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LE JUGEMENT EST UNE RELATION CONNUE ET AFFIRMÉE

Publié le 16/03/2011

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   La relation n'est pas seulement vécue, sentie, « mimée « (Bergson), elle est pensée (et affirmée : ce sera le second chapitre sur le jugement). A) Tout jugement est une relation (le jugement et son expression)    Dans le jugement classique, le jugement d'inhérence, où on ajoute un prédicat à un sujet, nous avons évidemment affaire à une relation : « Socrate est un homme. «    C'est encore plus vrai pour le jugement dit de relation : Paris est plus grand que Versailles. Par ce jugement, nous mettons en relation Paris et Versailles, car logiquement, « plus grand que Versailles « n'est pas un attribut de Paris.    Dire que l'acte fondamental de la pensée est le jugement, c'est dire qu'elle est constituée de relations et donc relative. Le concept, obtenu par un résumé des relations, est un arrêt momentané; il n'est pas définitif : la pensée est relationnelle. Par conséquent, il n'y a pas de fin à la connaissance, et pas de savoir absolu.

« Critique.

— Il s'agit donc ici d'un rapport sensible, tombant sous le sens, mais d'une part, il y a souvent dessensations simultanées ou successives sans qu'il y ait jugement.

Des sensations coexistent sans que nous lesmettions en relation : dans la rêverie les sensations différentes se succèdent, mais nous n'établissons pas derelation entre elles.

Les données objectives ne suffisent pas à déclencher un jugement; une relation ne s'établit pastoute seule.

De plus, et c'est la raison la plus grave, les sens eux-mêmes peuvent nous tromper, non que lasensation ne soit toujours vraie, mais parce qu'en elle-même elle n'implique aucune assertion; il faut dire, avecDescartes, que l'erreur vient du jugement.

C'est le jugement qui dit que quelque chose d'objectif correspond à masensation qui est réelle et vraie.

Le sens ne dit ni vrai ni faux, il apporte une matière à jugement.

Le sens ne noustrompe pas, parce qu'il n'est pas un jugement; il n'y a erreur ou vérité que s'il y a jugement.

Le sens nous apporteune donnée — qui est ce qu'elle est — à laquelle ne s'appliquent pas les catégories du vrai ou du faux.

L'esprit, entant qu'esprit, n'est ni malade ni bien portant, il relève d'autres catégories.

(Cf.

Valéry.) Les idées sont ce qu'ellessont : elles ne sont pas tristes, mais elles coexistent avec la tristesse.

L'idée jointe à la tristesse sans idée donne «l'idée triste » qui n'existe pas.

Il n'y a que des gens tristes : la même idée, joyeuse chez l'un, est triste chez l'autre.Il n'y a pas d'idée triste, il y a des manières tristes d'accueillir certaines idées.

(Cf.

Lachelier : « la connaissanced'une douleur n'est pas douloureuse mais vraie ».) Il n'y a donc de vérité et d'erreur qu'au niveau du jugement.

Si la vérité était une question de sens, comme les sensne trompent pas, il n'y aurait pas d'erreur.

Or il y en a : la vérité et l'erreur ne se produisent pas au niveau dusensible, mais au niveau du jugement intellectuel (l'expérience du bâton qui dans l'eau paraît brisé le montre : lessens ne nous trompent pas en nous faisant voir une ligne brisée au lieu d'une ligne droite, la preuve en estl'explication scientifique; là où je me trompe, c'est si je ne corrige pas l'impression, si je la convertis en affirmation,si je dis : « le bâton est brisé ».

Mais je ne me tromperai pas si, peignant le spectacle, je représente le bâton brisé. La relation qui est à la base du jugement ne peut donc s'établir qu'au niveau intellectuel. D) Dire que le jugement est affirmation, c'est dire qu'il est une action du sujet connaissant La connaissance de la relation dans le jugement ne se fait pas automatiquement, elle résulte d'une prise deconscience du sujet, d'une activité qui fait que le jugement n'est pas une association d'idées. L'association d'idées est un phénomène passif et subi : par elle-même elle est indéfinie.

A partir du terme inducteur,la série associative se poursuit indéfiniment, et s'arrête par hasard.

Les idées viennent, sans activité du sujet, misesen branle par des forces affectives incontrôlées; aussi, à partir d'un même terme inducteur, chaque individu partira-t-il d'un côté différent.

En admettant que l'association d'idées ait fourni la matière du jugement, le jugement secaractérise comme l'arrêt de la série à la faveur duquel est posée l'arffimation. Les rapports qui règnent dans l'association d'idées sont des rapports vagues, établis automatiquement ou du moinssubjectivement en vertu de facteurs affectifs dont le sujet n'est souvent pas conscient.

Le jugement, lui, porte surdes rapports précis, découverts par l'esprit et pensés par lui. D'ailleurs, sous sa forme la plus haute, le jugement est construit par l'esprit : il implique la position de rapports quine sont en aucun cas suggérables par un automatisme; c'est ce qui apparaît dans le jugement mathématique etdans le jugement moral. Conclusion Tout jugement est relation; pour qu'il y ait jugement, il ne suffit pas que cette relation soit vécue, il faut laconnaître et l'affirmer.

Or avec /'affirmation apparaît la possibilité de l'erreur.

C'est essentiellement parce qu'elle estimpuissante à rendre compte de l'erreur que la théorie sensualiste est inadmissible.

Mais en même temps, direaffirmation, c'est dire action du sujet.

Le jugement n'est jamais la pure constatation d'une association d'idées; sousses formes les plus hautes, il est construction. Dire que le jugement est construction, c'est dire qu'il est synthèse.. »

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