Devoir de Philosophie

Le déterminisme universel peut-il être contesté ?

Publié le 14/02/2004

Extrait du document

Déterminisme Relation nécessaire entre une cause et son effet. On parle de déterminisme naturel pour désigner le fait que tous les phénomènes naturels sont soumis à des lois nécessaires d'enchaînement causal.L'affirmation selon laquelle tout est soumis une fois pour toutes à une nécessité universelle est-elle un principe imposé par la raison et confirmé par les sciences, ou un postulat métaphysique, c'est-à-dire un présupposé indémontrable et irréfutable par la connaissance positive ? En tant que conception générale de l'univers, il s'agit d'un postulat excluant toute vérification expérimentale. Les philosophes stoïciens voient la nécessité dans la nature ; des théologiens dans la volonté de Dieu ; d'autres penseurs dans l'histoire. Au XIXe siècle, le mathématicien et astronome Laplace en donne une formulation scientifique : tout ce qui se produira dans l'avenir est contenu dans la situation de l'univers à l'instant précédent. Celui qui connaîtrait l'ensemble de ses éléments à un instant donné connaîtrait toute la suite de l'histoire de l'univers.Cette présentation soi-disant scientifique de la nécessité universelle a été contestée comme n'étant que le déguisement d'un postulat métaphysique. Bachelard a objecté au déterminisme de Laplace que les sciences sont des disciplines distinctes, régionales, limitées chacune à un domaine particulier, bref des systèmes séparés les uns des autres. Puisqu'il n'y a pas de science possible de la totalité de l'univers, le point de vue d'où Laplace juge que tout est absolument prédéterminé est non scientifique.

 Le déterminisme universel est-il une conception qui corresponde objectivement à la réalité des phénomènes ou bien n’est-elle que le reflet d’un idéal de la raison – ou de l’imagination –, une projection de la raison qui projette sur le monde un ordre intégral qu’il ne saurait en réalité posséder ? C’est donc l’adéquation du déterminisme universel relativement à l’objectivité du monde qui sera le critère de discrimination pour déterminer si une telle conception possède une quelconque valeur scientifique.

Il s’agit donc, au fond, de savoir si le déterminisme universelle constitue un véritable principe de la raison – et qui trouverait son pendant dans les sciences et l’expérimentation – ou si, à l’inverse, il n’est qu’un idéal métaphysique reflétant le désir insatiable de la raison de tout connaître, mais n’ayant lui-même aucune réalité objective.

« point, su découvrir l'enchaînement implacable de cause et d'effet).

De la même manière, une telle conceptionn'est-elle pas destructrice de tout libre arbitre dans la mesure où le déterminisme universel touche aussi à lavolonté humaine. · C'est donc en fait les enjeux que pose la doctrine du déterminisme universel qui sont ici mis à la question. A quelle condition le déterminisme est-il acceptable et non coûteux pour la liberté humaine ? Dans quellemesure peut-il s'accorder avec elle ? Une telle position n'est-elle pas trop radicale pour ne pas devoir êtrerejetée ? Problématique Le déterminisme universel est-il une conception qui corresponde objectivement à la réalité des phénomènesou bien n'est-elle que le reflet d'un idéal de la raison – ou de l'imagination –, une projection de la raison qui projettesur le monde un ordre intégral qu'il ne saurait en réalité posséder ? C'est donc l'adéquation du déterminisme universelrelativement à l'objectivité du monde qui sera le critère de discrimination pour déterminer si une telle conceptionpossède une quelconque valeur scientifique. Il s'agit donc, au fond, de savoir si le déterminisme universelle constitue un véritable principe de la raison – et quitrouverait son pendant dans les sciences et l'expérimentation – ou si, à l'inverse, il n'est qu'un idéal métaphysiquereflétant le désir insatiable de la raison de tout connaître, mais n'ayant lui-même aucune réalité objective. Plan I- Le déterminisme universel : une conception objective du monde en même temps qu'un horizon àatteindre Spinoza tire, après Galilée et Descartes, jusqu'à ses extrêmes conséquences les leçons de l'abandon del'aristotélisme : la nécessité qui relie les phénomènes entre eux, et les enchaîne implacablement, est de mêmenature que celle qui relie des propositions mathématiques.

