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l'art peut-il être immoral ?

Publié le 24/10/2005

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Il est d'ailleurs possible que la méconnaissance en jeu s'étende jusqu'à la morale elle-même.   Le reproche d'immoralité est traditionnel, et produit de multiples censures. Il trouve son fondement chez Platon. Pour ce dernier, les poètes ne peuvent être reçus dans la cité «idéale» : en raison de leur délire, ils risquent de dire n'importe quoi, y compris des choses fausses et moralement inacceptables. Parallèlement, la peinture, n'étant que «copie de copie» puisque ses modèles sont sensibles, manque de fondement ontologique : elle est, comme la poésie, source possible d' «anarchie» (au double sens politique et ontologique : étude de l'être en tant qu'être ; être en soi)   Ce reproche est récurrent et se retrouve sous forme d'interdictions. On peut citer comme exemples classiques, en France, les procès intentés aux Fleurs du mal ou à Madame Bovary pour atteinte aux bonnes moeurs, ou encore l'interdiction des textes de Sade, qui risqueraient de « corrompre » l'esprit. Périodiquement, des textes ou des tableaux (l'Origine du monde de Courbet) sont aussi censurés : non diffusés ou non montrés parce qu'ils auraient une influence perverse.   Dans les systèmes totalitaires, la préoccupation morale va de pair avec le souci politique. En effet, les nazis dénoncent comme « art dégénéré » ce qui bafoue les figures vénérables de la femme allemande, de la famille, les symboles patriotiques...dans les mouvements d'avant-garde européens. De même, le pouvoir stalinien met fin aux recherches des avants-gardes antérieures parce que leurs oeuvres seraient incompréhensibles pour le « peuple ».

Analyse : -le reproche a existé et existe, « peut-on « désigne donc, non la possibilité du reproche, mais sa légitimé.

-Si l’on reproche à une œuvre d’être immorale, c’est qu’on attend en un sens de toute œuvre qu’elle soit morale, sinon moralisatrice.

-Est-il acceptable de confondre le jugement esthétique concernant l’œuvre d’art avec un jugement moral ? Ce dernier concerne des actes ou des conduites réelles, alors que l’œuvre est représentation ou appel à l’imaginaire ; le jugement moral met en avant le contenu, ce qui méconnaît l’aspect formel des œuvres.

Problématique : Est-ce légitime de juger moralement une œuvre d’art ?  n’est ce pas exiger des œuvres une portée moralisatrice qui peut l’intérêt de certains pouvoirs, mais qui ne respecte pas la spécificité des œuvres ? Celles-ci ne correspondent pas à la réalité alors que c’est cette dernière qui est concernée par le jugement moral.

 

« Il semble évident, aux premiers abords, qu'une œuvre d'art peut être immorale car elle met en scène des actions quivont contre la morale : meurtres, viols, délits, usage de drogues, tortures, malversations financières, perversionsexuelle, réussite du mal contre échec du bien etc.

Mais la question est réellement, est-ce que ces œuvres peuventinfluencer notre morale ? Le monde des œuvres d'art est-il séparé de notre monde, n'a-t-il aucune influence surnous ? L'immoralité des œuvres d'art est-elle un facteur de corruption ? Et, de ce point de vue, faut-il réglementerla moralité des œuvres d'art pour éviter toute influence néfaste, ou les œuvres d'art ont le droit à une totale liberté,et à une entière diffusion sans restriction auprès de tous les individus ? C'est un difficile débat qui se situe entre laliberté de l'art et la protection des âmes fragiles et des enfants, ce débat peut-il être adéquatement résolu ? 1) l'art et la corruption des mœurs : un danger pour la cité. Platon dans la République condamne la poésie dès le troisième livre, avant d'y revenir en 595a-621b.

Les poètes sont considérés le plus souvent comme des maîtres d'erreur.

Ils ne sont que de simples imitateurs.

L'imitateur ignoreles qualités des objets qu'il imite et il ignore aussi leur usage.

L'imitation ne teint compte que des seules apparences,et relève de l'opinion vulgaire, l'imitateur flatte les basses passions de l'homme.

La poésie apitoie l'honnête hommesur les malheurs d'un héros qui ne garde nulle pudeur dans l'expression de son désespoir.

Ainsi la poésie et latragédie exacerbent des passions qu'il aurait fallu cacher.

Aussi Platon préfère expulser les poètes de la cité, desélectionner les artistes afin justement de diminuer ces nuisances.

Le but étant de diminuer les mauvaises passions.Platon, par là, accorde beaucoup de pouvoirs à l'art.

Mais n'est-ce pas une théorie anti- artistique de lui imputertous les maux de la société ? Demander à l'art de respecter des codes de bonnes conduites, c'est lui donner descontraintes capables de lui enlever toute créativité. Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent pas à la vérité.

Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.

Dans le « Phèdre » (248 d-c) Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance.

Ildistingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).

L'artisteimitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e. Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ? 1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper. a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.

Les poètes, Homère , Hésiode , ne sont que « faiseurs de contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.

Par exemple, les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.

Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? » (Rep.379).

D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-cepas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.

etcréditent le mensonge. b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.

Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable àcelui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et n'en aque l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...

).

Par exemple le bon peintreest celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui, occupe un espace àtrois dimensions.

Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en fait infidèle à son modèle tel qu'ilest.

L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.

les règles de 1a perspective). 2) Parce que l'art n'est qu'imitation . L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiaire denos sens.

C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'il représenteles Dieux à l'image des hommes.

L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est, est ce quiapparaît.

L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective. 3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre .

Dans La « République » (X 597b-598c - cf.

texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, il y a trois degrés de réalité. · La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.

Pour Platon les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ou formées au. »

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