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Le concept de vie et l'élan vital chez Bergson

Publié le 19/03/2011

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bergson

Dans son important ouvrage L'Evolution créatrice, Bergson étudie avec profondeur le problème de la vie.    L'intelligence, — on l'a constaté déjà et on reviendra sur cette idée, — est incapable de se bien représenter la vraie nature de la vie : « créée par la vie, dans des circonstances déterminées, pour agir sur des choses déterminées, comment embrasserait-elle la vie, dont elle n'est qu'une émanation ou un aspect ? « Notre raisonnement se sent mal à l'aise sur ce nouveau terrain. On serait fort embarrassé pour citer une découverte biologique due au raisonnement pur.    Heureusement une puissance complémentaire de l'entendement, l'intuition, apparentée à l'instinct, nous permet d'approfondir la nature de la vie et d'en découvrir le sens.    Nous avons vu que notre perception découpe les corps bruts dans une matière continue pour des raisons d'ordre pratique, comme le bouclier découpe la viande, ou le tailleur, l'étoffe. Mais le corps vivant est-il un corps comme les autres ?

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« sa force.

L'essentiel, c'est la propagation de la vie.

« La vie apparaît comme un courant qui va d'un germe à ungerme par l'intermédiaire d'un organisme développé.

Tout se passe comme si l'organisme lui-même n'était qu'uneexcroissance, un bourgeon que fait saillir le germe ancien travaillant à se continuer en un germe nouveau.

» Le souffle invisible qui anime les vivants peut, parfois, se montrer à nous en une fugitive apparition.

« Nous avonscette illumination soudaine devant certaines formes de l'amour maternel, si frappant, si touchant aussi chez laplupart des animaux, observable jusque dans la sollicitude de la plante pour sa graine.

Cet amour, où quelques-unsont vu le grand mystère de la vie, nous en livrerait peut-être le secret.

Il nous montre chaque génération penchéesur celle qui qui la suivra.

Il nous laisse entrevoir que l'être vivant est surtout un lieu de passage, et que l'essentielde la vie tient dans le mouvement qui la transmet »... On attendrait ici, — dit un ingénieux commentateur de la philosophie bergsonienne, Albert Thibaudet, dans son livreLe Bergsonisme, — une métaphysique de l'amour, que Bergson ne nous a point donnée, qu'un de ses disciples, peut-être, nous apportera.

« On conçoit une grande et profonde philosophie de l'amour par le Josué dont Bergson n'auraété que le Moïse...

» Recommençons à fixer notre attention sur la continuité de la vie : nous verrons « l'évolution organique se rapprocherde celle d'une conscience, où le passé presse contre le présent et en fait jaillir une forme nouvelle incommensurableavec ses antécédents ». Sans doute bien des savants se rallient au mécanisme qui ne voit dans la vie qu'une forme plus complexe de lamatière brute. Mais « la vie n'est pas plus faite d'éléments physico-chimiques qu'une courbe n'est composée de lignes droites ».Comme l'écrit un histologiste contemporain, « l'étude de la cellule paraît avoir élargi plutôt que rétréci l'énormelacune qui sépare du monde inorganique les formes même les plus basses de la vie ». On combattrait victorieusement le mécanisme en montrant que, sur les lignes d'évolution les plus divergentes, la viefabrique des appareils identiques par des moyens dissemblables.

Chez les végétaux et les animaux, qui ont évoluésur des lignes indépendantes, des progrès parallèles se sont accomplis dans le sens de la sexualité : la fécondationest analogue, et la préparation des éléments sexuels se poursuit dans des conditions semblables.

De même, dans lesespèces animales les plus différentes, l'œil a une structure tout à fait analogue.

L'œil d'un mollusque tel que lepeigne, présente une structure très proche de celle de notre œil, alors que mollusques et vertébrés se sont séparésde leur tronc commun bien avant l'apparition d'un œil aussi complexe que celui du peigne. Par une minutieuse discussion portant sur cet exemple précis, Bergson montre que les différentes théoriesévolutionnistes interprétées d'une façon mécaniste ne peuvent rendre compte de la structure compliquée d'un telorgane.

Une théorie mécanistique assimile l'œil à une machine ; elle nous fait assister à la construction graduelle dela machine sous l'influence dès circonstances extérieures ; mais elle n'arrive pas à expliquer la corrélation des partiesde l'œil, indispensable à la vision. Au mécanisme s'oppose le finalisme, qui prête à la nature des intentions analogues aux intentions humaines.

Ilsoutient que les parties ont été assemblées en vue d'un but sur un plan préconçu.

C'est assimiler le travail de lanature à celui de l'ouvrier, qui procède par assemblage de parties, pour réaliser un projet fait d'éléments déjàconnus, pour imiter un modèle donné d'avance.

La nature, qui crée sans cesse du nouveau, n'opère pas ainsi. Mécanisme et finalisme sont des points de vue où l'esprit humain a été conduit par le spectacle du travail del'homme.

Tous deux assimilent Y organisation à une fabrication.

Il faut dépasser le point de vue de la causalitémécanique et celui de la finalité anthropomorphique.

Il faut revenir à l'idée d'« un élan originel de la vie, passantd'une génération de germes à la génération suivante par l'intermédiaire des organismes développés qui forment entreles germes le trait d'union ». L'élan vital étant commun aux espèces les plus divergentes, celles-ci devront, sur certains points, évolueridentiquement. Si un organe comme l'œil est compliqué à l'infini, une fonction telle que la vision est une fonction simple.

« L'œil,avec sa merveilleuse complexité de structure, pourrait n'être que l'acte simple de la vision.

» Soit le tableau d'unartiste génial.

On pourrait l'imiter avec des carreaux de mosaïque multicolores.

Supposons nos yeux ou notre espritainsi faits qu'ils ne puissent voir dans un tableau qu'un travail de mosaïque.

En parlant d'un assemblage de petitscarreaux, — hypothèse mécanistique, — en supposant un plan préconçu fourni au mosaïste, — hypothèsefinalistique, — nous n'atteindrions pas le processus réel, car il n'y a pas eu de carreaux assemblés.

Le tableau est unacte simple, la projection, sur une toile, d'une intuition indivisible ; c'est nous qui le décomposons en mille petitscarreaux.

« L'œil, avec sa mer veilleuse complexité de structure, pourrait n'être que l'acte simple de la vision, entant qu'il se divise pour nous en une mosaïque de cellules, dont l'ordre nous semble merveilleux une fois que nousnous sommes représenté le tout comme un assemblage ». Le mouvement de ma main allant de A en B est, senti du dedans, un acte simple ; aperçu du dehors, c'est leparcours d'une certaine courbe.

L'intelligence croit reconstituer ce mouvement en assemblant des points.

Or legeste n'est pas intelligent, au sens humain du mot, et ce n'est pas un assemblage, car il n'est pas fait d'éléments.

«. »

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