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L'art favorise-t-il la liberté?

Publié le 10/11/2013

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L'art favorise-t-il la liberté?(rédaction complète de la 1ère partie, en partie de la 2ème) Dans l'oeuvre d'art comme dans la vie d'un artiste, il semblerait qu'il existe une certaine absence de pesanteur, ou des possibles que nous rêvons, peut-être, d'accomplir, mais que nous ne réaliserons jamais. Ainsi Rimbaud semble n'avoir connu aucune des pesanteurs sociales de son époque: poète à 18ans, homosexuel, aventurier...De même, la poésie surréaliste fait sauter tous les carcans de la poésie traditionnelle: plus de rime, plus de vers parfois, un sens métaphorique difficile...Autrement dit, l'artiste, l'activité artistique comme l'oeuvre paraissent jouir d'une liberté hors du commun. Si l'art favorise la liberté, c'est parce qu'il nous semble le lieu privilégié de l'expression et de l'exercice de cette liberté. Nous lui accordons la finalité de nous faire éprouver une liberté qu'aucun autre domaine ne permettrait. Par art, il faut entendre ici ce que l'on appelle les Beaux-Arts, productions spécifiques à envisager selon le point de vue du créateur et de l'amateur. De plus, le verbe favoriser signifie encourager l'accomplissement d'une action mais aussi accorder un statut privilégié à quelqu'un ou quelque chose. Enfin, négativement, la liberté se définit comme l'absence de contrainte ou de sujétion; et positivement, elle est aussi, d'une part, la possibilité de choisir, d'autre part, l'autonomie par laquelle j'obéis à mes propres lois. A cela il faut ajouter que la liberté s'exerce de manière efficiente, et c'est pourquoi il existe des libertés: d'expression, de mouvement...portées par le droit, la loi. Dès lors, de quelle liberté l'art permet-il le développement? Encourage-t-il l'absence de contrainte? Est-il le lieu privilégié de l'exercice de l'autonomie? Pour résoudre notre problème, nous nous demanderons en quoi l'art favorise la liberté et dans quelle mesure il la contrarie. Contrairement à d'autres activités, la production artistique semble sans contrainte: là où toute activité salariée a des horaires stricts, l'artiste semble ne pas en avoir. De même, là où une activité salariée repose sur des règles techniques ou des règlements juridiques, l'activité artistique paraît sans règles. Enfin, là où tout travail est aliéné par l'argent, ce dernier ne semble pas être la finalité de l'art. Mais n'est-ce pas finalement une image d'Épinal? En effet, dans l'Esthétique, Hegel fait remarquer que l'activité artistique exige exercice et régularité. S'il en est ainsi c'est parce que le don, le talent de l'artiste devient vite stérile s'il n'est pas entretenu. Par exemple, une fois devenu aventurier, marchand d'armes, Rimbaud n'a plus écrit le moindre poème. Ainsi les artistes s'astreignent à des horaires fixes pour cultiver leur disposition innée, leur imagination, qui, comme toute faculté, perd sa puissance si elle n'est pas entraînée. De même, l'activité artistique n'est pas l'absence de règles. D'une part, Hegel(ibidem) affirme que l'art se rapproche de l'artisanat, en ce sens que tout art demande la connaissance de certaines techniques sans lesquelles l'artiste ne pourrait rien faire. Par exemple, le compositeur doit, au moins, connaître l...

« création.

Par exemple, c’est en peignant La Ronde de Nuit (portrait d'une compagnie de sécurité) que Rembrandt invente la technique de sortie du cadre: ainsi le capitaine de la compagnie n'est plus au centre du tableau mais à une de ses extrémités, il sort littéralement du tableau, comme si la compagnie allait se mettre en marche.

Autrement dit, puisque les règles de l’art ne préexistent pas à la création, on peut dire que l’art permet l’exercice d’une liberté, certes peu consciente, mais en apparence infinie: et l’art est bien le seul domaine permettant une telle liberté.

Tous les autres domaines imposent des contraintes: ainsi pas de science sans méthode, pas de technique sans connaissance préalable... D’autre part, la liberté de création se retrouve aussi dans la liberté des sujets et des formes, ce que Hegel(opus cité) appelle la libre fantaisie.

