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l'art est-il un langage ?

Publié le 23/10/2005

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(Dans l'art) « de même que dans le langage, l'homme communique ses pensées et les fait comprendre à ses semblables. Seulement, dans le langage, le moyen de communication est un simple signe, à ce titre, quelque chose de purement extérieur à l'idée et d'arbitraire. L'art au contraire, ne doit pas simplement se servir de signes, mais donner aux idées une existence sensible qui leur corresponde. «* L'art est-il «un langage« si l'on entend simplement par là qu'il est «communication« par «signes« ?Voir la revue «Diogène« consacrée aux «Problèmes de langage « où Jakobson a exposé les distinctions intéressantes effectuées par Peirce en ce qui concerne les signes.Il en distingue 3 « types « :L'indice qui « opère, avant tout, par la contiguïté de fait, vécue entre son signifiant et son signifié «. Ainsi on peut dire que tel symptôme est indice de telle maladie.L'icône qui « opère, avant tout, par la similitude de fait entre son signifiant et son signifié, par exemple entre la représentation d'un animal et l'animal représenté.« (Les arts plastiques figuratifs en donnerait de bons exemples.)Le symbole qui «opère, avant tout, par contiguïté instituée, apprise, entre signifiant et signifié.

L'art est un langage. Il permet aux hommes d'exprimer ce qu'ils ressentent. Les mots ne parviennent pas à dire ce que l'art est capable de dire. MAIS, l'art ne peut pas être considéré comme un langage. C'est un moyen d'expression. Il ne dispose pas de certaines qualités qui définissent le langage, et lui seul.

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« INTRODUCTION Lorsque nous parlons de langage, nous parlons en réalité de deux choses : d'une facette sociale, qui est la langue, c'est-à-dire,l'ensemble des conventions langagières adoptées par un corps social ; d'une facette individuelle, qui est la parole, par laquelle unlocuteur isolé actualise l'une des possibilités incluse en puissance dans la langue. Il en va de même pour l'art, terme unique qui recouvre en réalité deux dimensions distinctes.

Jusqu'au dix-huitième siècle, le terme« art » désignait l'ensemble des techniques de production d'artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau.

Ainsi, l'activité de l'artiste et celle de l'artisan étaient recouvertes par le même terme.

Or, il semble que ces deux activités ne soient pas entièrement réductibles l'une à l'autre, qu'elles possèdent chacune une spécificité àélucider.

Par conséquent, il nous faudra au cours de ce travail préciser d'une part ce qui distingue l'art de l'horloger de celui du poète,l'activité du coutelier de celle du plasticien ; et toujours préciser à laquelle de ces deux activités singulières nous pensons lorsque nousemployons le signifiant « art ». Le sujet nous invite à nous demander s'il existe une relation d'équivalence absolue entre langage et art, de sorte que nous puissionsdire que le premier se confond avec le second.

Nous verrons dans quelle mesure nous pouvons parler justement d'une identification dulangage et de l'art. I.

Le langage n'est pas un art car il n'est pas l'objet d'une création individuelle a.

Le langage est-il un artisanat ? Si nous posons la question : « le langage est-il un art ? », nous demandons en partie si le langage est un artisanat (puisque nous avonsvu en introduction que l'artisanat était une facette de l'art).

Par artisanat, nous entendons une activité productrice d'artefacts à partirde règles définies en amont de la production.

La formation du langage est-elle comparable ? Cette question est un problèmeconsidérable qui n'a guère reçu de solution entièrement satisfaisante.

L'une d'elle consiste à dire que le langage est une institutionspontanée, née de la confrontation entre les individus, qui a émergée peu à peu au cours du temps, sans que quiconque ait présidé àcette émergence progressive.

Le langage n'est donc pas un artisanat : il n'a ni créateur identifié, ni règle d'émergence. b.

Le langage est-il l'un des beaux arts ? Le langage est-il l'un des beaux arts, s'il n'est pas un artisanat ? A cette question nous répondrons encore par la négative.

En effet, lepropre des beaux arts est d'être pratiqué par des individus isolés, qui sont capables de faire évoluer seuls les règles de leur médium.Or, jamais un locuteur isolé n'a fait évoluer le langage : même le créateur d'un mot nouveau a besoin que l'ensemble des membres dela communauté linguistique l'adopte pour pouvoir prétendre qu'il a fait évoluer le langage.

Ce dernier n'est donc pas un art. II.

Une analogie féconde entre langage et art a.

Le langage informe le monde à la manière de l'art Nous venons de le voir, on ne peut dire en toute rigueur que le langage est un art.

Cependant, une analogie entre langage et art nelaisse pas d'être possible.

En effet, l'une des caractéristiques de l'art est d'informer le monde, c'est-à-dire de donner à voir à autrui uneimage du monde entièrement structurée par la subjectivité d'un individu.

Il en va de même pour le langage, car comme le ditBenveniste, « c'est ce que nous pouvons dire qui détermine l'ensemble de ce que nous pouvons penser ».

Le langage informe bien lemonde, puisqu'il décide des catégories dans lesquelles nous allons le penser. b.

Le langage a un pouvoir d'évocation comparable à celui de l'art Poursuivant cette quête d'un rapport d'analogie entre art et langage, nous dirons que le langage a un pouvoir d'évocation comparable àcelui de l'art.

En effet, Platon insiste dans nombre de ses dialogues sur le pouvoir des sophistes, qui sont capables d'agir sur autrui parle moyen du langage.

Le langage a donc un pouvoir d'évocation comparable à celui de l'art : il donne à voir, et agit sur les autres parle moyen des sens au moins autant que par celui de la pensée. III. Les limites de cette analogie : le langage ne peut être identifié à l'art en toute rigueur a.

Le langage informe un monde social, l'art un monde individuel. Cependant, nous finirons en disant que malgré la possibilité d'une analogie plus ou moins féconde entre langage et art, nous nesaurions affirmer que le langage est un art.

En effet, nous pouvons revenir sur ce que nous disions au début de la seconde partie : si lelangage comme l'art informe le monde, le langage informe un monde social, commun à tous les locuteurs d'une communautélinguistique, alors que l'art informe un monde individuel, qui vient se glisser comme un hapax dans le langage du monde de sescontemporains. b.

L'art « rémunère le défaut de la langue » (Mallarmé) Allant plus loin, nous dirons que le langage est distinct de l'art, car le premier est en un sens imparfait, alors que le second se voue à laquête de la perfection.

Mallarmé montre dans un texte célèbre (« Crise de vers ») que la poésie « rémunère le défaut de la langue ».C'est parce que la langue est imparfaite (les signes sont arbitraires et contradictoires d'un point de vue esthétiques : « nuit » est unphonème clair pour dire l'obscurité) que la poésie s'empare de ces défauts pour « donner un sens plus pur aux mots de la tribu »(Mallarmé, « Le Tombeau d'Edgar Poe »).

Le langage n'est pas un art car contrairement à lui, il est voué à l'imperfection. Conclusion : A première vue, dire en toute rigueur que le langage est un art parait faux, dans la mesure où nous ne pouvons le comparer ni àl'artisanat, ni aux beaux arts.

A deuxième vue également, puisque le langage peut être comparé à certains égards à l'art (le langagecomme l'art informe le monde et possède un pouvoir d'évocation) mais il ne se confond nullement avec lui : le langage informe unmonde social en étant condamné à une forme d'imperfection, alors que l'art s'empare des défauts du langage pour créer un mondeindividuel qui aspire à la complétude et à la perfection qui manquent au langage.. »

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