LANGAGE ET HUMANITE
Publié le 11/03/2015
Extrait du document

Tout homme s'éveille donc à la pensée par le langage. Mais tout
homme trouve aussi, en naissant, un langage tout fait, une situation, dont
il ne pense pas d'emblée à se détacher parce que c'est ce avec quoi et
à partir de quoi il peut sentir, exprimer, penser et agir. Il commence alors
par parler avec les mots et selon des concepts qui ont été élaborés
avant lui. Le discours qu'il tient n'est pas le sien mais celui de ses
maîtres, celui de la communauté. La reprise est de règle et nul n'y
échappe. Et c'est aussi dans ce même langage qu'il va s'opposer au
monde qui lui est ainsi révélé. Il critique, mais sa critique est toute modelée
par le langage de ce monde qu'il critique.
Le langage est un moyen d'expression de nos pensées, de nos sentiments,
de nos émotions. Le va-et-vient de la parole suggère un échange
et donc l'interaction entre des individus. C'est pourquoi on a coutume
de définir métaphoriquement le langage comme un instrument ou
un outil spécifique à l'homme, dont la fonction essentielle est celle de
communication. Mais si une telle définition attire très utilement l'attention
sur ce qui distingue le langage de beaucoup d'autres institutions,
elle ne va pas sans poser de problèmes. En effet, parler d'instrument
ou d'outil, c'est considérer le langage comme une invention comme
celle, par exemple, de la roue, c'est mettre en opposition l'homme et
la nature. Or ainsi que le fait remarquer le linguiste contemporain
Émile Benveniste, le langage est dans la nature de l'homme qui ne l'a
pas fabriqué: «Nous n'atteignons jamais l'homme séparé du langage
et nous ne le voyons jamais l'inventant. Nous n'atteignons jamais
l'homme réduit à lui-même et s'ingéniant à concevoir l'existence de
l'homme.

«
Le langage et l'homme
mots, un chant inimitable, né de l'homme mais aussi du monde, un chant
qu'il était le seul à chanter et dont nous retrouvons encore quelques
échos dans toute parole passionnée.
Mais comment et pourquoi est-on
passé de là au langage articulé? Comment est-on passé du symbole au
signe? Dire que cette mélodie primitive s'est peu à peu transformée
par l 'intel\ection, l'analyse de ses éléments et leur recombinaison,
n'avance à rien.
On ne comprend toujours pas pourquoi et comment le
langages 'est constitué et a acquis une autonomie qui confère à l 'homrne
une puissance réelle sur le monde des choses.
2 Le langage n'est pas un outil
Le langage est un moyen d'expression de nos pensées, de nos sen
timents, de nos émotions.
Le va-et-vient de la parole suggère un échan
ge et donc l'interaction entre des individus.
C'est pourquoi on a cou
tume de définir métaphoriquement
le langage comme un instrument ou
un outil spécifique à l'homme, dont la fonction essentielle est celle de
communication.
Mais
si une telle définition attire très utilement l'atten
tion sur ce qui distingue
le langage de beaucoup d'autres institutions,
elle ne va pas sans poser de problèmes.
En effet, parler d'instrument
ou d'outil, c'est considérer le langage comme une invention comme
celle, par exemple, de la roue, c'est mettre en opposition l'homme et
la nature.
Or ainsi que le fait remarquer le linguiste contemporain
Émile Benveniste, le langage est dans la nature de l'homme qui ne l'a
pas fabriqué: «Nous n'atteignons jamais l'homme séparé du langage
et nous ne le voyons jamais l'inventant.
Nous n'atteignons jamais
l'homme réduit à lui-même et s'ingéniant à concevoir l'existence de
l'homme.
C'est un homme parlant que nous trouvons dans le monde, un homme parlant à d'autres hommes, et le langage enseigne la défi
nition même de
l'homme 1.» Le langage n'est donc ni un outil, ni une
simple faculté qui s'ajouterait aux fonctions animales, il est l'essence
de l'homme.
2 le langage enveloppe la vie de l'homme
L'homme est comme situé à! 'intérieur du langage qui le fait être
ce qu'il est et dont il ne peut sortir.
L'homme naît du langage.
Le premier monde de l'enfant
n'est pas
un monde de choses mais un monde de signes.
Il connaît d'abord des
signes avant de connaître des choses,
il en use avant de les comprendre:
«L'enfant pleure et crie sans vouloir d'abord signifier; mais il est
l.
Émile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Gallimard, 1966.
9.
»
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