Le grand homme n’est jamais un aérolithe. Charles Baudelaire
Publié le 03/10/2018
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► Baudelaire a écrit, sans doute après 1856, quelques pages de notes sur Les Liaisons dangereuses (1782), le célèbre roman de Choderlos de Laclos. Parmi ces notes, on peut lire :
« — A propos d’une phrase de Valmont (à retrouver) : Le temps des Byron venait.
Car Byron était préparé, comme Michel-Ange.
Le grand homme n’est jamais un aérolithe. »
Byron (1788-1824) est un poète anglais dont l’œuvre lyrique et révoltée contribua elle-même à « préparer » le romantisme français.
► D’une façon imagée, Baudelaire affirme que le génie ne surgit jamais de rien, qu’il n’arrive pas brusquement comme ces météorites qui tombent de temps à autre sur la terre. Son apparition est l’aboutissement d’un mouvement intellectuel et artistique. Il tranche sur son époque par ses dons exceptionnels, mais, en même temps, il ne fait que cristalliser l’esprit de son temps. Même s’il donne l’impression d’apporter quelque chose de radicalement nouveau, son arrivée a été « préparée ».
«
romantisme.
Et il semble bien que son point de vue cor~
responde à une réaction contre la conception romanti
que du génie, un être inspiré par Dieu et qui, par là,
d'une certaine façon, échappe à l'histoire.
Vigny dans
«Moïse» (Poèmes antiques et modernes,
1826) avait comparé le poète au plus grand des prophè
tes, donc à un être dont la bouche ne fait que transmet
tre la parole de Dieu.
Victor Hugo abonde dans
le
même sens et reprend la même image dans« Fonction
du
poète» (Les Rayons et les Ombres, 1840).
Lamar
tine, avant eux, dans un poème intitulé justement
« Le
Génie» (Méditations poétiques, 1821) avait déjà utilisé
la même image.
Baudelaire, en montrant
ce que celui-ci
doit à ceux qui
l'ont précédé, fait redescendre le génie
du ciel sur la terre.
La réaction contre la conception romantique du génie
se situe aussi sur un autre plan.
Le génie romantique,
préfigurant
les poètes maudits, est en rupture avec son
époque, en révolte contre elle.
Il apparaît comme atypi
que.
Baudelaire attire l'attention sur
le fait que si
l'homme de génie se dresse en général contre la société
dont
il provient, il n'en reste pas moins, et pour l'essen
tiel, une émanation de celle-ci .
..,...
Les exemples ne manquent pas pour montrer que
l'homme de génie exprime son temps plus qu'il ne
le
contredit.
Son œuvre, même si elle correspond à une
sorte de saut, de rupture dans
le domaine de la connais
sance ou de l'art, apparaît en même temps comme une
conséquence presque nécessaire de l'évolution qui a
précédé.
Cela
se voit bien dans le monde de la science.
Bien des
découvertes ont été devancées par de nombreuses
approximations dont
le nombre augmente au fur et à
mesure que
l'on se rapproche de la découverte propre
ment dite.
Il en va par exemple ainsi des thèses
de.
»
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