Devoir de Philosophie

Le domaine de la liberté commence-t-il là où s'arrête la liberté ?

Publié le 09/03/2009

Extrait du document

Est-ce que ça signifie que la liberté ne se comprend ou ne se connaît que à partir de ce qui la menace ? N'existe-t-elle, en quelque sorte, que négativement, comme un combat contre ce qui la menace ?

Ca veut également alors dire autre chose : que la liberté est quelque chose de difficile, qui se travaille, qui s'acquiert... et qu'on ne naît pas libre !

Il faut donc d'abord partir de l'opinion commune sur la question, comme dans toute dissertation de philosophie. On peut alors dire qu'on ne voit pas en quoi on pourrait aller en faveur de l'énoncé, ça paraît absurde ! La liberté existe au contraire là où rien ne la menace, où elle ne rencontre aucun obstacle, aucune limite, aucune contrainte ! N'est-ce pas cela, la définition même de la liberté ?

Mais il faut évidemment critiquer cette thèse, en montrant que ce n'est pas là la véritable liberté ! La liberté ne se pense pas comme absence de toute contrainte, ne serait-ce parce que être libre c'est comprendre ce qu'on fait, c'est réfléchir sur ses actes, etc.

« repos mérité une fois le travail accompli, mais le loisir vain et stérile.

En ce sens l'oisif est assimilé auparesseux dans la mesure où il refuse le travail pour s'adonner à l'inaction.

Cette distinction ne se fonde passeulement sur une différence extérieure, une différence de comportement.

Le travail ne consiste passeulement en une activité physique visant à transformer les choses, mais il occupe aussi l'esprit.

L'oisiveté deson côté ne consiste pas seulement en une absence d'action, de production, mais en un esprit séparé de toutobjet réel, livré seulement à lui-même : un esprit oisif ne s'adonnerait qu'à des pensées oiseuses, vides desens, vaines et futiles. 2.

...

comme une source de vices à son remèdeC'est à ce titre que l'oisiveté est condamnée comme source de vices.

Si elle est condamnée par le senscommun, ce n'est pas tant en effet parce qu'elle ne produit pas d'objets extérieurs (à ce titre le repos ou lesommeil seraient eux aussi condamnables) que parce qu'elle laisse l'esprit seul avec lui-même : l'oisivetéencourage le vice ou le produit parce que l'homme oisif n'a rien d'autre à faire qu'à s'y adonner, parcequ'aucun travail, aucune activité ne vient l'occuper.

Le travail, en imposant une activité pénible, n'est passeulement à recommander parce qu'il permet à l'homme de subvenir à ses besoins vitaux, mais aussi parce qu'illui procure une occupation.

Etre occupé par un travail, c'est avoir une vie réglée par des contraintesextérieures qui m'intègrent dans des rapports sociaux, me socialisent, m'humanisent.

En ce sens, la morale quicondamne l'oisiveté et voit dans le travail un remède est essentiellement utilitaire ou sociale : il estavantageux à tous et à l'ensemble de la société que chacun travaille ; le travail est l'un des fondements de lavie de l'homme en société. II.

La valeur de l'oisiveté 1.

Oisiveté et ennuiKierkegaard, avant d'examiner les fondements de ce présupposé partagé aussi bien par le sens commun que lasociologie, s'attache à délivrer l'oisiveté de ce blâme dont elle est entachée.

Pour ce faire, il distinguesoigneusement l'oisiveté de l'ennui.

L'ennui est en effet l'état de l'âme de celui qui, n'ayant rien à faire, estplongé dans l'insatisfaction de soi, laquelle peut aller jusqu'au dégoût de soi ou à la mélancolie.

L'ennui est lafaçon dont je peux éprouver ma propre inaction, mais n'accompagne pas toujours cette dernière.

L'oisiveté enrevanche n'est pas un état d'âme ou un sentiment, mais d'abord l'état de celui qui ne vaque pas à un travail.En ce sens l'oisiveté est l'otium des Latins, la skholé des Grecs, thème de toute une réflexion philosophiquedepuis Aristote.

