Devoir de Philosophie

L'ART COMME TRANSFIGURATION ACTIVE DU DONNÉ

Publié le 24/03/2015

Extrait du document

« L'opinion la plus courante qu'on se fait de la fin que se propose l'art, c'est qu'elle consiste à imiter la nature.

Dans cette perspective, l'imitation, c'est-à-dire l'ha­bileté à reproduire avec une parfaite fidélité les objets naturels, tels qu'ils s'offrent à nous, constituerait le but essentiel de l'art, et quand cette reproduction fidèle serait bien réussie, elle nous donnerait une complète satisfaction. Cette définition n'assigne à l'art que le but tout formel de refaire à son tour, aussi bien que ses moyens le lui permettent, ce qui existe déjà dans le monde extérieur, et de le reproduire tel quel. Mais on peut remarquer tout de suite que cette repro­duction est du travail superflu, car ce que nous voyons représenté et reproduit sur des tableaux, à la scène ou ailleurs : animaux, paysages, situations humaines, nous le trouvons déjà dans nos jardins, dans notre maison ou parfois dans ce que nous tenons du cercle plus ou moins étroit de nos amis et connaissances. En outre, ce travail superflu peut passer pour un jeu présomptueux, qui reste bien en deçà de la nature.

Ce devoir est un excellent exemple d'une façon de traiter le sujet-texte, qui n'est pas toujours très facile à manier . c'est le devoir qui repense toute la position de l'auteur du texte, selon un plan original, pour élaborer une pensée phi¬losophique personnelle.

En prenant ainsi ce type de sujet, on eetreprend de conci-lier, et d'observer simultanément pendant tout le devoir, deux systèmes d'exigences : 10 réfléchir sur le texte lui-même, ne pas l'oublier ou le perdre de vue, mais rester toujours en étroite relation avec lui; mais zo ne pas y adhérer point par point, ne pas craindre de prendre avec lui une certaine dis-tance, ne pas s'asservir à son plan mais mettre sur pied une autre construction, reprendre son problème à neuf.

Pour observer la première condition, le candidat a pris soin de bien centrer le texte, de montrer son problème fondamental, et il a fait de ce problème l'objet de sa réflexion. Il a bien dégagé les arguments de l'auteur; et les notions essentielles de cette argumentation servent de points de repère à sa pensée personnelle.

Car l'art est limité dans ses moyens d'expression et ne peut produire que des illusions partielles qui ne trompent qu'un seul sens ; en fait, quand l'art s'en tient au but formel de la stricte imitation, il ne nous dorme, à la place du réel et du vivant, que la caricature de la vie. «

HEGEL

« Car l'art est limité dans ses moyens d'expression et ne peut produire que des illusions partielles qui ne trompent qu'un seul sens; en fait, quand l'art s'en z~ tient au but formel de la stricte imitation, il ne nous donne, à la place du réel et du vivant, que la caricature de la vie.» HEGEL Le bouleversement esthétique que le surréalisme a apporté au début du siècle pourrait faire penser que la croisade contre la conception de l'art comme imita­ tion de la nature est un combat d'arrière-garde.

C'est assez faux.

Même si on l'admet difficilement pour soi-même, les critères du beau restent encore assez souvent la ressemblance formelle avec l'objet.

Si personne n'a plus de doute sur la valeur artistique d'un Picasso, il reste que la naissance de mouvements 10 comme « l'hyper-réalisme » ou certaines formes d'art dit engagé pourraient présager d'un retour à la conception de l'art que critique Hegel.

Il convient alors de définir plus précisément ce qu'est cette conception esthétique et quels sont les arguments I ~ de Hegel à son encontre.

Ensuite, en repartant de cette première conception de l'art, il faudra lui en substituer une autre et définir ses critères.

Avant de critiquer cette thèse, Hegel, d'abord, la présente.

Son but est simple et unique : la reproduc- 20 tion fidèle du monde extérieur; Hegel ajoute « tels qu'ils s'offrent à nous »en parlant des objets naturels.

Ici s'ouvre déjà une première critique.

Quelle percep­ tion avons-nous du monde extérieur? Le monde exté­ rieur n'existe, en fait, que déformé par notre propre z~ vision, par le prisme de nos affects.

D'ailleurs l'expres­ sion « monde extérieur » montre bien qu'il en existe un autre, intérieur à la personne.

Hegel avance ensuite un premier argument à l'encontre de cette doctrine : c'est, pourrait-on dire, 30 un argument de bon sens.

Et à quoi sert de reproduire ce qui est déjà? On voit donc que la logique de l'art et que la logique de la nature ne sont pas les mêmes et qu'il est impossible de les faire coïncider.

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