.           La liberté peut-elle m'être apportée ?   -         Si on ne définit pas la liberté comme le fait de pouvoir faire quelque chose, mais comme le fait de pouvoir choisir librement ce que l'on veut, ce que l'on est, c'est-à-dire comme liberté de faire des choix qui nous déterminent, la ville et son confort peuvent même être un obstacle à cette liberté. Pour Sartre, l'essence de l'homme se confond avec la liberté. L'existence humaine est sans justification et il appartient à l'homme et à l'homme seul de donner un sens à sa vie.

La ville est une agglomération relativement importante dont les habitants ont des activités professionnelles diversifiées. La ville se définit donc d’une part par la concentration des habitants, d’autre part par certaines activités spécifiques : celles notamment du tertiaire, c'est-à-dire des services, du culturel. Vivre en ville, c'est donc vivre en côtoyant les autres, et bénéficier d’un certain confort. On peut dès lors supposer que la ville m’apporte une certaine liberté, puisqu’elle m’offre un large choix de rencontres, d’activités, et même une certaine autonomie (les transports en communs sont par exemple beaucoup plus développés qu’à la campagne : je peux me déplacer en ville, même si je n’ai pas ma propre voiture).

Mais pour autant, on sait bien que la vie en ville contient également nombre d’inconvénients : dans une maison à la campagne, je suis libre de faire autant de bruit que je veux, tandis qu’en ville, je dois tenir compte de la proximité des autres, ne pas les gêner. La proximité des autres, mais aussi la prolifération des activités peut paraître oppressante, parce qu’elle m’impose un rythme de vie que je suis contraint de suivre. Le problème est donc de savoir si la vie en société et le confort peuvent m’apporter la liberté. Mais on voit bien que la liberté est alors conçue comme pure possibilité d’agir : être libre, est-ce le simple fait de pouvoir faire beaucoup de choses ?

 

« phrase contraint à la replacer dans son contexte, et à comprendre qu'elle inscrit Rousseau dans la lignée du « droit naturel », qui s'inscrit contre les théoriciens du « droit divin ». Dire que « l'homme est né libre » est répondre à une phrase de Bossuet (1627-1704) : « Les hommes naissent tous sujets ».

Bossuet affirmait que cette sujétion de l'homme est naturelle dans un ouvrage dont le titre est un programme et un manifeste : La politique tirée des propres paroles de l'Ecriture sainte ». Depuis le XVI ième, la théorie politique voit s'affronter deux courants ; la théorie du droit divin, voire de la monarchiede droit divin, dont Bossuet est un représentant, et la théorie dite du « droit naturel » à laquelle Rousseau se rallie. La théorie du droit divin se fonde sur un passage de la Bible, et plus précisément sur ce passage de l' « Epîtres aux Romains » de Saint Paul : « Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures, car il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu etcelles qui existent ont ètè instituées par lui.

Ainsi qui résiste à la puissance, résiste à l'ordre de Dieu […].

Il estnécessaire d'être soumis non seulement par crainte, mais encore par l'obligation de conscience ». Toute autorité politique vient de Dieu, et donc qu'il existe aucun droit de résistance face aux autorités en place, quin'ont de compte à rendre qu'à la divinité.

Quel que soit le régime, on lui doit une obéissance inconditionnelle. Ce courant s'est vu concurrencé par un autre, (né avec la Réforme de Luther et la contestation des autorités politiques et religieuses), qui affirme, comme le fera Rousseau , que l'homme est naturellement libre, qu'il a naturellement droit de se gouverner lui-même, de décider lui-même ses actions.

La conséquence majeure est que lepouvoir, l'Etat, l'autorité, sont donc des créations volontaires, artificielles, des hommes.

Rousseau et ses prédécesseurs admettent que l'homme est naturellement libre et indépendant, et donc que les hommes décidentvolontairement, et dans un but précis, de se soumettre à une autorité commune qu'ils ont eux-mêmes créée. Un auteur partisan du droit divin, Ramsay (1686-1743), décrit les principes de ses adversaires et les points sur lesquels portent le désaccord des deux courants : « Rien n'est plus faux que cette idée des amateurs d'indépendance que toute autorité réside originairement dans lepeuple, et qu'elle vient de la cession que chacun fait, à un ou plusieurs magistrats de son droit inhérent à segouverner soi-même.

Cette idée n'est fondée que sur la fausse supposition que chaque homme est né pour soi, horsde toute société, est le seul objet de ses soins et sa règle à lui-même ; qu'il naît absolument son maître, et libre dese gouverner comme il veut. » Ce qu'admet l'école du droit naturel, et que rejettent les partisans du droit divin, ce sont toutes les conséquencesde « L'homme est né libre » : chaque homme étant libre et indépendant des autres, mu par son propre intérêt, touteautorité s'exerçant sur un groupe d'hommes a été créée par eux volontairement, et donc le pouvoir résideoriginairement en chacun de nous ; dans le peuple.

On retrouve ici les fondements de notre démocratie. Mais reste à expliquer comment il peut se faire que, naturellement libre, l'homme soit « partout dans les fers ». Rousseau poursuit : « Comment ce changement s'est-il fait ? Je l'ignore.

Qu'est-ce qui peut le rendre légitime ? Je crois pouvoir résoudre cette question.

» L'effort théorique de Rousseau et de ses prédécesseurs ne consiste pas à rechercher comment, historiquement, les hommes ont pu devenir esclaves ou asservis.

La question n'est pas une question de fait à trancher rationnellement ;qu'est-ce qu'une autorité légitime ? Qu'a-t-on le droit d'exiger de moi ? Si je suis naturellement libre, à qui ai-jepromis d'obéir, dans quel but, dans quelle limite ? Si l'on arrive à ce paradoxe d'un homme libre vivant dans les fers, si l'on voit un ordre social injuste, ou des guerresciviles, c'est que les fondements politiques ne sont pas assurés, c'est qu'on a construit des Etats sur du sable ou dela boue.

On ne peut donc s'appuyer sur la pratique des hommes pour savoir quelle est la forme légitime de l'Etat, carcomme le déclare Hobbes dans le « Léviathan », un siècle avent le « Contrat social » : « De toute manière, un argument tiré de la pratique des hommes est sans valeur […] En effet, même si en tous lesendroits du monde les hommes établissaient sur le sable les fondations de leurs maisons, on ne pourrait inférer de làqu'il doit en être ainsi.

L'art d'établir et de maintenir les républiques repose, comme l'arithmétique et la géométrie,sur des règles déterminées ; et non comme le jeu de paume sur la seule pratique. » Il s'agit de droit et non de fait. En réalité, ce que tentent Hobbes puis Locke et Rousseau dans l'ordre de la politique, est semblable à ce qu'a tenté Descartes dans l'ordre de la métaphysique : jeter les fondements d'une science, quitte à contester toute la tradition, et à récuser l'histoire. « L'homme est né libre et partout il est dans les fers », ce paradoxe exige que l'on sache comment le passage de la liberté naturelle à l'obéissance politique est légitime.

Résoudre ce problème consiste à discerner ce que veutvraiment l'homme, en vivant en société, qu'il en ait clairement conscience ou pas.

Il faut déterminer pourquoi nous,qui avons naturellement le droit de décider de nos propres actions, acceptons d'obéir à des lois communes, à un. »

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