L'oisiveté, c'est la vie scolastique, scolaire, qui est la vie de l'homme libre par excellence.

Pourles Anciens, l'oisiveté n'est pas un vide, mais au contraire la vie la plus remplie qui soit.

L'oisiveté est le fait decelui qui n'a pas à subvenir à ses besoins, et qui, affranchi de la nécessité, peut mener une vie libre etstudieuse.

L'ennui est au contraire le lot de ceux qui, livrés à eux-mêmes, manquent toujours de quelquechose, restent continuellement dans le besoin.

Celui qui ne peut se suffire à lui-même souffre de l'ennui dèslors qu'il ne fait rien : il ne peut réaliser l'autarcie, qui est la condition de toute existence heureuse.

L'autarcie,le fait de se suffire à soi-même, est l'un des idéaux de la philosophie éthique grecque, d'Aristote aux Stoïciens: elle est l'expression de la liberté en tant que n'est libre que celui qui ne dépend que de lui-même. 2.

Oisiveté et bonheurAussi seuls les dieux, ou le Sage (qui demeure un idéal), sont-ils véritablement libres, se suffisant pleinementà eux-mêmes et ne désirant plus rien.

Cette absence de désir signifie en positif la satisfaction de tous lesbesoins, de tous les appétits, de toutes les tendances, c'est-à-dire le bonheur.

L'oisiveté entenduepositivement n'est donc rien d'autre que le bonheur, tel que le goûtent les " dieux de l'Olympe ”.

Laconception kierkegaardienne du bonheur se veut résolument aristocratique, patricienne : il ne s'agit pas dubonheur entendu simplement psychologiquement comme l'état d'âme de celui auquel adviennent tous lesplaisirs, toutes les joies, tous les biens.

Le bonheur est à entendre en un sens plus profond, métaphysique, encela que les dieux aussi peuvent être dits heureux.

L'oisiveté peut alors se dire divine, à la fois en ce qu'elleest le bonheur le plus haut, mais aussi en ce qu'elle échappe aux contingences de la vie psychologique del'homme ordinaire.

Il faut noter à ce propos que la thèse de Kierkegaard n'est pas pour autant méprisante pourla plèbe, le vulgaire, le peuple, en s'affirmant patricienne.

Car la noblesse dont il est question ici, tout commela vulgarité qui lui est opposée, est avant tout spirituelle : c'est une noblesse d'esprit qui ne dépend ni de lanaissance ni de la condition sociale et matérielle.

L'exemple de Kierkegaard de la " beauté féminine ” estsignificatif à cet égard : car ce qui s'oppose à l'oisiveté heureuse, ce n'est pas seulement la couture, labroderie et le repassage, activités manuelles voire populaires, mais aussi la musique et la lecture, passe-temps de la bourgeoisie et de l'aristocratie de l'époque de Kierkegaard.

(Précisons que la lecture dont il estquestion ici est à entendre d'abord comme divertissement frivole destiné à faire échapper à l'ennui, commesimple plaisir romanesque, et non comme source de véritable activité contemplative.) 3.

Oisiveté et spiritualitéSi l'oisiveté est ainsi la source du plus haut bonheur, c'est donc en ce qu'elle permet à l'homme d'accomplir sanature propre, c'est-à-dire sa nature spirituelle : elle devient le " vrai bien ”, le bien propre de l'humanité.Quelle est plus précisément cette vocation spirituelle de l'oisiveté ? Elle consiste, selon Kierkegaard, à s'élever" jusqu'aux humanités ”.

Cette expression mérite d'être commentée.

Les humanités, c'est la culture humainetelle que la conçoit une éducation classique, humaniste.

Cette culture, constituée de l'étude des lettres, desarts, des sciences, et couronnée par la philosophie, ne doit pas être entendue comme une culture morte,ingurgitée bon gré mal gré, mais au contraire comme l'élément spirituel vivant de l'Humanité.

La vocation del'Humanité, c'est l'étude des humanités, étude rendue possible seulement par l'oisiveté, la skholé.

L'oisiveté se. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles