Langage et média
Publié le 13/10/2019
Extrait du document
On connait la thèse de MacLuhan : ce n'est pas ce que disent les media (contenu, message) qui importe, mais le moyen (medium technique) employé pour le dire. Ainsi cet auteur remarque que la même information peut avoir des effets différents selon le medium qui en assure la transmission; les moyens de diffusion et de communication déterminent les modes d'agir, de penser, de sentir d'une société. Les media, par l'usage d'une technologie particulière, vont réorganiser différemment l'ensemble du système de perception des hommes. Ces réflexions se condensent dans une formule célèbre de l'ouvrage de 1964 Pour comprendre les media (MacLuhan) : \"Le message c'est le medium\". Si on voulait préciser la nature
que le système technique doit sa signification. La transcendance de l'esprit sur ses outils s'exprime dans le cas des media par la singularité que c'est dans un espace-temps toujours plus dilaté qu'ils diffusent \"l'énergie spirituelle\" (Bergson).
II. Langage = media = langage ?
Ces définitions du langage puis des media, que nous venons d'esquisser, nous amènent à l'interrogation suivante : le langage n'est-il pas déjà lui-même un medium et les media ne s'inscrivent-ils pas à leur tour dans le cadre du langage ?
Il est évident que le langage est l'outil de la pensée. La langage est par conséquent le medium permettant la communication entre les individus; mais aussi entre l'individu et son groupe d'appanenance. Ainsi l'expérience d'Allport sur les rumeurs, datant de 1948 (Psychologie de la rumeur ), prouve que les déformations, subies par une histoire transmise oralement d'individu à individu, ont principalement pour cause les préjugés et les habitudes mentales du groupe. La rumeur est conservatrice des convictions sociales et par sa parole chaque individu répète, à son insu, son éloignement à la vérité et son adhésion à la communauté.
Le langage médiatise le rapport de l'homme à la pensée, le rapport de l'homme aux autres hommes; on pourrait ajouter que notre rapport au réel se fait aussi par la médiation du langage; se représenter la réalité, lors même que celle-ci est soustraite à notre regard, est bien la fonction principale du langage; techniques de cette technique première, les media réalisent une présentification du réel toujours plus efficiente. Mais qui dit médiation dit intermédiaire; la parole sépare l'homme de lui-même, des autres hommes et de la réalité ontologique. Les media en inaugurant une seconde distanciation, accentuent peut-être la division dont le mythe biblique nous parle à propos de la construction de la tour de Babel.
Que les media soient un langage peut parattre à première vue moins facilement défendable. Cela pose le problème de l'origine de l'information. Une machine ne peut que conserver ou transmettre l'information et encore y a-t-il toiujours une usure du système. L'instrument ne peut ni créer, ni augmenter la qualité de l'information; il s'agit donc pour les media d'une action quantitative (diffuser le message à l'échelle industrielle).
«
même
nature que la diffusion de la parole vers une tr� large audience.
R�uire
l'intervention des media à \Ble affaire de quantit� c'est prendre le risque de masquer
tout ce que l'intercession d'un medium peut avoir de s�cifique.
-Techniques
util� à titre de moyens par le langage des hommes, on peut aussi se demander si
les media ne deviennent pas une fin en eux-memes : porteurs de signification, ils
seraient à leur tour le langage des soci�� modernes-.
On sait que MacLuhan est à
l'�coute de leur message ap�s avoir d�ni� toute valeur d'information au contenu
transmis par ces "machines à communiquer".
1.
Définition des termes
D �fmisso ns pœalablement les termes.
Le langage nous apparatt comme transmission d'informations dans un but
d'khange, donc de communication.
L'existence du dialogue est la preuve de
r�change linguistique : le locuteur attend en retour une œponse.
Le langage reiM
de la fonction symbolique propre à res� humaine capable de cœer des signes et
des symboles.
li renvoie à la divers� des langues, codes institutionnels : autant de
"sys�mes" (P.
de Saussure) dont les ��ments sont solidaires.
Le langage est l'outil
de la pensée.
Enfm la communication linguistique s'accom pagne, chez l'homme
parlant, d'un ph�nom�ne de croyance et dœc d'une intention plus ou moins
cœsciente de persuader son auditeur.
Les Grecs d�velop�rent, par la Rh�torique,
cet art de la persuasion �jà pœsent dans la parole spontanée.
Les media cœcernent l'industrie qu� par des moyens techniques s�cifiques,
diffuse simultaœment ou presque un même passage à un ensem ble d'individus �pars.
Dans l'usage courant les media comprennent les journaux, les magazines issus de la
"Galaxie Gutemberg" selon l'expression de MacLuhan, la radio et le cin�ma ("'media
chauds" selon cet auteur, car d�courageant la participation et transmettant une
grande quanti� d'informations), le t6�phœe et la t�l�visiœ ("'media froids" car
favorisant la panicipation et diffusant une faible quanti� d'informations).
Historiquement la presse est l'atnée des media : appl ication pratique de la
typographie inventie parGutcmberg vers 1440, elle a pour fondateurT.
Renaudot;
en 1631,l.a Gazeue ambitionne de diffuser œgul�rement l'informatiœ publique.
L'imprimerie trouve Wle application industrielle, en France, aved.A Presse d'E.
de
Girardin en 1836.
Ainsi le premier des media pone sur la diffusion à large audience
du messa ge �L
Le premier des "mass media" est suivi, au �but cil XX� sikle, du cin�ma.
Aujourd'hui, les media, c'est aussi le satellite de communications ( 1964 :
retransmission des Jeux Olympiques de Tokyo), les vid�cassenes, le ��texte, le
cable, la t��matique qui rapproche le t��phone, rordinateur et le �]�viseur; ce
nouveau medium est œ des capacit� conjointes de l'informatique et des
t�l�communications, permettant l'interrogation à distance, sur commande
individuelle, de données stockées dans des ordinateurs et dont œ obtient la
pr�ntation sur kran de t�l�vision.
Les nouveaux media d�multiplient les
poss ibilit& des grands media traditionnels, ainsi que ceux-ci l'avaient fait avec les
organes sensoriels usit& dans la parole (ouie et we).
Mais surtout ils reconstituent,
tel un puzzle, rappareillage -d'abord klat� en techniques variées et in�pendantes
les unes des autres-constillltif du langage humain : celui-ci exige la participation de
l'oreille et de la bouche (t��phone), du cerveau (ordinateur) et de l'oeil (�l�ision).
On comprend que c'est à rhumanit� enti�re que les media modernes ont �largi le
champ de la communication.
Les media n�itent dœc le langage, la œciproque n'�tant pas vraie; c'est lui
qui leur donne sens et raison d'!tre.
Par-delà le langage, c'est à la pensée elle-même.
»
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