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Le désir suppose-t-il la connaissance préalable de son objet ?

Publié le 10/01/2005

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Sa visite chez le boucher indique déjà par elle-même qu'il a une connaissance - plus ou moins déterminée, mais connaissance tout de même - de ce qu'il désire. Alors, à quoi bon demander si l'objet du désir doit être connu avant d'être désiré ?Toutefois la deuxième façon de poser la question, en insistant d'abord sur le sentiment du désir, sans préjuger de l'objet qui lui correspond, suggère d'autres situations que celle que nous venons de décrire. Par exemple, imaginons cette fois un magasin de jouets, de toutes sortes de jouets, et l'enfant que nous avons été, et que nous sommes peut-être encore, invité à choisir un cadeau entre tous ces cadeaux possibles. L'objet, ici, n'a pas d'autre détermination que d'être « quelque chose qui fasse plaisir ». Ne peut-on même dire que l'objet est le plaisir lui-même, « le meilleur des plaisirs possibles », pour lequel il s'agit maintenant de trouver une chose qui lui corresponde, une chose pour ainsi dire porteuse de ce plaisir désiré ? Certes, il est possible que le choix de l'enfant se dirige immédiatement sur l'objet « dont il a toujours rêvé », mais il est au moins aussi fréquent, surtout s'il n'est pas préparé à cette visite chez le marchand de jouets, de le voir hésiter, procéder plutôt par élimination (pas ça, ni ça...), au point d'impatienter l'adulte qui l'accompagne : « Tu ne sais pas ce que tu veux », proche de «Tu ne connais pas l'objet de ton désir », où paraît justement aller de soi que l'enfant devrait connaître l'objet de son désir. Ce rappel à l'ordre peut même aller plus loin, jusqu'à désapprouver le choix final : « Tu n'as pas besoin de ça » ou « Qu'est-ce que tu vas faire avec ça ? » L'objet du choix est alors jugé selon des critères d'utilité qui définissent sa place parmi d'autres objets connus avec lesquels il doit raisonnablement s'accorder sous peine d'être éliminé comme superflu.

« Selon Deleuze, « Autrui représente ma possibilité de désirer ».

De ce fait, il est indispensable de connaître la nature de son désir pour avoir la possibilité dele désirer.

Nous pouvons en déduire que la connaissance préalable de l'objet de son désir est essentiel à la volonté de satisfaire ou non celui-ci.Cependant, dans certains cas, la connaissance de son désir n'est pas nécessaire notamment dans la passion sexuelle.

En effet, d'après Les passions del'âme, (CCXI) « Les passions sont toutes bonnes de leur nature et nous n'avons rien à éviter que leurs mauvais usages et leurs excès », Descartes yreprésente le fait que lorsqu'un être est en état de manque, il subviendra obligatoirement et excessivement à ses désirs sans en connaître réellementl'objet.Le désir suppose-t- il donc la connaissance préalable de son objet ?Ce questionnement met en valeur les différentes dimensions du désir, celles-ci étant la force consciente, la pulsion sublimée (l'inconscient) et la forcecréatrice. Le désir est représenté comme étant un état psychique, une force intérieure dont j'ai conscience et dont je connais l'objet.

De par la conscience, l'Hommeest entrainé dans la complexité du désir : il désire, il le sait et il sait qu'il désire et ce qu'il désire.

L'objet de son désir est représenté par l'idée que l'Hommese fait de celui-ci.

Le rôle de la raison est d'évoquer de manière cohérente les choses.

A partir de l'objet représenté, le désir est suscité et la pensée aide aurenouvellement de nos aspirations en introduisant devant notre regard de nouvelles envies.

Ainsi, de par notre pensée, notre force consciente, l'hommeconnaît préalablement et au fond de lui l'objet de ces désirs.

Un nouveau facteur entre en jeu, la publicité agit de la même manière que la pensée, eninstallant devant l'œil humain des nouveaux produits sans cesse renouvelés que l'Homme voudra obtenir (On constate, d'ailleurs, que l'œil humain observeplus de 5000 publicités de la naissance à la majorité).

On peut donc dire que ce « marchand de rêve » contrôle nos désirs et notre subjectivité ne nousappartient plus.

Notre seule échappatoire est construite autour de la raison qui nous aide dans notre maitrise de nous même et de nos passions. La pensée est consciente et l'Homme la connaît et peut la maitriser.

A travers cette maitrise, il peut orienter ces désirs.

L'idée de maitrise du désir estdéveloppée par la théorie épicurienne du temps de la philosophie de l'Antiquité grecque.

Le concept « raison » est ainsi expliqué comme étant un principed'harmonie qui régule le monde dans le but d'éviter une vie chaotique.

L'épicurisme professe que pour éviter la souffrance et le chaos dans le monde entier,nous avons tout intérêt à éviter les sources de plaisir n'étant ni naturelles, ni nécessaires (l'exemple des excès de nourriture) et favoriser en contre partiele bonheur et la raison.

