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Le doute est il une faiblesse?

Publié le 21/02/2005

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(c) La nécessité d'accepter des postulats invérifiables. Ne pouvant remonter de preuve en preuve à l'infini, l'esprit accepte toujours sans démonstration un point de départ qui est une simple supposition et dont la vérité n'est pas garantie. (d) Le diallèle (les uns par les autres). Il n'est pas possible de raisonner en évitant les « cercles vicieux ». Ainsi, je démontre que a est vrai en supposant b est vrai et je démontre que b est vrai en supposant que a est vrai. Je commets un cercle vicieux en démontrant les unes par les autres des propositions dont aucune n'est fondée a priori. Le cercle vicieux par excellence est celle-ci : pour prouver la valeur de ma raison, il faut que je raisonne, donc précisément que je me serve de cette raison dont la valeur est en question ! Nous voilà, comme dit Montaigne, « au rouet ». (e) Toute opinion est relative. « L'homme est la mesure de toute choses » formule qu'Anatole France interprétait ainsi : « L'homme ne connaîtra de l'univers que ce qui s'humanisera pour entrer en lui, il ne connaîtra jamais que l'humanité des choses. » Toute affirmation sur l'univers est relative à celui qui affirme.

« (e) Toute opinion est relative. « L'homme est la mesure de toute choses » formule qu'Anatole France interprétait ainsi : « L'homme ne connaîtra del'univers que ce qui s'humanisera pour entrer en lui, il ne connaîtra jamais que l'humanité des choses.

» Touteaffirmation sur l'univers est relative à celui qui affirme.

Socrate résume la thèse de Protagoras : « N'arrive-t-il pasparfois qu'au souffle du même vent l'un de nous frissonne et non l'autre ? Or que dirons-nous alors de ce souffle devent envisagé tout seul et par rapport à lui-même ? Qu'il est froid ou qu'il n'est pas froid ? Ou bien en croirons-nousProtagoras : qu'il est froid pour qui frisonne et ne l'est pas pour qui ne frisonne pas ? » (« Théétète », 152b).L'affirmation sur un même objet diffère non seulement d'un individu à un autre mais chez le même individu selon lesmoments (le monde ne m'apparaît pas de la même façon quand je suis gai ou triste) et même selon les perspectivesd'observation (une tour vue carrée de près paraît ronde de loin).

Pour les sceptiques il n'y a pas de véritésobjectives mais seulement des opinions subjectives toutes différentes. Conclusion et transition D'une part, le doute est accidentel, il est dû à un défaut objectif de savoir.

D'autre part, sur le plan de l'action, ilprend la forme de la faute, il témoigne d'une faiblesse de la volonté, voire d'une paralysie pathologique du librearbitre.Cependant, le doute ne résulte pas nécessairement de l'ignorance mais aussi d'une forme de savoir, la consciencede son ignorance, le savoir que l'on ne sait pas.

Comme tel, il se présente plutôt, sur le plan de la pensée, commeune force de dissolution de l'erreur. 2.

Le doute est une force quand il témoigne d'une pensée et a son origine dans une réflexion. A.

Le doute est rationnel. Scepticisme antique et doute cartésien. On sait que les « Méditations » de Descartes commencent, elles aussi, par l'exercice d'un doute absolu : Descartesrejette le témoignage des sens (en rêve on croit voir, entendre, bouger et ce n'est qu'illusion).

Il rejette même lesvérités mathématiques (car il peut se faire qu'un « malin génie » tout-puissant s'amuse à me tromper dans toutesmes pensées).Mais ce doute cartésien s'oppose radicalement au doute sceptique.

D'abord le doute cartésien est provisoire (ilprend fin lorsque Descartes s'aperçoit qu'il peut douter de tout sauf du fait même qu'il pense et qu'il doute : etcette évidence invincible : je pense donc je suis est une première vérité d'où bien d'autre vont jaillir).C'est un doute volontaire, un doute « feint », dit Descartes dont la fonction est d'accoutumer « l'esprit à sedétacher des sens » (« abducere mentem a sensibus ») et même de tout objet de pensée pour révéler en sa puretél'acte même de penser.

Le doute cartésien a la valeur d'une pédagogie de l'ascèse qui vise à nous délivrerprovisoirement des pensées pour révéler que nous avions l'esprit que nous sommes.

Le doute cartésien estméthodique (le malin génie n'est lui-même qu'un « patin méthodologique » (Gouhier), c'est une technique mise auservice de la recherche du vrai.Le doute cartésien est un doute optimiste et héroïque, un déblaiement préalable qui précède la construction del'édifice philosophique, une décision volontaire de faire table rase de toutes les connaissances antérieures pour bâtirune philosophie nouvelle. B.

Le doute témoigne du pouvoir de la conscience. De ce fait, le doute me libère de mes sensations premières et de mes idées reçues: il est la marque du pouvoir de laconscience, pouvoir de nier, de mettre à distance son objet.

Ainsi Descartes, en l'absence de toute certitude,décide-t-il volontairement de «tenir pour faux le vraisemblable» - de douter de toute vérité qui ne serait queprobable.

Seule la vérité qui résistera à ce doute hyperbolique, tactique, provisoire, sera tenue pour absolumentcertaine.

Or c'est au sein même du doute que se rencontre une première vérité: je peux bien douter de l'existencemême des choses, je ne saurais douter que moi, qui doute, je sois quelque chose, un être pensant, une conscience.Le doute est donc la force par laquelle l'homme se révèle à lui-même comme conscience, comme être distinct del'animal. C.

Le doute est une attitude de l'esprit relative au pouvoir critique. Cela dit, le doute n'est pas seulement une étape provisoire dans la recherche de la vérité, il désigne également uneattitude permanente de l'esprit, attitude de suspicion et d'interrogation propre au pouvoir critique.

En ce sens, ilreprésente une force de dissolution de l'erreur et conduit moins à la possession d'une vérité «définitive» ou«positive» qu'au dévoilement des illusions.

Pour cette raison, Socrate est comparé dans le Ménon à une torpille:comme le poisson du même nom qui pique et paralyse son adversaire, il inhibe en effet par ses questions la réflexionde son interlocuteur.

Empêché d'adhérer à ses anciennes certitudes, celui-ci est, comme Ménon, plongé dans ledoute - du moins n'est-il plus dans l'état où, ignorant la vérité, il croyait la connaître.

Ainsi la maïeutique de Socratele fait-elle passer de l'ignorance qu'il ne sait pas au savoir qu'il ignore. Ménon (à Socrate qui lui demande : « Qu'est-ce que la vertu? »).

— Mais, Socrate, il n'y a pas de difficulté. »

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