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l'objectivité de la science suppose t elle un déterminisme universel ?

Publié le 28/11/2005

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OBJECTIF, OBJECTIVITÉ

Phi. Pour les scolastiques et les cartésiens, s'applique aux idées ou représentations de l'esprit, objets de pensée, et non aux choses elles-mêmes qui sont représentées. Ainsi, seules les idées ont une « réalité objective ». Par ex., l'idée objective de soleil est le soleil « en tant qu'il existe dans l'entendement » et non « en tant qu'il est au ciel ». S'oppose ici à formel. Crit. Kant n'appelle pas objective une réalité subsistant indépendamment de toute connaissance (car une telle réalité ne peut précisément pas être connue), mais ce qui est valable pour tous les esprits. Dès lors, si subjectif s'applique à ce qui est une propriété de la pensée en général (par opposition à ce qui est sans être pensé), alors objectif et subjectif ne s'opposent pas. En revanche, quand subjectif désigne ce qui est propre au sujet individuel (contrairement à ce qui est commun à tous les êtres raisonnables), l'opposition de ce qui est objectif et de ce qui est subjectif a un sens. Ainsi, cette distinction est ici davantage une distinction de droit que de fait. Est objectif ce qui est commun à plusieurs êtres pensants, et pourrait de droit être commun à tous : ce qui peut fonder un accord universel. Mor. L'opposition de subjectif et objectif recoupe dans la morale kantienne celle des fins strictement individuelles et des fins universellement valables, qu'elles soient ou non reconnues de fait pour telles. Les principes pratiques sont subjectifs quand le sujet considère qu'ils ne valent que pour sa seule volonté; ils sont objectifs quand leurs prescriptions sont reconnues comme valables pour tout être raisonnable.

UNIVERSEL, UNIVERSALITÉ (lat. universolis)

Gén. Soit qui s'applique à tout l'univers (le déterminisme universel), soit qui s'étend en droit à tous les hommes (le suffrage universel : droit pour tous de voter). loi, droit. Log. Une proposition universelle est celle dont le prédicat ou attribut s'applique à l'ensemble des individu composant l'extension du sujet. Par ex. : tous les hommes sont mortels. S'oppose à particulier. La propriété qu'ont les jugements d'être universels ou particuliers s'appelle quantité.

DÉTERMINISME (lat. determinare, marquer les limites)

Gén. Ensemble des conditions nécessaires à la production d'un phénomène. Épist. Par extension, désigne la doctrine qui postule que tous les phénomènes sont liés entre eux par des lois constantes et universelles. Cette doctrine prétend surtout que l'invariabilité de ces lois (les mêmes causes produisent les mêmes effets) autorise la prévision scientifique. L'astronome Laplace est sans doute le premier à formuler clairement le principe du déterminisme universel: « Nous devons envisager l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur et comme la cause de ce qui va suivre. » Déterminisme et liberté. Déterminisme et liberté ne sont pas nécessairement contradictoires. En effet, le déterminisme, contrairement au fatalisme (destin), ne suppose pas que tout soit réglé d'avance : le déterminisme naturel est aveugle, autrement dit la nature n'agit selon aucune fin (opposé à finalisme). Par ailleurs, la connaissance des causes qui déterminent nécessairement tel effet peut permettre aux hommes d'accroître leur puissance d'agir. Par ex., la connaissance de la loi de la chute des corps permet la construction du parachute. Avec Spinoza, on pourrait donc dire que nécessité et liberté ne s'opposent pas, que « la liberté, c'est la nécessité comprise ».

« concret à l'abstrait.

L'objectivité scientifique, comme Bachelard l'a montré en des analyses devenues classiques, n'est jamais adhésion immédiate à un objet concret, mais, bien au contraire,mise à distance des pensées naissant de la première observation.

Mesure etmathématisation permettent de construire un objet hautement scientifique etces démarches sont aux antipodes de l'adhésion première à l'objet(empirique).

Dès lors toute objectivité scientifique dément le premier contactavec l'objet.

Loin de se borner aux faits limités à une constatation, la scienceobjective opère une rationalisation.

Ainsi peut-on, avec Bachelard, prendrel'exemple du phénomène de la rosée.

« Si la rosée tombait du ciel ou si ellesortait des plantes, elle ne susciterait qu'une bien courte problématique.

Lephénomène de la rosée est rationalisé par la loi fondamentale de l'hygrométrieliant la tension de vapeur à la température.