Cette fantaisie artistique n’est ni une forme de caprice infantile ni l’excentricité: elle est l'œuvre de l’imagination.

Or, même si certaines époques imposent parfois les sujets, comme le choix des représentations religieuses, les formes données par l’imagination de l’artiste sont libres.

Par exemple, au XVème siècle, tout en peignant en apparence des sujets religieux, Jérôme Bosch inventent des formes étranges: dans sa représentation de l’ Enfer , les flammes sont extérieures au lieu lui-même, une sorte d’oiseau ou de mouche monstrueux, coiffé d’un entonnoir, assis sur une fosse d’aisance, avale les corps et les âmes...Une telle représentation(du diable) à la fin du moyen-âge montre, par son originalité, combien l’imagination s’exerce librement et de manière illimitée.

Toutefois, si la liberté des formes est infinie(allant même parfois jusqu’à l’absence de formes ou de représentations comme dans les Monochromes de Klein), celle des sujets fait problème.

En effet, le choix des artistes peut aller à l’encontre de la loi ou de la morale sociale(des mœurs).

Certains choisissent même la provocation, voire le scandale.

Par exemple, à certaines époques, les artistes s’opposent à ce qu’ils appellent le conformisme bourgeois, comme les surréalistes ou encore aux mœurs fort peu libérales de leur époque comme les libertins.

Autrement dit, jusqu’où peut aller la liberté des sujets? Répondre à cette question reviendrait à exiger la censure.

Or, comme les artistes sont toujours parvenus à détourner l’interdiction de l’expression, on voit qu’il est impossible de fixer des limites à l’art.

Dès lors, qu’en est-il de la liberté de l’amateur? Dans la masse inextricable des œuvres d’art, l’amateur trouve son compte, sans qu’on ne lui impose rien.

Ainsi c’est le public qui fait le succès du Tartuffe de Molière, pas le roi Louis XIV.

En d’autres termes, l’art offre à l’amateur le choix non seulement entre les œuvres mais aussi entre les activités artistiques elles-mêmes.

Ainsi, de l’opéra, en passant par le théâtre, la peinture, la danse...et jusqu’au cinéma, il y en a pour tous les goûts.

Pour l’amateur, l’art est donc le domaine de la diversité produisant la possibilité de choisir sans contrainte. De la même manière, la libre fantaisie permet à l’amateur d’exercer sans entrave sa propre imagination ou sa sensibilité.

Une œuvre d’art donne à voir ou entendre ce que la réalité ne montre pas ou ne rend pas audible.

Par exemple, dans la vie quotidienne, le monde extérieur ou notre monde intérieur apparaissent confus, bariolés, multiples; l'œuvre d’art isole une représentation, un sentiment...et les rend singuliers; de même, comme l’imagination semble infinie, elle peut représenter des objets fictifs ou sur lesquels nous ne prenons pas le temps habituellement de nous appesantir.

Pour toutes ces raisons, l'œuvre d’art nous semble être un moyen de prendre conscience de nous-mêmes, d’apprendre à nous connaître.

C’est pourquoi il existe aujourd'hui des thérapies qui font appel à l’art, tant dans sa contemplation que dans son apprentissage technique.

L'œuvre d’art nous ouvre des perspectives ou nous libère de nos névroses, ce qu'aucun autre domaine de la culture ne permet. Enfin, l’amateur jouit, dans la contemplation, d’une totale liberté d’interprétation, même si elle est guidée par l'œuvre elle-même.

Cette liberté est perceptible selon les époques.

Par exemple, le public, selon les mœurs, ne jugent pas une œuvre de la même manière: ainsi le spectateur du XIXème siècle est scandalisé par le drame de Hugo, Hernani , dont les tirades ou dialogues sont soi-disant osés, alors qu’aujourd’hui ces propos auraient tendance à nous amuser.

De même, les surréalistes ont redécouvert des romans des XVIIIème ou XIXème siècles, oubliés depuis lors, comme les romans dits gothiques.

En d’autres termes, l’interprétation consiste à donner du sens à l'œuvre et la liberté de l’amateur est guidée par son goût et son désir de comprendre.

Cette liberté est unique et exemplaire: en effet, seul l’art autorise une telle indépendance de la signification de son objet.

S’il en est. »

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