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Le besoin d'égalité n'exprime-t-il que la jalousie des déshérités ?

Publié le 13/04/2005

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Qu'est la « vertu » et la « charité » dans le christianisme, si ce n'est cette réciprocité dans la conservation, cette solidarité des faibles, cette entrave de la sélection ? Qu'est l'altruisme chrétien, sinon l'égoïsme collectif des faibles qui devine que si tous veillent les uns pour les autres, chacun sera conservé le plus longtemps ?... Si l'on ne considère pas un pareil état d'esprit comme le comble de l'immoralité, comme un attentat à la vie, on fait partie de ce ramassis de malades et on en a les instincts... Le véritable amour des hommes exige le sacrifice au bien de l'espèce, - il est dur, il est fait de victoires sur soi-même, parce qu'il a besoin du sacrifice humain. » Nietzsche, La Volonté de puissance, livre deuxième. Nietzsche veut démontrer que l'exaltation des valeurs altruistes est le symptôme d'un appauvrissement de la vitalité. Dans ce texte violent, il tente de révéler combien les valeurs chrétiennes sont contraires à leur prétention affichée. En effet, le développement de ces principes, loin d'assurer le bonheur et la perfection de l'humanité, la conduisent à une déchéance progressive. Le progrès véritable de l'espèce humaine suppose en effet le sacrifice de ses éléments les plus faibles. Mais c'est précisément au nom de la survie de ceux-là que se prononcent les préceptes évangéliques.
HTML clipboard• Méditer ce texte de Platon (qui ne représente d'ailleurs pas sa position, mais peu importe ici). « La loi est faite par les faibles et par le grand nombre. C'est donc par rapport à eux-mêmes et en vue de leur intérêt personnel qu'ils font la loi et qu'ils décident de l'éloge et du blâme. Pour effrayer les plus farts, les plus capables de l'emporter sur eux, et pour les empêcher de l'emporter en effet, ils racontent que toute supériorité est laide et injuste, et que l'injustice consiste essentiellement à vouloir s'élever au-dessus des autres : quant à eux, il leur suffit, j'imagine, d'être au niveau des autres, sans les valoir. Voilà pourquoi la loi déclare injuste et laide toute tentative pour dépasser le niveau commun, et c'est cela qu'on appelle l'injustice. Mais la nature elle-même, selon moi, nous prouve qu'en bonne justice celui qui vaut plus doit l'emporter sur celui qui vaut moins, le capable sur l'incapable. Elle nous montre partout, chez les animaux, et chez l'homme, dans les cités et les familles, qu'il en est bien ainsi,que la marque du juste, c'est la domination du puissant sur le faible et sa supériorité admise. «  • Méditer ce texte de Freud: « La vie en commun ne devient possible que lorsqu'une pluralité parvient à former un groupement plus puissant que ne l'est lui-même chacun de ses membres, et à maintenir une forte cohésion en face de tout individu pris en particulier. La puissance de cette communauté en tant que « Droit « s'oppose alors à celle de l'individu, flétrie du nom de force brutale. En opérant cette substitution de la puissance collective à la force individuelle, la civilisation fait un pas décisif. Son caractère essentiel réside en ceci que les membres de la communauté limitent leurs possibilités de plaisir alors que l'individu isolé ignorait toute restriction de se genre. Ainsi donc la première exigence culturelle est celle de la « justice «, c'est-à-dire l'assurance que l'ordre légal désormais établi ne sera jamais violé au profit d'un seul. «  • Consulter la « Généalogie de la morale « de Nietzsche.  • Ne pas oublier que le libellé exact du sujet est : « Le besoin de justice n'exprime-t-il que la jalousie des déshérités ? «  • Qu'entendre par « déshérités « ? — « Pauvres « ? — « Misérables « ? — « Faibles « ? — « Exploités« ?

« Dans la République, II, Platon relate un mythe qui illustre l'idée qu"'onne pratique la justice que malgré soi et par impuissance de commettrel'injustice.

Gygès était berger.

Lors d'un tremblement de terreaccompagné d'un orage, la terre se fendit pour laisser apparaître unecrevasse.

Il y descendit et trouva un cheval d'airain, creux à l'intérieur,qui recélait le cadavre d'un géant.

Au doigt de ce cadavre était unebague en or que Gygès déroba pour la passer à son doigt.

Puis ilremonta et assista au soir à une assemblée de bergers qui faisait au roiun rapport sur l'état des troupeaux, et machinalement tourna la bagueautour de son doigt.

Lorsque le chaton de celle-ci était à l'intérieur desa main, il devenait invisible.

