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L'attitude philosophique peut-elle être définie par la décision de ne jamais croire ?

Publié le 17/01/2022

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Elle se distingue de toutes les formes de croyance en ceci précisément qu'elle résiste à l'épreuve du doute et que, chaque fois que j'en fais l'expérience, je ne peux que me laisser convaincre par la certitude et l'évidence de sa vérité.Toutefois toutes les formes de croyances sont-elles rejetées au même titre par la philosophie ? Peut-on dire que l'opinion, la croyance superstitieuse et la foi religieuse sont mises sur le même plan par la philosophie ? Les exemples ne manquent pourtant pas de philosophes ayant fait preuve sinon d'une réelle ferveur religieuse, du moins de la compatibilité entre une démarche de nature religieuse et les exigences de la pensée en mode philosophique. La question qui se pose est de savoir si leur conviction religieuse, leur expérience de foi, peut se concilier avec la démarche philosophique. Les penseurs chrétiens du Moyen-âge, pour qui les vérités de la foi allaient de soi, distinguaient entre la scientia divina et la sacra doctina, entre une théologie naturelle, partie de la philosophie ayant trait aux «choses divines » et qui s'appuie sur la «lumière naturelle», c'est-à-dire en fait sur la raison, et la théologie révélée qui prend pour point de départ les vérités révélées de la foi chrétienne. Mais il est clair que, pour eux, la philosophie restait ordonnée à la religion, la raison accordée à la foi. La philosophie servante de la théologie avait pour fonction de disposer l'esprit à accueillir la vérité ; le philosophe religieux au Moyen Age cherchait à savoir parce qu'il cherchait à croire, d'où la difficulté de considérer ces penseurs comme d'authentiques philosophes. Il semble donc que, entre l'attitude religieuse et ses exigences et l'attitude philosophique, il y ait une différence radicale et que l'esprit d'examen et le doute, qui en procèdent, sont des constituants essentiels de l'attitude philosophique. Peut-on toutefois affirmer que cette position duphilosophe est aussi solide qu'il y paraît ?
  • Ne pas croire, c'est mettre en doute.

 

  • Penser aux exemples historiques de doute en philosophie.

 

  • La formulation du sujet invite à en pas se contenter de la définition proposée.

 

« En outre, une telle attitude n'est pas sans présupposés.

On peut se demander si croire ou ne pas croire peut êtreen quelque manière le résultat d'une décision.

Est-ce que l'on décide de croire? La croyance est-elle toujours perçuecomme telle ? Après tout, il en va peut-être de la croyance comme de ces dessins que les enfants décèlent dansles nuages, on ne la voit pas pour ce qu'elle est.

Elle est bien plutôt ce dans quoi on voit le réel, une modalitégénérale du rapport à la réalité.

La croyance n'est pas nécessairement un acte d'adhésion à un contenu dont onsait qu'il est un contenu de croyance et dont on pourrait par une libre décision se défaire.

Certes, il y a descroyances qui répondent à ces critères, mais la véritable croyance, celle dans laquelle on est comme capturé, n'est-elle pas ce qui ne se donne jamais comme une croyance? Identifier les croyances dont le philosophe est à son insule porteur exige bien autre chose que l'engagement dans une attitude qui se définirait décision de ne jamais croire.Le philosophe comme le non-philosophe vit et habite dans un monde dont l'étoffe est tissée de croyances.

Cetunivers de croyances ne se présente pas comme une série de propositions ou d'actes de foi que l'on peut clairementformuler et qu'on est libre d'admettre ou de rejeter, c'est bien plutôt un réseau complexe où les symboles«crédogènes» se mêlent à des désirs plus ou moins conscients.

La philosophie, dans la mesure où elle prétend influersur la manière de vivre du philosophe, ne serait-ce que dans la moindre mesure où elle tend à créer chez lephilosophe le sentiment qu'il est différent du non-philosophe, n'est-elle pas, à sa manière, génératrice de croyances? Auquel cas, il faudrait dénoncer l'imposture du philosophe qui se mettrait naïvement dans la posture de celui qui necroit jamais.

L'illusion fondamentale de la philosophie tiendrait précisément dans cette ambition d'échapper à touteforme de croyance. Il n'en reste pas moins que, comme projet de la raison, la philosophie se doit d'avoir une certaine position critique àl'égard aussi bien des croyances qui se donnent comme telles, que des croyances plus difficilement repérables parceque n'étant jamais perçues comme telles.

