Le langage est-il le propre de l'homme ?
Publié le 17/01/2022
                            
                        
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                                                                                                                            Développement.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le langage est-il le propre de l'homme ? La question, dans son côté abrupt, a de quoi surprendre.
                                                            
                                                                                
                                                                     La surprise naîten l'occurrence de la brusque remise en question d'une évidence.
                                                            
                                                                                
                                                                     Car il va de soi, pense-t-on, que le langage est lepropre de l'homme.
                                                            
                                                                                
                                                                     N'est-il pas justement, avec la pensée, ce qui d'ordinaire permet de distinguer l'espèce humainedes autres espèces animales ? Examinons donc de plus près la question qui nous est posée.
                                                            
                                                                                
                                                                     Et d'abord, que désigneici le mot « propre » ? A première vue, s'interroger sur la signification du mot « propre » semble sinon absurde, dumoins superflu.
                                                            
                                                                                
                                                                      On  pourrait  même ne voir  là que  la manifestation  d'un tic professoral  ou d'une  marottephilosophique.
                                                            
                                                                                
                                                                      L'expression  « le  propre  de » est en  effet tellement  banale qu'il paraît  inutile  de s'y  attarder.
                                                            
                                                                                
                                                                    Donnons toutefois dans ce qu'on prend pour superflu et réfléchissons sur ce qu'on tient d'habitude pour inutile, brefphilosophons.
                                                            
                                                                                
                                                                     Si nous nous souvenons que la notion de « propre » a derrière elle un long passé philosophique, et sinous nous remémorons brièvement ce passé, nous sommes alors à même de mieux aborder la question de savoir si lelangage est le propre de l'homme.
                                                            
                                                                                
                                                                     Les réponses à cette question vont assurément varier selon le sens que l'ondonne au mot « langage ».Si l'on définit le langage comme un moyen pour l'homme d'exprimer sa pensée, c'est sur le terrain du rapport entrele langage et la pensée que va se poser la question.
                                                            
                                                                                
                                                                     Sur ce terrain la pensée semble avoir la priorité sur le langagequi  témoigne  néanmoins  de la supériorité  de l'homme  sur l'animal.
                                                            
                                                                                
                                                                      L'ordre  du langage,  auquel n'accéderait  pasl'animal, refléterait ainsi l'ordre de la pensée.
                                                            
                                                                                
                                                                     Cette conception classique du langage se trouve en particulier chezDescartes.
                                                            
                                                                                
                                                                     Nous nous attacherons à  montrer en quel sens le  langage est pour lui le propre de  l'homme.
                                                            
                                                                                
                                                                     Maiscertains présupposés  de l'analyse  cartésienne  nous amèneront  à souhaiter  obtenir de plus  amples  précisions  àpropos du concept de « langage ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Ces précisions, nous les demanderons à la linguistique.
                                                            
                                                                                
                                                                     Nous découvrirons alorsqu'au sein de la problématique  linguistique il est  possible d'apporter  diverses réponses  à la  question  du sujet.
                                                            
                                                                                
                                                                    Toutefois  l'analyse linguistique,  à son  tour,  soulève  des difficultés  qu'elle ne peut,  sous peine  de perdre  soncaractère scientifique, résoudre de façon pleinement satisfaisante.
                                                            
                                                                                
                                                                     C'est ainsi que depuis une quinzaine d'annéesenviron on a parfois pu avancer, en s'appuyant sur certaines données de la linguistique et en inversant les termesdu sujet, que l'homme serait en fait le propre du langage.
                                                            
                                                                                
                                                                     Le langage posséderait l'homme beaucoup plus que cedernier ne le possède.
                                                            
                                                                        
                                                                     Les questions sont ici d'importance.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il ne s'agira pas tant pour nous de prétendre, dans lecadre de ce travail, répondre à de telles questions que de parvenir à les situer sur le terrain où elles peuvent sedéployer avec le plus d'ampleur.
                                                            
                                                                                
                                                                     Ce terrain se présente sous un double aspect.
                                                            
                                                                                
                                                                     D'abord sous l'aspect de la poésieet ensuite sous l'aspect de la pensée, au sens où Heidegger entend ce terme.
                                                            
                                                                                
                                                                     Cette pensée, pour la présenter enune phrase, se  montre, à propos par exemple  de la relation entre l'homme et  le langage, plus exigeante et plusvigilante en son dire que ne le fut en son discours, la métaphysique, c'est-à-dire la philosophie.
                                                            
                                                                                
                                                                     Celle-ci en effet,de Platon à Husserl, a toujours pensé l'homme,  surtout dans les cas où elle s'est efforcée de le caractériser enpropre (notamment par le biais du langage), davantage à partir de son rapport à l'animalité qu'à partir de ce qui faitvraiment de lui un homme.
                                                            
                                                                                
                                                                     Se  demander si le  langage est le propre de  l'homme conduit peut-être  ainsi à faireapparaitre, dans toute sa dimension, la relation fondamentale qui existe entre le langage et l'homme.En français, le sens premier du mot « propre » renvoie à l'idée d'appartenance.
                                                            
                                                                                
                                                                     Un nom propre, par exemple, est unnom qui appartient à tel individu et le distingue d'un autre.
                                                            
                                                                                
                                                                     Si l'on dit par ailleurs que la situation économique estpropre à susciter  des inquiétudes,  on entend  par là qu'elle  est capable  de faire  naître  ces inquiétudes.
                                                            
                                                                                
                                                                      Cesdifférentes  idées d'appartenance,  de trait  distinctif  et de  capacité  ou d'aptitude,  nous les retrouvons  dansl'expression au demeurant fort courante : « le propre de ».
                                                            
                                                                                
                                                                    On répète volontiers à la suite de Rabelais que le rire estle propre de l'homme.
                                                            
                                                                                
                                                                     ' « Pour ce que rire est le propre de l'homme », dit en effet ce dernier dans Gargantua.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'aptitude à rire est ainsi quelque chose qui appartient en propre à l'homme et le distingue des autres animaux.
                                                            
                                                                                
                                                                     Maisen citant  cette phrase,  on oublie  fort souvent  qu'elle a une  provenance  bien précise.
                                                            
                                                                                
                                                                      Rabelais,  assurément,n'ignorait rien d'une telle provenance.
                                                            
                                                                                
                                                                     Voyons les choses d'un peu plus près.L'exemple du rire comme propre de l'homme se trouve dans L'Introduction au traité des catégories d'Aristote, ou plussimplement  : Isagoge  (introduction),  du néo-platonicien  Porphyre.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il  n'est  pas exagéré  de dire  que  l'Isagoge,surtout dans la traduction latine que fit Boèce (480524) de ce court texte grec, eut une très grande influence auMoyen  Age.
                                                            
                                                                                
                                                                     Porphyre,  dans cet écrit,  commente  ou résume  certains  passages  de l'oeuvre  d'Aristote,  et en.
                                                                                                                    »
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