Langage et valeurs

« Le langage ne renvoie qu'à lui-même •H·'~' Comme le montre l'exemple du Japon, les signes peuvent ne pas renvoyer à un sens moral ou à un ordre, mais être utilisés pour eux-mêmes, pour leur propre beauté.

Il faut se libérer du sens A u Japon, Barthes a trouvé une société où les différents sys­ t èmes de signes ne ren­ v oient pas à un sens déterminé , à une mo­ rale close .

Comme dans la calligraphie ou dans l'art floral , les motifs (les signifiants) sont souvent employés pour leur propre beauté , pour le geste , sans faire réfé­ rence à un sens quel­ conque .

Le bouddhisme nie les hiérarchies du sens L a clé de cette concep­ tion du lan gage, Barth es la trouve dans l e bouddhisme zen, re­ li gion sans Dieu et phi­ losophi e sans sujet au sens occidental, c 'est-à­ dire sans visions ra­ tionnelle et conquéran­ te.

Pour le bouddhisme , le monde n'a pas de sens en dehors de lui ­ même: il n'y a pas de paradis , pas de Jugement dernier , pas de hiérar- •Mais la langue( ...

) n'est ni réactionnaire , ni progres· siste; elle est tout simple· ment: fasciste; car le fas· cisme, ce n'est pas d'em· pêcher de dire, c'est d 'obli· ger à dire.» Roland Barthes chie entre ciel et terre ou entre créatures.

Dès lors , les fondements re­ li gieux sur lesque ls re­ posait en Occident la fonction instrumentale et hiérarchisante du lan­ gage disparaissent.

Même ce qui peut sem­ bler «insignifiant» aux Occidentaux prend alors de la valeur.

Une éthique de la forme S ans Dieu et sans mo­ rale, le langa ge peut se libérer des carcans traditionnels que lui im­ posait l 'esthétique occi­ dentale .

L' importance est reportée sur la forme, et le langage retrouve ainsi le rôle qui , selon Barthes , doit être le sien - jouer avec les formes, donner du plaisir - sans plus être le repré­ sentant d'un ordre.

Comme le montre l'exemp le du Japon , le langage peut être employé sans signification, n'être qu'un jeu de formes libéré de toute contrainte morale.. »