Devoir de Philosophie

L'amour est-il impossible ?

Publié le 24/02/2004

Extrait du document

amour

Et cette captivité doit être démission libre et enchaînée à la fois entre nos mains. Ce n'est pas le déterminisme passionnel que nous désirons chez autrui, dans l'amour, ni une liberté hors d'atteinte, mais c'est une liberté qui joue le déterminisme passionnel et qui se prend à son jeu. SARTRE. "Aimer, est-ce vouloir priver l'autre de sa liberté ?" On reproche souvent à l'amour d'être possessif, tout en pensant le plus souvent que cette possessivité est la conséquence des sentiments des amants. Ainsi dira-t-on d'un amour qui n'est pas jaloux qu'il n'est pas non plus sincère. En effet, la relation amoureuse ne se réduit pas au simple effet d'un sentiment réciproque, mais elle implique aussi une certaine forme d'exclusivité. Si l'on se demande alors ce que chacun attend de l'autre, on ne viendra peut être à dire qu'aimer, c'est exiger de l'aimé qu'il renonce à sa liberté. Mais c'est aussi exiger qu'il le fasse librement. Ces contradictions sont l'objet de la réflexion de Sartre.

L'amour est source de peines et de frustrations. L'idée d'une fusion parfaite avec autrui est un fantasme de domination. Car, la volonté de l'autre m'échappe sans cesse. Mais, grâce au nécessaire sentiment amoureux, l'homme peut entre voir l'Absolu? C'est en aimant que l'on donne le meilleur de soi-même Sans amour, la vie vaudrait-elle la peine d'être vécue ?

  • I) L'amour est impossible.

a) L'amour n'est pas le bonheur. b) L'amour est un fantasme. c) L'amour est une domination.

  • II) L'amour est possible.

a) Amour et Absolu. b) Amour et renoncement c) Amour et Elan vital.

.../...

amour

« Il arrive qu'un asservissement total de l'être aimé tue l'amour del'amant.

Le but est dépassé : l'amant se retrouve seul si l'aimés'est transformé en automate.

Ainsi l'amant ne désire t il pasposséder l'aimé comme on possède une chose ; il réclame untype spécial d'appropriation.

Il veut posséder une liberté commeliberté.Mais, d'autre part, il ne saurait se satisfaire de cette formeéminente de la liberté qu'est l'engagement libre et volontaire.

Quise contenterait d'un amour qui se donnerait comme pure fidélitéà la foi jurée ? Qui donc accepterait de s'entendre dire : « je vousaime parce que je me suis librement engagé à vous aimer et queje ne veux pas me dédire ; je vous aime par fidélité à moi même» ? Ainsi l'amant demande le serment et s'irrite du serment.

Ilveut être aimé par une liberté et réclame que cette libertécomme liberté ne soit plus libre.

Il veut à la fois que la liberté del'Autre se détermine elle même à devenir amour et cela, nonpoint seulement au commencement de l'aventure mais à chaqueinstant et, à la fois, que cette liberté soit captivée par elle même,qu'elle se retourne sur elle même, comme dans la folie, commedans le rêve, pour vouloir sa captivité.

Et cette captivité doit êtredémission libre et enchaînée à la fois entre nos mains.

Ce n'estpas le déterminisme passionnel que nous désirons chez autrui, dans l'amour, ni une liberté hors d'atteinte, mais c'est une liberté qui joue le déterminismepassionnel et qui se prend à son jeu.

SARTRE. "Aimer, est-ce vouloir priver l'autre de sa liberté ?" On reproche souvent à l'amour d'être possessif, tout enpensant le plus souvent que cette possessivité est la conséquence des sentiments des amants.

Ainsi dira-t-on d'un amour qui n'est pas jaloux qu'il n'est pas non plus sincère.

En effet, la relation amoureuse ne se réduitpas au simple effet d'un sentiment réciproque, mais elle implique aussi une certaine forme d'exclusivité.