S'il le retournait à l'extérieur, il redevenaitvisible.

Conscient de son pouvoir, il s'introduisit dans le palais du roi,séduisit la reine, tua le roi, et s'empara du royaume.

Tout homme dotéd'un tel pouvoir miraculeux, qu'il soit d'un naturel juste ou injuste,n'aura pas le tempérament assez fort pour résister à la tentation d'enuser, pour voler le bien d'autrui, tuer, séduire, "faire comme un dieuparmi les hommes".

Ce récit montre que nul n'est juste par choix maispar contrainte, que l'on ne tient pas la justice pour un bien individuel,et que chaque fois qu'il est possible de commettre l'injustice, on le fait. La justice est une notion inventée par les faibles En règle générale, la loi et la nature se contredisent.

D'un point de vue naturel, le plus grand des maux est desubir l'injustice et non pas de la commettre.

Pour la loi, il ne faut pas commettre l'injustice.

Les lois sont ainsiétablies par les faibles - et pour eux - en vue de se protéger des débordements de force des plus puissants.C'est du point de vue des faibles que la loi décrète ce qui est digne d'éloge ou au contraire blâmable.

Lanotion d'égalité dans la justice obéit au même principe : la même loi pour tous, en établissant une égalité parle bas.

Quiconque n'agit pas comme le fait et le veut la multitude est puni par la loi.

Au contraire, la naturemontre qu'il est juste que le supérieur l'emporte sur l'inférieur, et le plus capable sur le moins capable.

Lanature est le siège d'une lutte de forces, où la plus puissante est destinée à l'emporter et à dominer.

Lesbâtisseurs d'Empires n'ont pas autrement agi, en pillant, massacrant, pour s'approprier et dominer.

Lasoumission à la justice égalitaire est donc le fait des faibles, qui craignent les puissants et sont incapables dedominer. Le discours de Calliclès. "Certes, ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois, j'en suis sûr.

C'est donc en fonctiond'eux-mêmes et de leur intérêt personnel que les faibles font les lois, qu'ils attribuent des louanges, qu'ilsrépartissent des blâmes.

Ils veulent faire peur aux hommes plus forts qu'eux et qui peuvent leur êtresupérieurs.

C'est pour empêcher que ces hommes ne leur soient supérieurs qu'ils disent qu'il est vilain, qu'ilest injuste, d'avoir plus que les autres et que l'injustice consiste justement à vouloir avoir plus.

Car, ce quiplaît aux faibles, c'est d'avoir l'air d'être égaux à de tels hommes, alors qu'ils leur sont inférieurs. Et quand on dit qu'il est injuste, qu'il est vilain, de vouloir avoir plus que la plupart des gens, on s'exprime ense référant à la loi.

Or, au contraire, il est évident, selon moi, que la justice consiste en ce que le meilleur aitplus que le moins bon et le plus fort plus que le moins fort.

Partout il en est ainsi, c'est ce que la natureenseigne, chez toutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités ! Si le plus fort domine le moins fort et s'il est supérieur à lui, c'est là le signe que c'est juste. De quelle justice Xerxès s'est-il servi lorsque avec son armée il attaqua la Grèce (1), ou son père quand il fitla guerre aux Scythes ? Et encore, ce sont là deux cas parmi des milliers d'autres à citer ! Eh bien, Xerxès etson père ont agi, j'en suis sûr, conformément à la nature du droit - c'est-à-dire conformément à la loi, oui,par Zeus, à la loi de la nature -, mais ils n'ont certainement pas agi en respectant la loi que nous établissons,nous ! Chez nous, les êtres les meilleurs et les plus forts, nous commençons à les façonner, dès leur plus jeuneâge, comme on fait pour dompter les lions ; avec nos formules magiques et nos tours de passe-passe, nousen faisons des esclaves, en leur répétant qu'il faut être égal aux autres et que l'égalité est ce qui est beau etjuste.

Mais, j'en suis sûr, s'il arrivait qu'un homme eût la nature qu'il faut pour secouer tout ce fatras, leréduire en miettes et s'en délivrer, si cet homme pouvait fouler aux pieds nos grimoires, nos tours de magie,nos enchantements, et aussi toutes nos lois qui sont contraires à la nature - si cet homme, qui était unesclave, se redressait et nous apparaissait comme un maître, alors, à ce moment-là, le droit de la naturebrillerait de tout son éclat." PLATON, Gorgias, 483b-484a, trad.

Canto, Garnier-Flammarion, 1987, pp.

212-213.. »

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