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L'âme est-elle prisonnière du corps ?

Publié le 30/01/2004

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Le matérialisme comme le spiritualisme classiques ont posé le problème des rapports de l'âme et du corps en termes cartésiens. dans l'espace. Dans ces conditions, il est évidemment impossible aussi bien de comprendre les rapports de l'âme et du corps que de les réduire l'un à l'autre. Je ne comprends par les rapports de l'âme et du corps tant que je considère le corps comme un simple objet dans l'espace que je puis voir, toucher, explorer par des méthodes scientifiques. Mais ce corps purement spatial, ce corps-objet, ce n'est pas mon corps, c'est le corps d'autrui ou bien le cadavre que les étudiants dissèquent. En fait mon propre corps n'est pas connu comme un objet, mais j'éprouve de l'intérieur sa présence vivante. Mon corps n'est vraiment objet pour moi que dans les miroirs. Et, comme dit à la fois plaisamment et très profondément M. Ruyer, « si les miroirs n'existaient pas, nous serions beaucoup moins portés à tomber dans l'illusion de la dualité corps-esprit ». Dans le miroir j'ai un corps.

 

On admet volontiers que l’âme et le corps entretiennent une relation conflictuelle : le corps, siège des passions, des désirs, tend à détourner l’âme de la connaissance. Ainsi l’étude est souvent pénible parce qu’elle exclut toute forme de plaisir sensible. Mais doit-on pour autant affirmer que le corps est la prison de l’âme de sorte que si l’âme en était détachée, elle serait plus libre ? Que serions-nous sans corps ? L’âme et le corps entretiennent-ils exclusivement des rapports de force ou bien peuvent-ils co-exister pacifiquement ?

 

« suivante : « L'esprit de l'homme est tellement situé entre Dieu et les corps qu'il ne peut quitter les corps sanss'approcher de Dieu, de même qu'il ne peut courir après eux sans s'éloigner de Lui.

» Bien vite on arriverait, danscette direction, à proposer une morale ascétique pour laquelle âme est synonyme de bien, corps synonyme de mal.On retrouverait l'inspiration platonicienne (elle-même empruntée aux sectes pythagoriciennes mystiques).

L'union del'âme et du corps ne serait pas naturelle, ce serait un accident, une chute, la punition d'une faute.

Le corpsne serait pour l'âme qu'un tombeau (soma = sêma), qu'une prison que l'âme aspire à quitter.

Une telle conceptionest profondément antihumaniste.

Elle brise l'unité de l'homme, prétend que l'homme ne s'élèvera qu'en renonçant àce qui est en fait une partie intégrante de lui-même.

Elle est responsable des pires erreurs morales : le mépris del'hygiène, la mortification de la chair, parfois la haine de la vie (la mort seule délivre l'âme de ce corps qui la trahit etl'obscurcit). IV.

A l'opposé du dualisme, nous trouvons le monisme matérialiste.

Dans l'Antiquité, Épicure avait soutenu que l'âmeétait matérielle, composée d'atomes.

Mais c'est surtout depuis le XVIII siècle que le matérialisme a trouvé desdéfenseurs, par exemple au XVIII siècle Diderot, Helvetius ou d'Holbach qui disait : « c'est le corps qui pense et quijuge, qui souffre et qui jouit.

» Au XIX siècle, pour Karl Marx ce n'est pas seulement le cerveau, mais c'est l'organisation matérielle de la société tout entière qui se manifeste (et enmême temps se dissimule) dans la pensée juridique, philosophique, religieuse.Mais nous nous bornerons en ce chapitre au seul problème des rapports ducerveau et de la conscience.V.

Certes les matérialistes ont pu montrer que le cerveau était une conditionnécessaire à l'exercice de la pensée, mais cela ne veut pas dire qu'il est lacause de la pensée elle-même.

Les spiritualistes avec Bergson (Matière etMémoire) objectent qu'on ne voit pas comment un fragment d'espaceproduirait la pensée immatérielle, tout intérieure, et qui se vit dans la durée.Si vous pouviez; disait déjà Leibniz, vous promener dans un cerveau commedans un moulin, vous ne verriez partout que des dispositifs pour transmettredes mouvements et rien d'autre.

Aujourd'hui certaines machines électroniquesparviennent à imiter la complexité du cerveau humain et peuvent produire descalculs, un comportement d'automates.

Ce qu'une machine matérielle neproduit pas c'est la conscience, la pensée.

Supposez un mécanisme mille foisplus compliqué, qui exécute les mouvements adaptés les plus étonnants, iln'en sortira pas pour cela la moindre pensée.

Voilà l'objection fondamentaledes spiritualistes et qui, de la façon du moins dont le problème est posé,paraît solide. VI.

Cependant, il n'est pas sûr que le problème soit ainsi très bien posé.

Lematérialisme comme le spiritualisme classiques ont posé le problème desrapports de l'âme et du corps en termes cartésiens.

dans l'espace.

Dans ces conditions, il est évidemmentimpossible aussi bien de comprendre les rapports de l'âme et du corps que de les réduire l'un à l'autre.

Je necomprends par les rapports de l'âme et du corps tant que je considère le corps comme un simple objet dans l'espaceque je puis voir, toucher, explorer par des méthodes scientifiques.

Mais ce corps purement spatial, ce corps-objet,ce n'est pas mon corps, c'est le corps d'autrui ou bien le cadavre que les étudiants dissèquent.

En fait mon proprecorps n'est pas connu comme un objet, mais j'éprouve de l'intérieur sa présence vivante.

Mon corps n'est vraimentobjet pour moi que dans les miroirs.

Et, comme dit à la fois plaisamment et très profondément M.

Ruyer, « si lesmiroirs n'existaient pas, nous serions beaucoup moins portés à tomber dans l'illusion de la dualité corps-esprit ».Dans le miroir j'ai un corps.

Mais quand j'éprouve de l'intérieur la présence de mon corps, je suis mon corps (le corps,pour parler comme Gabriel Marcel, ne m'est plus extérieur comme un avoir, il est mon être même).

Au corps su (de lascience), au corps vu (d'autrui ou du miroir), Valéry oppose le corps-vécu qui est sujet plus qu'objet et qui « nousappartient un peu moins que nous ne lui appartenons ».

Dans cette perspective, le problème des rapports de l'âmeet du corps pourrait être fructueusement reposé car il ne serait plus le rapport inintelligible de moi-même avec unobjet étranger. « L'âme ne raisonne jamais mieux que quand [...] elle s'isole le plus complètement en elle-même, en envoyantpromener le corps et qu'elle rompt, autant qu'elle peut, tout commerce et tout contact avec lui pour essayer desaisir le réel.

» Platon, Phédon, ive s.

av.

J.-C. « Ce moi, c'est-à-dire l'âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et mêmequ'elle est plus aisée à connaître que lui, et qu'encore qu'il ne fût point, elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle. »

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