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L'art fonde-t-il la beauté ?

Publié le 11/02/2019

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C’est parce que nous sommes habitués à découvrir de la beauté aussi en dehors de l'art qu’il nous semble difficile d’admettre que son idée provient uniquement de l’art ou de la culture. Très tôt, l’enfant entend dire dans nos sociétés, lorsqu'il est devant la mer ou lève le regard vers les étoiles : « C’est beau !» Il n’aura plus qu'à le répéter, et pourra se persuader que la formule révèle la présence de la beauté indépendamment de toute référence à l'art. Mais il faudrait se demander depuis quand la mer ou les étoiles sont quali fiables de « belles ». Le phénomène n’est pas récent, sans doute, mais il implique un rapport contemplatif avec la nature qui suppose que cette dernière ne semble plus écrasante ou dangereuse pour l’homme, et que ce dernier dispose bien du temps nécessaire à la contemplation. Le marin antique pris dans une tempête ne jugeait pas la mer belle (pas plus d’ailleurs que le marin contemporain au moment où il essaie d’éviter un naufrage : les naufrages ne sont « beaux » que sur un écran de cinéma), et dans les étoiles il cherchait à deviner la direction à suivre, non la beauté.

 

C’est d’abord la représentation d’un objet qui élabore sa beauté éventuelle. Cette représentation implique une technique, et du temps pour la mettre en œuvre. S’il est ainsi compréhensible que la nature n’apparaît belle qu'en raison et à la suite de ses représentations, cela signifie que l'art est absolument nécessaire à l’inscription, dans la conscience, de la notion de beauté. C’est en fait l’art qui nous apprend à regarder autrement les choses non artistiques, et qui nous en révèle la beauté éventuelle.

 

Oscar Wilde affirmait paradoxalement que, contrairement à ce qu'on admet volontiers, c’est la nature qui imite l’art. La formule peut sembler excessive, mais elle correspond aux transformations historiques de la sensibilité, qui ne peut découvrir de beauté dans la nature ou ailleurs qu’à partir du moment où la nature elle-même a été représentée en tenant compte de certaines exigences formelles. C’est d’abord La Nouvelle Héloïse qui a décrit les correspondances possibles entre un paysage et l'humeur d'un personnage, révélant de la sorte à ses lecteurs une dimension « émotionnelle » de la nature, dans laquelle peut se singulariser un regard esthétique sur l’ensemble de la nature. Tout comme, ensuite, de manière plus précise, c’est la peinture de Friedrich qui commence à enseigner la beauté des glaciers - et ce, avant que les alpinistes amateurs puissent à leur tour la découvrir (ils se préoccupaient d’abord de leur sécurité dans l'escalade).

« CORRIGÉ [Introduction] Il arrive fréquemment que l'on s'extasie devant la beauté d'un paysage.

d'une personne, d'un coucher de soleil, ct l'on semble alors sous-entendre que des objets ou spectacles « naturels » recèlent en eux une incontestable beauté.

On peut toutefois se demander si la beauté ainsi repérée l'est indé­ pendamment de toute connaissance ou référence artistique.

Lorsque Mal­ raux affirme que l'on devient peintre, non en contemplant la nature, mais en visitant les musées, il indique que, pour l'artiste, le beau ne se conçoit d'abord que relativement à l'art et à son histoire.

Doit-on admettre qu'il en va de même pour tout individu, même s'il n'en prend pas nécess aire ­ ment conscience, ou s'il s'illusionne sur le caractère spontané de sa conception de la beauté ? [1.

La beauté sans l'art] Pour Platon, le Beau est une Idée parfaite et éternelle, qu'une représen­ tation matérielle ne pe1tt qu'évoquer lointainement, et dégrader -précisé­ ment en raison de son inscription dans la matière imparfaite.

Dans cette optique, l'art lui-même, dans ses réalisations humaines, est nécessaire­ ment postérieur à l'existence de la beauté.

En prenant appui sur une telle conception.

on en vient à considérer que la beauté d'un être naturel est plus proche de la beauté idéale que celle qui pourra se rencontrer dans une œuvre d'art, puisque cette dernière ne sera qu'une «copie de copie>>, double dégradation de l'Idée transcendante.

II paraît pounant difficile de s'en tenir à une telle définition de l'an, condamné à seulement« imiter>> Je monde sensible, car l'histoire de l'art, y compris lorsqu'il est bien figuratif.

montre qu'on ne peut rendre compte des œuvres par la notion restrictive d'imitation : le peintre, le sculpteur.

le dessinateur ajoutent à ce qu'ils perçoivent des éléments qui modifient l'objet ou le spectacle «représenté».

De telles modifications ne sont pas suscitées par la motif.

mais bien par les exigences de la représentation artistique, c'est-à-dire par des règles d'organisation et de construction, culturellement variables.

qui définissent les - anistiques.

Kant soulignait dans ce sens que l'œuvre n'est pas la représen­ tation d'une belle chose.

mais qu'elle constitue la belle représentation d'une chose.

ce qui indique clairement que la beauté artistique est inédite, mais n'affirme pas cependant que ce soit elle qui constitue l'origine de toute notion de beauté.

En fait, Je problème considéré consiste à se demander si la beauté ne. »

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