Tout ce qui se produit dans la nature arrive avec lamême nécessité que le fait que les trois angles d'un triangle soient égaux à deux droits.

L'ordre du monde est tel qu'il est.

Il ne peut être autre qu'il n'est (puisqu'il est divin et que Dieu et la Naturese confondent).

Nous n'avons pas à le regretter ni à nous en réjouir.

La question de la possibilité d'un autreordre des choses est anthropocentrique ; elle se pose à notre imagination et non à notre raison.

Ledéterminisme universel serait donc du côté de la raison tandis que le désordre et l'ordre finalisé (en tant qu'il seréalise imparfaitement dans la matière chez Aristote, et donc crée du désordre) serait à mettre du côté del'imagination.

La sagesse consiste à s'élever à ce point de vue rationnel et, à cet égard salvateur, qui consisteà contempler l'enchaînement nécessaire des choses, avec la même sérénité que celui qui contemplel'enchaînement admirable des propositions des Eléments d'Euclide. æ « Et comme ceux qui ne connaissent pas la nature des choses, n'affirment rien qui s'applique à elles, maisles imaginent seulement et prennent l'imagination pour l'entendement, ils croient donc fermement qu'il y a enelles de l'ordre, dans l'ignorance où ils sont de la nature tant des choses que d'eux-mêmes.

» (Ethique, appendice Livre I) Nous admirons l'ordre ou rejetons le désordre, nous les « imaginons », dans l'ignorance où nous sommes de la nécessaire disposition des choses.

En fait, l'ordre nécessaire (mathématique) quenotre raison est à même de concevoir exclut l'ordre finalisé que notre imagination nous fait admirer dans lemonde vivant, et qui fondait en grande partie l'aristotélisme.

On ne saurait, dans cette perspective, rejeterle déterminisme universel sans, du même coup, rejeter la raison elle-même. Cette conviction est d'ailleurs à rattacher à celle d'un déterminisme intégral, que l'on retrouve notamment chezLaplace, mathématicien-astronome du XIXè siècle : Le désir d'ordre est donc un idéal de la raison humaine,mais qui à cause de sa finitude et des limites inhérentes à sa propre nature ne peut parvenir à accomplirparfaitement ce désir.Le déterminisme universel semble même fonctionner là où pourtant semble règne le pur chaos.

Ainsi Poincaré amis en forme ce qu'on appelle les « maths du chaos » : ce dernier a montré que les équations requises pourdécrire un système dynamique (comme le système solaire évoluant dans le temps) peuvent varierconsidérablement si leurs données initiales diffèrent un tant soit peu.

On appelle « chaotiques »des systèmesdynamiques qui sont ainsi sensibles aux conditions initiales.

La moindre variation de mesure sur l'état initial d'unsystème a des effets qui croissent de façon exponentielle avec le temps sur les mesures de son état futur.

Apartir de mesures approchées, à peine différentes, les prévisions sur l'évolution du système divergeront peupour ce qui est de son futur proche, et considérablement pour ce qui est de son futur plus lointain.L'impossibilité de prévoir la météo au-delà de quelques jours en est une bonne illustration.

Le plus remarquablec'est que cette imprédictibilité de systèmes chaotiques, sensibles aux conditions initiales, concerne dessystèmes relativement simples dont la description maths n'exige par la prise en compte d'un grand nombre deparamètre ou de variables (il suffit seulement que les variables soient supérieures à deux.Conséquences : le désordre ne tient pas à la complexité apparente d'un phénomène observable ; cette complexité émerge au sein de phénomènes déjà simplifiés pour la faciliter des calculs.

En sorte qu'il y a unelimite de nos possibilités de connaissance, qui est due à une complexité du réel lui-même, complexité enquelque sorte non parfaitement ordonnable.En réalité, la où nous ne voyons pas d'ordre nous ne voyons pas de nécessité, et là où nous ne voyons pas denécessité, nous voyons du hasard.

Mais le désordre des systèmes chaotiques n'est pas le fait du hasard roi.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles