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L'art nous détourne t-il du réel?

Publié le 12/03/2005

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C'est ainsi également la notion de réel que nous devons interroger. Le réel est-ce ce à quoi nous avons simplement un rapport utilitaire ? Ici, vous pouvez penser aux analyses de Heidegger dans les Chemins qui ne mène nulle part. Dans ce texte, il fait une analyse du tableau célèbre de Van Gogh, Les souliers. Il montre en quoi il s'agit d'un objet quotidien auquel nous avons un rapport utilitaire. Il montre alors en quoi le tableau nous donne à voir une réalité que nous ne saisissons pas quotidiennement. Vous pouvez également penser à la formule de Klee lorsqu'il dit que l'art n'est pas ce qui reproduit le visible mais ce qui le rend visible. Les analyses de Bergson sur l'artiste peuvent également vous être utiles. Il s'agit alors de montrer en quoi l'artiste nous offre un rapport au réel que le langage quotidien ne peut pas offrir. L'art transmet de belles apparences, mais nous détourne de la vie réelle : pourquoi se méfier de l'art s'il est si anodin?

  • Se détourner, c'est changer de direction, c'est changer deregard sur les choses qui nous entourent.
  • Le sujet associe art et réalité, comme si la fonction del'art était dereproduire le donné, ce quiexiste actuellement dans le monde et de l'imiter (cf. concept de "mimésis" chez Platon et Aristote).
  • L'art a-t-il pour finalité de nous montrer ce que nous voyons déjà ? Consiste-t-il à imiter la nature (laréalité) ou ne propose-t-il pas une manière détournée d'accéder à la réalité ?

 

L'art se comprend souvent que le domaine de l'illusoire, de la tromperie, ou de la contemplation esthétique. Dès lors, c'est dire que l'art est une image, une représentation mais n'a visible pas un rapport adéquat avec la réalité. Les exemples de Zeuxis et Praxeas souvent alors des plus significatifs. Mais détourner, ce n'est pas avoir un regard faussé c'est bien plus changer le regard de direction : vers quoi ? Le problème est alors de définir non seulement ce qu'est cette réalité et le rapport que l'art entretient avec elle. Si l'art n'est pas le vrai, le rayume de l?apparence, le réel lui-même ne doit-il pas apparaître pour exister. L'Etre doit apparaître c'est-à-dire se phénoménaliser. Mais bien plus, si l?art nous détourne du réel, n?est-ce pas dire que la réalité nous déçoit ? L'art serait alors un jeu, mais un jeu sérieux, une illusion nécessaire et psychologique : une illusion consolatrice.

« monde sensible an nom de cette même vérité.

Et valorisation ontologique du Beau, Idée ou Essence. La critique platonicienne vise surtout les arts suivants : la poésie, la sculpture, la peinture. Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent pas à la vérité.

Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.

Dans le « Phèdre » (248 d-c) Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance.

Ildistingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).

L'artisteimitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e. Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ? 1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper. a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.

Les poètes, Homère , Hésiode , ne sont que « faiseurs de contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.

Par exemple, les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.

Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? » (Rep.379).

D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-cepas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.

etcréditent le mensonge. b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.

Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable àcelui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et n'en aque l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...

).

Par exemple le bon peintreest celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui, occupe un espace àtrois dimensions.

Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en fait infidèle à son modèle tel qu'ilest.

L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.

les règles de la perspective). 2) Parce que l'art n'est qu'imitation . L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiaire denos sens.

C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'il représenteles Dieux à l'image des hommes.

L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est, est ce quiapparaît.

L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective. 3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre .

Dans La « République » (X 597b-598c - cf.

texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, il y a trois degrés de réalité. · La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.

Pour Platon les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ou formées aucontact de l'expérience (empirisme).

Elles existent indépendamment de notre pensée.

L'Etre est l'intelligible oumonde des Idées.

Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible, objet d'uneconnaissance, et de l'ordre du monde.

C'est parce que le monde est en lui-même intelligible que nous pouvons leconnaître. · La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesure où elle est imitation de la première.

Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurge qui a façonnéla matière en contemplant le monde des Idées (« Timée » ).

De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.

Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent de les imiter. · La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintre puisqu'ilimite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notre reflet dans lemiroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir. Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence, apparencetrompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et en accentue la puissancetrompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisant des apparences qui plaisent,excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions, les accroît en retour.

L'hommeraisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale.

On trouve ici la premièrecondamnation morale de l'art et par suite la première justification théorique de la censure artistique dont relèveencore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.Apparence, il joue le jeu des apparences.

Tout d'abord parce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de lacomparaison, du faire-valoir, de l'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.

On vaau théâtre pour exhiber sa toilette et autres signes extérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir lespotins...

Ensuite parce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner surnous-mêmes.

Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui et. »

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