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La violence est-elle toujours destructrice ?

Publié le 17/01/2022

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Car la violence, de moyen, peut se faire fin.A. Thèse: la violence est toujours destructriceDe par sa définition même, la violence semble toujours vouée à une oeuvre de mort et de destruction, car elle se dessine et se délimite, de prime abord, à partir de son opposition à la raison productrice de vérité et de sens. Il y a dans la violence- à l'opposé de la force, qui se révèle énergie constructrice et fort différente de toute faiblesse - une impatience dans le rapport à autrui. Désespérant d'avoir raison par raison, la violence est l'énergie du désespoir. Choisissant le moyen extrême pour forcer l'adhésion, elle détruit la rationalité, la communication réglée et le cours normal de la relation intersubjective. Elle donne naissance au monde de la terreur, de la raison du plus fort, à l'écart de toute valeur profonde. Il y a en elle de la démesure, de l'ubris, de l'illimitation: elle bafoue la rationalité et la justice. Réduite à elle-même, la violence est mort, anéantissement, destruction : ainsi, le totalitarisme nazi se construit sur la violence et conduit à la destruction des livres, monstrueusement brûlés par autodafé, mais aussi à la mort des écrivains ou de groupes sociaux, à la destruction méthodique d'un groupe ethnique, à l'atteinte à l'intégrité des personnes, acculées au suicide. Walter Benjamin (1892-1940), philosophe juif, se suicide, en 1940, pris dans la violence nazie, à la frontière espagnole, où on lui refuse le passage.

La violence doit être tout d’abord distinguée de la force. La force s’exerce en effet dans le respect des normes des conventions et de la légalité. La violence, elle, est instinctive et passionnelle par nature, elle épouvante massacre égorge et supplicie, elle bouleverse tout dans la confusion. Une image disciplinée est l’image typique de la force, une masse soulevée et tumultueuse est celle de la violence.
Difficile dés lors d’envisager une société qui laisserait s’exprimer la violence sans que cette société risque à tout moment de se dissoudre. La violence a le caractère du chaos absolu, d’imprévisibilité totale, elle est l’avatar de l’arbitraire, de l’injuste et du désordre.
La violence semble pourtant constitutive sinon de la nature du moins de la condition humaine. Doit-on tenter de la supprimer intégralement ou a-t-elle un rôle à jouer dans l’existence humaine. Le fait qu’il y ait violence dans les rapports humains, est-ce le signe qu’elle est constitutive de la nature, ou est-ce à chaque fois l’expression d’une tendance destructrice et nocive à l’humanité ?

« B.

Antithèse : la violence, médiation fréquente de la raison et de la justice, n'est plus alors destructrice. Comment, en effet, ne pas souligner l'existence d'une violence conçue comme moyen nécessaire d'une politiquerationnelle, violence édificatrice et non pas à base de mort et d'anéantissement? Un certain marxisme - et non pastoutes les formes de doctrines marxistes - a souligné, dans la perspective de la lutte des classes, qu'une violencerévolutionnaire peut accoucher de nouvelles formes sociales.

Quand une classe sociale veut s'émanciper, se libérerdes structures périmées, elle détruit nécessairement les formes politiques mortes.

Elle veut construire du neuf: laviolence est donc alors féconde et positive.

On peut prendre l'exemple de la Révolution française qui édifia larépublique moderne et l'État de droit, et ce à travers la violence de la Terreur.

Robespierre ne fut pas ce dictateursanguinaire peint par la propagande thermidorienne, mais celui qui tenta d'instaurer un idéal de démocratie éthique.La terreur sans la vertu est impuissance, disait, à peu près, l'Incorruptible.

Ce qui montre bien qu'il est une violenceconstructive.

L'emploi quasi illimité de la puissance est donc bien ici édificateur.

La violence est alors le moyen de laraison et de la justice, ainsi que nous le signalent, d'ailleurs, les multiples guerres de libération destinées às'affranchir d'une violence destructrice.

La violence de la guerre est ainsi édificatrice du droit, comme nous leprouve la guerre menée par les adversaires de l'Allemagne nazie, jusqu'à la victoire de 1945.

Ici la violence n'est pasla solution du désespoir, mais la violence destinée à faire ressurgir le droit.

Elle n'est pas signe de faiblesse, mais deforce.

Alors l'esprit se réveille : il se fait puissance dynamique destinée à rétablir la justice humiliée.TransitionToutefois, ne nous faut-il pas réunifier au sein d'une synthèse compréhensive la violence de mort et la violence devie? C.

Synthèse : la dialectique des contraires, inhérente à la violence, permet de comprendre qu'elle soitsimultanément destructrice et créatrice. Pour mieux répondre à la question posée, ne faut-il pas s'interroger sur les sources de la violence et sur les causesprofondes qui l'engendrent? Ici, les analyses de Hegel peuvent sans doute nous éclairer: la violence ne secomprend-elle pas, sur le plan philosophique, à partir du mouvement des consciences de soi opposées? Nous savons- Hegel nous l'a montré - qu'une interrelation de violence engendre le processus historique : la lutte à mort desconsciences en vue de la reconnaissance est simultanément destructrice et créatrice.

La conscience se créepositivement à travers la lutte violente pour la reconnaissance.

La vie commune des hommes, dans ce qu'elle a depositif, sort ainsi de la violence négatrice.

Le rapport (négatif) du maître et du serviteur crée la société (positive).Mais il faut aller plus loin : la violence exprime la dialectique de l'univers mobile et changeant.

Qu'est cettedialectique, sinon le processus de choses s'enrichissant par contradictions surmontées, par intégration de la thèse(affirmation) et de l'antithèse (négation) dans la synthèse? Donc la violence exprime la dialectique des contraires etil n'est pas étonnant qu'elle soit à la fois créatrice et destructrice: c'est la dialectique qui permet de comprendrel'ambiguïté de la violence, cette expression des contradictions immanentes à l'histoire. Conclusion. La violence n'est pas toujours signe de faiblesse, elle est aussi signe de force et de puissance créatrice.

Donc nouspouvons répondre négativement à la question posée et noter qu'il est une violence édificatrice.

Il faut intégrer dansla rationalité (positive) la démesure de la violence (négative).. »

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