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LANGAGE ET ANIMALITE

Publié le 11/03/2015

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langage

Dans Vie et moeurs des abeilles, Karl Von Frisch montre que les

abeilles disposent d'un système de signes différenciés leur permettant

d'indiquer la distance et la direction d'un gisement de pollen. Les

éclaireuses ayant découvert un lieu de butinage, rentrent à la ruche et

se livrent à deux sortes de danse. L'une se fait en cercle et annonce que

l'emplacement de la nourriture doit être cherché à une faible distance

dans un rayon de cent mètres environ de la ruche.L'autre que l' abeille

accomplit en frétillant et en décrivant des huit indique que le point est

situé à une distance supérieure, au-delà de cent mètres et jusqu'à six

kilomètres. Le rythme de la danse frétillante est plus ou moins lent selon

l'éloignement du point et son allure comporte aussi des indications de

direction. Il y a donc bien, chez les abeilles, une correspondance

«conventionnelle« entre le «comportement« et les «données« (distance,

direction) qu'il traduit, donc une certaine «capacité de formuler et

d'interpréter un signe qui renvoie à une certaine réa!ité 1«.

les singes ont-ils les mêmes aptitudes

linguistiques que l'homme ?

Des spécialistes de psychologie animale ont cherché à évaluer les

aptitudes des singes à utiliser un langage comme le nôtre. Des expériences

ont été menées par les Gardner avec leur femelle chimpanzé,

Washoe, par D. Premack avec Sarah. Les organes phonatoires des

singes ne leur permettant pas d'émettre des sons articulés, ils ont eu

recours à des codes de communication visuels. Washoe «parlait« en faisant

des gestes adaptés du langage des sourds-muets américains. Sarah

utilisait des jetons de couleurs et de formes variées qu'elle plaçait verticalement

sur une ardoise aimantée.

langage

« Le langage et l'animal te entièrement dans la danse, sans intervention d'un appareil "vocal", alors qu'il n'y a pas de langage sans voix».

D'autre part, les abeilles ignorent le dialogue qui est la condition du langage humain: «Le mes­ sage des abeilles n'appelle aucune réponse de l'entourage, sinon une certaine conduite qui n'est pas une réponse.» Une autre différence capitale est que la communication des abeilles ne se fait toujours qu'en référence à une donnée objective.

L'abeille n'est pas capable de bâtir un message à partir d'un autre message.

Or l'homme peut communi­ quer sur l'expérience vécue et sur le message lui-même : «le caractè­ re du langage est de procurer un substitut de l'expérience apte à être transmis sans fin dans le temps et l'espace 1.» Si nous considérons le contenu du message de l'abeille, nous consta­ tons qu'il se rapporte toujours à une seule donnée, la nourriture.

Le contraste est évident avec les contenus du langage humain qui varient de manière illimitée et s'adaptent à toutes les situations.

La dernière différence est que le message des abeilles est inarticulé, indécompo­ sable.

Or le langage humain est, comme l'a souligné le linguiste André Martinet, un système de signes doublement articulés en unités signi­ ficatives («les morphèmes») et en unités distinctives de son («les pho­ nèmes»).

Ainsi, la phrase : «Pierre/boit/de/la/bière» comprend cinq morphèmes.

Pierre et bière se différencient par les phonèmes p (son sourd) eth (son sonore).

L'avantage de cette double articulation est considérable.

Imaginons, en effet, un mode de communication où à chaque situation déterminée correspondrait un cri particulier : les situa­ tions que les hommes vivent sont si nombreuses qu'il faudrait forger des millions de signes différents.

Or quelques milliers d'unités signi­ fiantes et quelques dizaines d'unités phoniques largement combinables suffisent à tout exprimer et de manière plus satisfaisante que des mil­ lions de cris inarticulés.

Le message des abeilles est indécomposable en éléments qui s 'arti­ culent ainsi à un double niveau.

Les seules variantes qu'on y trouve sont relatives «à la position spatiale de l'objet relaté».

L'analyse de ces différences amène Benveniste à conclure qu'on ne peut pas parler de langage des abeilles.

Les différentes manières de voler de l'abeille ne sont que des signaux.

3 Le signal est un fait physique Le signal est défini par Benveniste comme «un fait physique relié à un autre fait physique par un rapport naturel ou conventionnel».

Ainsi, par exemple, un cri annonçant un danger.

On dit souvent que le 1.

Émile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, col!ection Tel, Gallimanl.

17. »

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