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L'autorité politique peut-elle limiter la liberté de pensée ?

Publié le 11/09/2014

Extrait du document

S'il était aussi facile de commander aux esprits qu'aux langues, aucun gouvernement ne se trouverait jamais en péril et aucune autorité n'aurait besoin de s'exercer par des moyens violents. Car les sujets orienteraient tous leur vie selon le bon plaisir des gouvernants et nul ne porterait jamais

5 de jugement sur le vrai et le faux, ni sur le juste et l'injuste, que conformé­ment au vouloir de ceux-ci. Mais [...] les choses sont bien loin de se passer de la sorte, car jamais l'esprit d'un homme ne saurait tomber sous l'absolue dépendance de qui que ce soit. Nul ne saurait, de son propre chef, non plus que contraint, transférer à qui que ce soit la totalité de son droit naturel, ni

io son aptitude à raisonner et juger librement en toute circonstance. Par suite, une autorité politique qui prétend s'exercer jusque sur les esprits est qua­lifiée de violente ; une majesté souveraine 1, d'autre part, commet une vio­lation de droit et se rend coupable d'usurpation à l'égard de ses sujets, quand elle tente de leur imposer les notions qu'il leur faudra accepter pour

is vraies ou rejeter pour fausses, ainsi que les croyances dont devra s'inspirer leur vénération pour Dieu. En effet, tout homme jouit d'une pleine indépen­dance en matière de pensée et de croyance ; jamais, fût-ce de bon gré, il ne saurait aliéner 2 ce droit individuel.

SPINOZA

1.majesté souveraine : autorité publique.

2.aliéner : céder, se déposséder de.

QUESTIONS

1. Dégagez l'idée principale de ce texte et les étapes de son argumenta­tion.

2. a. Quelle différence faites-vous entre « commander aux esprits « et commander « aux langues « ?

b.    Expliquez : « Nul ne saurait, de son propre chef non plus que contraint, transférer à qui que ce soit la totalité de son droit naturel, ni son aptitude à raisonner et juger librement en toute circonstance «.

c.    Expliquez : « Une autorité qui prétend s'exercer jusque sur les esprits est qualifiée de violente «.

 

3. L'autorité politique peut-elle limiter la liberté de pensée ?

Une autorité politique qui obligerait les hommes à se conformer, en paroles du moins, à tous les décrets — en fait, qui obligerait les hommes à émettre les mêmes opinions, comme dans une dictature — irait vite vers le chaos. Mais si en plus cette autorité refusait le droit de penser, elle ne pourrait le faire que sous le règne d'une violence extrême. Les États non démocratiques, ceux qui ignorent la liberté de penser et surtout qui ignorent le lien nécessaire entre puissance et liberté, vont très vite devoir faire face à des révoltes, des révolutions. Au contraire, l'État rationnel — l'État démocratique — anticipera sur la violence

Échapper à l'esclavage, c'est vivre dans un État qui s'identifie à la raison et qui garantit sécurité et liberté. La liberté de pensée ne doit connaître aucune limite. C'est l'un des fondements essentiels de toute démocratie

« LA LIBERTE 2.

a.

Quelle différence faites-vous entre «commander aux esprits» et commander « aux langues » ? b.

Expliquez: «Nul ne saurait, de son propre chef, non plus que contraint, transférer à qui que ce soit la totalité de son droit naturel, ni son aptitude à raisonner et juger librement en toute circonstance».

c.

Expliquez:« Une autorité qui prétends' exercer jusque sur les esprits est qualifiée de violente».

3.

L'autorité politique peut-elle limiter la liberté de pensée? COUP DE POUCE •Mots clés •gouvernement: du latin gubernare, «diriger un navire»; autorité qui exerce le pouvoir politique dans un État.

•autorité: pouvoir d'imposer l'obéissance, de commander à autrui.

•conformément à: d'une manière conforme à, selon; s'oppose à contrai­ rement.

• esprit: pensée, faculté de penser.

• transférer: transporter en observant les formalités prescrites ; trans­ mettre la propriété de (un bien ou un droit) d'une personne à une autre selon les formalités requises; étendre (un sentiment) à un autre objet par un transfert.

• violence: acte qui s'exerce avec force contre un obstacle, d'où com­ portement d'une personne contre une autre qu'elle considère comme un obstacle à la réalisation de son désir.

•usurpation: appropriation, action d'usurper, c'est-à-dire s'approprier sans droit, par la violence ou la fraude, un pouvoir, une dignité, un bien.

• croyance : action, fait de croire une chose vraie, vraisemblable ou possible ; certitude, confiance, conviction, foi.

•indépendance: état d'une personne libre, qui subvient à ses besoins matériels, ne dépend de personne; émancipation.

S'oppose à assujet­ tissement, dépendance, sujétion.

• Idée directrice Aucun homme ne peut aliéner sa raison et par conséquent ce droit naturel qu'est sa liberté de penser.

C'est pourquoi la liberté de penser et de s'exprimer n'est inaliénable, quelle que soit l'autorité politique.

• Structure du texte • «S'il était [ ...

] ceux-ci»: cette première partie énonce une condition - «si» -et imagine le résultat de cette condition réalisée : si la pensée. »

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