Si l'onse demande alors ce que chacun attend de l'autre, on ne viendra peut être à dire qu'aimer, c'est exiger del'aimé qu'il renonce à sa liberté.

Mais c'est aussi exiger qu'il le fasse librement. Ces contradictions sont l'objet de la réflexion de Sartre.

Il faut bien faire attention à ce que son point de vuen'est pas celui d'un moraliste, cad qu'il ne veut pas dénoncer les attitudes égoïstes des amants, à la manièred'un LaRoche Foucault ou d'un Pascal, ni énoncer des normes de conduite universelles en amour.

Il ne s'agitpas non plus d'une simple description psychologique qui révélerait par induction la nature humaine -rien nesaurait être plus éloigné de la pensée sartrienne qu'un tel projet.

L'examen des relations amoureuses estl'occasion, voire le prétexte de réfléchir au fait que l'homme est liberté, et c'est cette liberté de la consciencequi est le véritable enjeu de l'amour. Aimer implique vouloir être aimé.

On pourrait donc penser logiquement que l'amour donné augmente àproportion de l'amour reçu.

Or, la réalité est loin d'être aussi simple.

Au contraire même, il semble que l'amourdiminue souvent lorsqu'il est définitivement assuré d'être payé de retour.

« Il arrive qu'un asservissement totalde l'être aimé tue l'amour de l'amant », écrit Jean-Paul Sartre.

Remarquons le « il arrive que » : Sartre neprétend pas ici énoncer une loi générale, mais seulement réfléchir à propos d'une expérience paradoxale, etsuffisamment fréquente pour être prise en considération.

C'est pour cette même raison que durant tout letexte l'amant et l'aimé – deux points de vue différents sur la relation amoureuse – seront désignés aumasculin.

N'y voyons certes pas une allusion à l'homosexualité, mais beaucoup plus sûrement le refus deSartre de se demander quelles sont les différences entre les psychologies masculine et féminine.

Il ne s'agitpas ici de prétendre étudier la nature humaine pour se donner le droit de restreindre le champ des possibilités,mais de partir de l'exemple des relations amoureuses pour réfléchir sur la liberté.Car c'est bien de liberté qu'il est question dans ce type de désaffection entraîné par l'asservissement excessifde la personne aimée.

« Le but est dépassé » : le but, c'est-à-dire posséder l'autre d'une certaine façon.Ainsi la désaffection révèle ce que l'amant désirait vraiment : non pas transformer l'autre en automate, nonpas le posséder comme une chose dont on peut disposer à volonté et dont la seule résistance est celle de lamatière, mais « posséder une liberté comme liberté ».

Une liberté, c'est-à-dire un être conscient qui estcapable de surprendre, qui échappe à celui qui l'aime même quand celui-ci le « possède », qui peut résisterparfois, ou parfois aussi qui se réjouit de céder, et surtout un être qui peut aimer, car on ne peut appeler «amour » un sentiment qui ne serait pas libre.

Vouloir l'amour d'autrui, c'est donc vouloir une décision libre.Mais cette liberté dont il est question est celle « de l'engagement libre et volontaire ».

Or, telle est lacontradiction de l'amour : cet engagement exigé n'est pas non plus ce que désirait l'amant.

« Qui secontenterait d'un amour qui se donnerait comme pure fidélité à la foi jurée ? » Cette question qui contient saréponse signifie que la forme pure de la liberté, par laquelle le libre arbitre se détermine sans autre raison qued'affirmer sa propre liberté, est étrangère à l'amour, qui pourtant l'exige.

La fidélité est à ce propos une vertuà double tranchant.

Comme toute vertu, elle suppose une décision volontaire, ce qui suppose en même tempsque l'infidélité est une possibilité, voire une tentation.

« Ainsi l'amant demande le serment et s'irrite duserment ».

Il faut que l'aimé soit fidèle, mais il faudrait aussi que la question ne se pose pas, mais il faut bienaussi qu'elle se pose sinon il n'y a plus d'engagement.Pour illustrer cette démonstration, on peut faire remarquer les contradictions et les complexités de la notion. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles