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Laurence STERNE : Vie et Opinions de Tristram Shandy, gentilhomme

Publié le 05/10/2012

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Avide de sentiments fins, Sterne a une finesse extrême d'écriture. Sachant interrompre une phrase au milieu de sa course, il évite d' être jamais catégorique. Il use de l'ambiguïté aussi bien qu'il manie les ambivalences. Tenant ici à rendre dans sa langue que lques textes latins ou français, qu ' il offre à son lecteur, il a ailleurs le soin de traduire aussi la plus intime vérité des personnages en transcrivant des dialogues. (...) Les effets les plus puissants et extraordinaires, que Sterne ménage de façon infiniment délibérée, dépassent les subtilités rhétoriques, le semblant de dialogue avec le lecteur, et toutes les dialectiques de l'expression. Ces effets sont visuels...

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« Sterne Tri stram Shandy ( 1760-1767 ) repose sur la par odie du roman mod e rne donr le Tom Jones (1749 ) de Fieldin g est /'ar­ chét ype, et c'est en cela qu'il ouvre la voie , déjà amor cée par les humoristes comme Cer vant ès, Sorel et Sca rron , à la réflexion roma­ nesque.

Illustration J.

Simon Le livre Un récit tc;>Ujours esquivé R ésumer Tristram Shandy selon une logique narrative classique relève de la gageure.

La procréation du héro s sert de point de départ et initie une série de fa usse s intri gues , toujours laissées en cours.

On peut tenter d'en reconstituer quelques-unes : la vie de Tristram elle-même, plus qu'esca­ motée et réd uite à une suite de ratés -naissance interminabl e, nez écrasé à l'accouchement, baptême avorté, castration-, les discussions indéfinies entre Walter Shandy et so n frère, le réc it des campagnes et des amours de l 'oncle Toby avec la veuve Wadman ...

Mais les intri gues tissent des fils ténus , sa ns cesse para s ités par des histoire s surgies de nulle part : 1 'histoire de Le Fever, le voyage de l 'abbes se des Andouillettes et surtout le conte de Slawkenber g ius.

S 'intercalent entre-temps et à contre­ temps de longue s dissertations sur la mort et 1 'anatomie sexuelle, des morceaux d'érudition hors de propos ainsi que les considérations du narrateur sur le livre en cours.

Au total , si le roman ne parvient pas à former une boucle , du moin s se démul­ tipli e-t-il.

Et c'est ainsi que le r écit manqué d'une vie donne lieu à un trait d'art militaire , un livre d'obstétrique et un manuel d'éducation.

Un récit excentr ique L a véritable logique du récit est celle d'une lig ne excen­ trique , sinueu se, courbe.

La narration d évie sans cesse , captée par d'autres histoires ou par les commentaires critiques du narrateur.

L 'écriture se file en méandres ou bien exhibe ses blancs dans la matérialité du texte.

Le langage est travaillé par des jeu x de mot s, citations et discours parodiques qui le décen­ trent.

Enfin, c'est le genre romanes que lui-m ême qui erre ici et dérive vers le récit autobiographique, la relation de voyage , le roman sentimental , le trait philo sophique ou encore 1 'épopée guerrière .

En somme, la digression relève chaque fois de la pra­ tique générali sée du leu rre, tran sportant le lect eur dans un uni­ vers dé nué de repère s.

La seule réalité saisi ssa ble est celle de l ' écr iture, qui transfo nne le réc it d 'une nais san ce en naissance d ' un réc it.. »

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