Le droit peut-il s'appliquer à l'ensemble des nations ?
Publié le 28/01/2004
Extrait du document
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* Dès lors, l'idée d'une justice universelle présente bien l'aspect d'un mythe.
Elle suppose en effet des règles dedroit qui soient les mêmes en tout temps et en tout lieu.
Or les lois varient selon le lieu et l'époque : aucune "justice universelle " n'est donc jamais réalisée ni ne semble pouvoir l'être.* Faut-il donc croire que cette idée n'a aucune valeur ? Le droit, même positif, semble cependant pouvoirdifficilement se passer de l'idée de justice.
En effet, si le droit n'est pas juste, comment peut-il s'imposerlégitimement ? Comment peut-il valoir précisément comme droit ? Un droit injuste cesserait d'être un droit.* Les règles de droit, dans leur diversité et leur relativité, nous imposent donc le problème suivant : elles rendentimpossible l'idée d'une justice universelle, alors même qu'elles ne peuvent s'en passer.
Quel doit être le statut de lajustice, pour que ce paradoxe trouve sa solution ?
PLAN
Introduction
1.
La relativité des règles de droit contredit l'idée de justice universelle (Pascal, les sophistes)A -L'impossible universalitéB -Le relativisme et le conventionnalisme
2.
L'idée de justice est la garantie du droit (Platon, Kant)A -Contradiction du relativismeB -La justice comme idée
3.
La relativité du droit répond à l'exigence universelle de justice (Montesquieu)A -La diversité des règles de droit est nécessaireB -Elle répond à l'exigence universelle de justice
Conclusion
1.
La relativité des règles de droit contredit l'idée de justice universelle
A.
L'impossible universalité
Les règles de droit sont relatives au temps et au lieu.
Cela signifie qu'elles ne s'appliquent effectivement que dansun temps et dans un lieu déterminé : leur validité ne s'étend pas au-delà.Dans les faits, il semble décidément en être ainsi : les codes de droit changent au cours de l'histoire.
Ils n'ont pas lemême contenu d'un pays et d'une époque à l'autre.
Ainsi Pascal affirme-t-il : " Le larcin, l'inceste, le meurtre desenfants et des pères, tout a eu sa place entre les actions vertueuses 1.
” Nous sommes ainsi portés à croire justes les lois actuelles, sans être certains qu'elles ne seront pas contredites end'autres temps. Dans cette mesure, il est difficile de reconnaître la pertinence de l'idée dejustice universelle : une telle justice n'apparaît nulle part, et la multiplicité desrègles de droit semble leur interdire toute universalité.
" Plaisante justicequ'une rivière borne ! Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au-delà ” dit encorePascal 2.
Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà. (Pensées)
Pascal s'en prend ici au caractère relatif, conventionnelde la justice humaine.
Les lois varient d'un État àl'autre.
La justice des hommes n'est pas universelle aucontraire de la justice divine.
B.
Le relativisme et le conventionnalisme
Cette perspective aboutit à la thèse du relativisme : il n'y a pas de justice en soi, pas de justice absolue.
Aucune règle de justice n'est universelle.
La justice relève d'une convention entre leshommes, liée à des circonstances données ; en dehors de cette convention, elle n'est plus valable.Cette thèse est celle des sophistes, et en particulier de Protagoras 3, pour qui tout jugement est relatif à qui le prononce.
Cette thèse s'applique aussi bien à la connaissance qu'à la justice.
Si bien qu'en définitive, le justerésulte d'un accord entre les hommes, à un moment donné : le juste est conventionnel.
2.
L'idée de justice est la garantie du droit.
»
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