Plutôt que dans la décision ponctuelle de ne jamais croire, l'attitudephilosophique réside plutôt dans l'effort pour repérer ce qui est, à notre insu, manifestation de nos croyances.Platon a bien conscience de la difficulté de cette attitude, lorsqu'il souligne, dans Le Sophiste, l'étrangerenversement des rôles qui fait que le sophiste paraît philosophe et que le philosophe apparaît comme un sophiste.Du coup, il semble qu'il faille renoncer à faire de l'attitude philosophique le résultat d'une quelconque décision quiferait d'elle quelque chose d'acquis une fois pour toutes ; philosopher ce n'est pas prendre, une fois en sa vie, ladécision de ne jamais croire, mais un engagement, chaque fois à renouveler, où l'on s'efforce de discerner lesprésupposés et les effets de croyances dont on est porteur.La philosophie travaille d'une certaine manière contre elle-même, c'est peut-être ce qui rend l'attitude philosophique,surtout lorsqu'elle se veut radicale, intenable et précaire.

Dans sa dimension critique, elle ruine toutes les assisessur lesquelles elle pourrait tenter de s'édifier, tout comme elle se met dans la posture de critiquer les autres formesde savoirs, qui, elles, n'ont pas nécessairement besoin declarifier leurs fondements et leurs buts pour progresser.

Dans cette perspective, on ne peut définir l'attitudephilosophique par une décision, mais bien plutôt comme une certaine disposition de l'esprit qui est le résultat d'untravail sur soi et sur la compréhension qu'on peut avoir des autres formes de savoir.De ce point de vue, on peut considérer comme utile de suspendre toute forme d'adhésion naïve à la réalité etconsidérer que cette attitude de mise entre parenthèse du rapport à la réalité est la condition de toute approchephilosophique authentique.

Chercher à s'arracher à toutes ses croyances revient alors à assumer l'engagement dansla philosophie comme une sorte d'acte de foi dans la raison.

Ne jamais croire devient alors bien davantage un idéalque l'on vise et qui ne sera jamais atteint.

En ce sens, comme idéal visé, le philosophe peut croire qu'il est possiblede ne jamais croire. On a essayé de montrer comment l'apparente opposition de la philosophie avec toutes les formes de croyancespouvait masquer la présence au coeur de l'attitude philosophique d'éléments qui en fin de compte sont du registrede la croyance.

Il est apparu qu'on ne pouvait guère prétendre s'être débarrassé de tous ses préjugés, encoremoins concevoir cet état comme le résultat d'une libre décision.

Toutefois, il est possible de faire de la suspensionde toute croyance la condition et l'idéal de toute pensée authentiquement philosophique. SECONDE CORRECTION Habituellement on définit le philosophe comme un personnage qui répond à tout propos par une question, et faitpreuve d'un esprit critique.

En effet il se méfie des apparences trompeuses et pratique une mise en douteméthodique de notre conception du monde, visant à transformer nos opinions en jugements fondés.

Ainsi même s'ilest difficile de déterminer en général ce qui caractérise la philosophie, on peut au moins admettre que toutphilosophe entretient, un rapport privilégié avec la raison et paraît toujours prêt à douter de ce que les autresadmettent spontanément.

Cette image convenue correspond-elle à la réalité de l'attitude philosophique? Celle-cidécoule-t-elle de la décision de ne jamais croire? La philosophie signifie étymologiquement amour de la vérité.

Or, lacroyance et le vrai ne sont pas du même ordre, je crois par habitude, mais je sais par une méthode cherchant et serapprochant du vrai.

Il faut se demander qu'est-ce qui est le plus à même de définir l'attitude philosophique parexcellence.

Est-ce la découverte de vérité au quel cas le doute serait momentané ou plutôt la critique qui sansparvenir à une quelconque vérité, se caractérise par un doute absolu et définitif ? Nous verrons dans un premiertemps que la remise en question de ces croyances est un moment crucial de la philosophie, il faut commencer parmettre en difficulté les opinions communes afin d'entreprendre, selon une méthode, un cheminement vers le vrai.

Ilsemble que ne jamais croire de façon absolue soit caractéristique de la philosophie.

Cependant, en réalité laphilosophie ne se réduit pas à sa phase critique.

Souvent la critique devance un nouveau dogme philosophique, un. »

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