La théorie épicurienne est ainsi développée à travers ces citations « Parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires pour lebonheur, les autres (…) pour le fait de vivre » et « Lorsque nous disons que le plaisir est le souverain du bien, nous ne pensons pas aux plaisirs desdébauchés ni à ceux qui consistent dans les jouissances physiques.

(…) Le plaisir dont nous parlons consiste dans l'absence de souffrance physique et detroubles de l'âme » Ainsi, on différencie les désirs superflus aux désirs naturels et biologiques basés sur la nécessité de vivre (boire, manger,…).

Dans cecontexte, l'Homme est préalablement connaisseur de l'objet de ses désirs par la conscience de soi et par déduction, l'Homme contrôle ses besoinsbiologiques et prend lui-même la décision de les satisfaire ou non. Néanmoins, après de nombreuses découvertes et expériences, on apprend une nouvelle définition du désir.

En effet, le désir dans ce cas est mêlé non pas àla conscience mais à l'inconscience.

On sous-entend ainsi que le désir échappe à la raison, qu'il est donc irrationnel mais aussi insatiable, de plus, il peutparaître parfois instable voire violent.

A insi, la découverte de l'inconscient marque une nouvelle étape dans l'approche du désir. L'inconscient joue un rôle primordial pour le désir.

En effet, ce rôle lui est attribué en tant que passion sublimée.

Le désir méconnait la réalité et il estdéveloppé par l'inconscient en étant ciblé sur le désir lui-même et non pas sur l'objet du désir.

En effet, la passion ressentie par l'individu ne prends pas encompte le sujet désigné, il ne soucie guère de celui-ci, il porte un intérêt essentiellement tourné vers la passion qui l'intéresse plus que tout.

Prenonsl'exemple de Don Juan, celui-ci assouvit ses désirs par la séduction des femmes, celles-ci en elle-même ne l'intéresse que très peu.

La sublimation est unprocessus de détournement de l'obstacle du refoulement dans le but de satisfaire ses pulsions, ses « jouissances ».

Par ce processus, l'individu arrive àimaginer un objet capable de le satisfaire, il l'intériorise, l'idéalise et le « savoure » dans son être intérieur.

En effet, dès que son désir est choisi etdéterminé, il est complètement omnibulé par celui-ci et le considère comme un but à réaliser.

Il peut même en venir à être instable et violent dans le but del'acquérir et la condition d'insatiabilité est donc admise.

En conclusion, on peut dire que l'inconscient est une dimension du désir qui ne peut qu'être pris encompte par les philosophes qui étudient ce concept.Néanmoins, l'individu, par trop d'idéalisation et de rêve, en vient souvent à être déçu par son désir lorsqu'il l'obtient.

Ainsi, le désir ne connaît paspréalablement son sujet puisque cette passion sublimée développée par l'inconscient l'empêche d'en prendre conscience.

Le désir de l'individu est doncerroné par cette pulsion sublimée. Malgré le fait que l'inconscient joue un grand rôle dans la création et l'évolution du désir, un autre paramètre est présenté : la puissance créatrice.

En effet,on constate à postériori que, sans désir sur Terre, nulle œuvre fondamentale a l'Homme et à son monde aurait été construite. Dans cette troisième et dernière partie, le désir est considéré non pas comme un manque à l'Homme mais comme une force créatrice.

En effet, le désirdonne aux choses leur présence par l'idéalisation de celui-ci ; la citation de Spinoza en témoigne : « Je n'aime pas une chose parce qu'elle est belle, elle estbelle parce que je l'aime ».

Dans ce contexte, Spinoza en déduit que sans désir, peu de choses dans le monde seraient belle puisque personne ne les auraitdésirés et aimés.

De plus, on constate que tous les grands événements qui ont marqué l'Histoire ont été réalisés par des Hommes qui avaient un énormedésir de les réaliser.

Comment Einstein aurait découvert les lois de la relativité s'il n'était pas passionné par les sciences et les recherches ? ou commentFreud aurait il pu découvrir l'Hypnose sans passion de l'Homme.

Ainsi, leurs passions et leurs envies les ont poussés à transformer le monde par leurcréation et leur découverte en dépassant leurs limites, les obstacles, les incompréhensions,… Le désir représente donc un facteur essentiel à la création deprojets puisque ceux-ci passeront de l'état d'illusion à un état de réalité.

Ainsi, notre force créatrice nous pousse à façonner le monde et pas seulementnotre imaginaire.

Notre désir peut donc être dénommé comme étant un producteur de richesses réelles ou une force créatrice. A travers cette étude des diverses dimensions du désir, nous avons découvert que seulement par la conscience, l'Homme est capable de connaîtrepréalablement le sujet de son désir par la force consciente, il découvre ainsi un objet de désir.

Les désirs servent souvent à l'Homme dans sa recherche dereconnaissance et ceci peut aboutir à la prise de conscience entière de lui-même et de ce qu'il est.. »

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