Le fait de posséder le "je" nous confère-t-il un certain pouvoir ?
Publié le 30/10/2005
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Le « je «, qui correspond grammaticalement au pronom personnel de la première personne du singulier, est le principe auquel l’individu rapporte à la fois la diversité des ses pensée, et les actions qu’il effectue. Or le fait de posséder cette capacité a une double conséquence. Tout d’abord, si toutes les pensées sont rapportées à un « je « unique, la pensée acquiert par là même une unité. Cela signifie que toutes les pensées qu’un individu peut avoir seront appréhendées par lui comme ses pensées, provenant toutes de sa pensée (qui désigne ici non plus le produit de l’activité intellectuelle, mais la faculté même de penser). D’un autre côté, si toutes les actions d’un individu sont rapportées à un « je «, ces actions deviennent autant d’expressions d’un sujet appréhendé comme identique. Cela veut dire qu’à travers les diverses actions qu’un sujet peut faire, c’est toujours la même personne qui agit, et que l’on pourra donc tenir pour responsable de ses actes. Le « je « confère donc à l’homme un double pouvoir, d’abord un pouvoir de connaître, dans la champ théorique de la connaissance. Ensuite un pouvoir juridique, en effet s’il faut respecter une personne et lui garantir des droits, c’est parce que cette personne est une fin en soi, mais elle n’est une fin en soi que parce qu’elle peut se saisir comme une totalité, qui doit elle-même rendre compte de ses actes.
Pourtant le « je « ne donne ces pouvoirs que pour autant qu’il n’est pas lui-même une illusion, une unité fictive de la personne. Le problème est alors de savoir si le « je «, parce qu’il représente une unité réelle de la personne, lui donne effectivement des pouvoirs, ou si ces pouvoirs sont aussi illusoires que le « je « lui-même.
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