Appuyé sur la rationalité d'unetelle loi, on peut, sans contestation possible, résoudre le problème de la rosée» (Bachelard, Le rationalisme appliqué, PUF, 1949).Ainsi, parler d'objectivité, c'est parler de mathématisation et aussi de loisscientifiques, c'est-à-dire de rapports mathématiquement exprimables entredes phénomènes.

Or, tout se passe comme si, en un premier mouvement, ladémarche scientifique objective avait aperçu, dans la légalité elle-même, leprincipe du déterminisme.

La recherche de l'objectivité, démarche abstraite,fait appel au concept de loi.

Mais le principe de la loi semble porter en lui-même, au coeur de son fonctionnement interne, le déterminisme absolu etuniversel, dont Laplace nous a laissé une formulation célèbre.

Le présupposé de toute démarche objective apparaît alors comme la prévisibilité absolue.

Sans cette dernière, nulle constructionthéorique valable permettant de s'évader de l'immédiateté illusoire.

En somme, le déterminisme universel serait leprincipe de base qui commanderait toute la démarche scientifique.

Si la science est une organisation objective, elleobéit à des lois et il s'ensuit que tout est déterminé et prévisible.La démarche objective de la science semble donc inséparable des lois scientifiques et de l'ordre souverain des loisde la nature.

Le déterminisme, envisagé sous cette forme, est universel, absolu, impeccable et irrévocable.

Nous nepouvons le concevoir dans sa plénitude, mais un démon, capable d'observer l'ensemble de l'univers à un instantdonné, pourrait reconstituer tous les événements passés et prédire tous les événements futurs. 2.

Antithèse a) Objectivité et relations d'incertitude Néanmoins, il semble possible de réexaminer les concepts d'objectivité scientifique et de déterminisme pour tenterd'appréhender le problème posé sous un jour nouveau.L'objectivité scientifique, disions-nous, c'est la ruptureavec l'objet immédiat, le refus des pensées qui naissent de la première observation.

Cette approche objective estrationnelle, elle est guidée par la mathématique, elle se dirige vers la loi, tentant d'appréhender l'ordre des choses.Or, la réflexion moderne, creusant cette notion d'objectivité scientifique, s'est aperçue que, précisément, la rupturede plus en plus complète avec l'objet immédiat, avec les représentations concrètes, nous conduisait très loin dudéterminisme absolu de Laplace.

En d'autres termes, l'objectivité signifie le refus de l'évidence première et sensible,refus qui conduit bien loin de la prévisibilité.

Ce mouvement est tout à fait net dans la sphère de la microphysique.Dans ce domaine, toute représentation concrète de la réalité est absolument abandonnée.

« L'objectivité » enmicrophysique, c'est au fond la pénétration et l'approche dans une sphère de plus en plus « idéale » (l'atome existe-t-il vraiment ?).

Or, en même temps qu'il abandonne les représentations concrètes en microphysique, le savants'engage dans la simple régularité statistique, comme en témoignent les relations d'incertitude d'Heisenberg (1927).Ces relations d'incertitude sonnèrent le glas du déterminisme absolu.

Elles conduisent à montrer qu'à l'échelleatomique la mesure de la position interdit toute détermination précise de la vitesse des particules.

Donc, il n'est paspossible de prévoir rigoureusement un phénomène.Ainsi, au niveau microphysique, l'approche « objective » nous conduit vers des particules qui ne peuvent plus êtreconsidérées comme des objets élémentaires clairement définissables.

Ces particules se brouillent et s'indéterminent.Désintégrées, elles ne relèvent plus que de simples régularités statistiques.

Exit le déterminisme universel deLaplace! b) Vers l'indéterminisme? Mais les recherches épistémologiques contemporaines vont encore beaucoup plus loin.

Ainsi soulignent-elles quel'approche objective, même en physique classique, ne présuppose pas davantage le déterminisme.

Les travaux dePopper témoignent de cette évolution de pensée.

Loin de réserver à la microphysique et à la mécanique quantique le« privilège » de l'indétermination, loin d'évoquer cette sphère de la mécanique quantique comme le lieu d'uneexception éventuelle au déterminisme, Popper montre que l'objectivité scientifique est toujours compatible avecl'indéterminisme, quelle que soit la sphère envisagée.

Ainsi Popper souligne-t-il que le déterminisme laplacien n'estpas fondé et, qui plus est, qu'il n'est requis ni par la physique « classique », ni par la physique contemporaine.A la limite, l'objectivité de la science ne semble donc nullement présupposer le déterminisme universel.

Tout sepasse, apparemment, comme si le déterminisme était rejeté dans les oubliettes de l'histoire et de la pensée. 3.

Synthèse. »

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