Le desir
Publié le 01/05/2016
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«
sinon pour ce qu'il en use bien ou mal." ( Descartes , Les passions de l'âme.) Examinons cette
définition : Descartes invite l'être humain à se ressaisir de ce qui lui appartient véritablement, à
savoir l'usage de ses volontés reprenant à son compte la distinction faite par Epictète évoquée
plus haut.
Mais il y a aussi une dimension morale et existentielle dans cette définition :
s'efforcer d'être acteur de ses volontés, donc de sa vie, c'est aussi parvenir au seul contentement
possible, puisque j'ai alors du mérite sur ce que je réalise par moi-même plutôt que de le
recevoir par hasard ou par une imposture .
Car l'usage de la volonté est source de mérite : je
peux être alors "loué ou blâmé" comme le dit Descartes pour ce qui m'arrive (par ex.
un 12 sur
20 obtenu avec du travail et des efforts me contentera davantage qu'un 16 sur 20 obtenu en
trichant.) Et ce que j'obtiens parce que je l'ai mérité me donne confiance en moi, cad produit
l'estime de moi-même.
Voilà donc bien des vertus fondamentales, sans compter que cet usage
de la volonté saura aussi me garantir du regret (par ex.
si j'ai travaillé beaucoup pour avoir mon
baccalauréat et que je ne l'ai pas, je suis déçue et malheureuse, mais je ne peux pas m'en vouloir
cad regretter de ne pas avoir fait tout ce qu'il fallait...)
2) L'art de vivre épicurien : le calcul des plaisirs et des peines .
Le but de la sagesse antique est le bonheur, aussi l'examen des désirs humains répond-il d'abord
à un souci existentiel plutôt qu'à une volonté moralisatrice et mortifère.
C'est en tout cas la
position d'Epicure et si la philosophie est fondamentale, elle ne l'est pas tant comme discipline
de l'esprit qui serait désolidarisée de la vie que comme moyen de parvenir au bonheur.
Nous
comprenons par là que le bonheur , seule finalité de l'existence, passera nécessairement par
l'exercice du jugement : l'examen et la compréhension juste de toute chose la démystifie alors,
en dissout le pouvoir aliénant et libère des peurs que les erreurs de jugement font souvent
naître (et il n'y a pas de bonheur sans sérénité, l'ataraxie est l' absence de trouble de l'âme.)
La philosophie nous permettra d'avoir des représentations adéquates sur les choses : par ex.
lorsque je désire que les dieux me récompensent ou lorsque que je redoute qu'ils me punissent,
c'est parce que je n'ai pas d'eux une représentation qui correspond à ce qu'ils sont vraiment.
Si
j'avais compris que les dieux ne sont pas comme nous cad qu'ils ne sont pas inclinés par des
affects humains (l'espérance et la crainte), alors je cesserais de concevoir une fausse piété,
mâtinée de peur, qui est davantage superstition que foi véritable.
Il en est de même pour le désir
d'immortalité ; nous n'avons ce désir que parce que nous avons des pensées inadéquates : nous
pensons que tout ne meurt pas avec la disparition du corps, la matière.
Or, pour Epicure, tout est
sensation et c'est en elle que résident le plaisir et la douleur.
La mort est donc absence totale de
sensations : nous ne sentons plus rien.
Pourquoi alors redouter ce qui n'est plus rien ? Par
ailleurs, nous ne sommes jamais contemporains de notre propre mort : quand nous sommes là,
la mort n'est pas et quand elle est là, c'est nous qui n'y sommes plus.
Nous ne pouvons faire
l'expérience de notre propre mort, c'est une rencontre impossible (mais nous faisons
l'expérience de la mort d'autrui bien sûr...) Aussi la pensée de la mort est-elle une pensée sans
objet .
Et c'est pourtant cette pensée qui fait naître la peur de la mort qui alimente à son tour le
désir fou d'y échapper..
»
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