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Le langage est il un art ?

Publié le 31/10/2005

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langage
       Le langage informe le monde à la manière de l'art Nous venons de le voir, on ne peut dire en toute rigueur que le langage est un art. Cependant, une analogie entre langage et art ne laisse pas d'être possible. En effet, l'une des caractéristiques de l'art est d'informer le monde, c'est-à-dire de donner à voir à autrui une image du monde entièrement structurée par la subjectivité d'un individu. Il en va de même pour le langage, car comme le dit Benveniste, « c'est ce que nous pouvons dire qui détermine l'ensemble de ce que nous pouvons penser ». Le langage informe bien le monde, puisqu'il décide des catégories dans lesquelles nous allons le penser. b.       Le langage a un pouvoir d'évocation comparable à  celui de l'art Poursuivant cette quête d'un rapport d'analogie entre art et langage, nous dirons que le langage a un pouvoir d'évocation comparable à celui de l'art. En effet, Platon insiste dans nombre de ses dialogues sur le pouvoir des sophistes, qui sont capables d'agir sur autrui par le moyen du langage. Le langage a donc un pouvoir d'évocation comparable à celui de l'art : il donne à voir, et agit sur les autres par le moyen des sens au moins autant que par celui de la pensée. III.

Lorsque nous parlons de langage, nous parlons en réalité de deux choses : d’une facette sociale, qui est la langue, c'est-à-dire, l’ensemble des conventions langagières adoptées par un corps social ; d’une facette individuelle, qui est la parole, par laquelle un locuteur isolé actualise l’une des possibilités incluse en puissance dans la langue.

Il en va de même pour l’art, terme unique qui recouvre en réalité deux dimensions distinctes. Jusqu’au dix-huitième siècle, le terme « art « désignait l’ensemble des techniques de production d’artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau. Ainsi, l’activité de l’artiste et celle de l’artisan étaient recouvertes par le même terme. Or, il semble que ces deux activités ne soient pas entièrement réductibles l’une à l’autre, qu’elles possèdent chacune une spécificité à élucider. Par conséquent, il nous faudra au cours de ce travail préciser d’une part ce qui distingue l’art de l’horloger de celui du poète, l’activité du coutelier de celle du plasticien ; et toujours préciser à laquelle de ces deux activités singulières nous pensons lorsque nous employons le signifiant « art «.

Le sujet nous invite à nous demander s’il existe une relation d’équivalence absolue entre langage et art, de sorte que nous puissions dire que le premier se confond avec le second. Nous verrons dans quelle mesure nous pouvons parler justement d’une identification du langage et de l’art.

 

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« (puisque nous avons vu en introduction que l'artisanat était une facette de l'art).

Par artisanat, nous entendons uneactivité productrice d'artefacts à partir de règles définies en amont de la production.

La formation du langage est-elle comparable ? Cette question est un problème considérable qui n'a guère reçu de solution entièrementsatisfaisante.

L'une d'elle consiste à dire que le langage est une institution spontanée, née de la confrontation entreles individus, qui a émergée peu à peu au cours du temps, sans que quiconque ait présidé à cette émergenceprogressive.

Le langage n'est donc pas un artisanat : il n'a ni créateur identifié, ni règle d'émergence. b.

Le langage est-il l'un des beaux arts ? Le langage est-il l'un des beaux arts, s'il n'est pas un artisanat ? A cette question nous répondrons encore par lanégative.

En effet, le propre des beaux arts est d'être pratiqué par des individus isolés, qui sont capables de faireévoluer seuls les règles de leur médium.

Or, jamais un locuteur isolé n'a fait évoluer le langage : même le créateurd'un mot nouveau a besoin que l'ensemble des membres de la communauté linguistique l'adopte pour pouvoirprétendre qu'il a fait évoluer le langage.

Ce dernier n'est donc pas un art. II.

Une analogie féconde entre langage et art a.

Le langage informe le monde à la manière de l'art Nous venons de le voir, on ne peut dire en toute rigueur que le langage est un art.

Cependant, une analogie entrelangage et art ne laisse pas d'être possible.

En effet, l'une des caractéristiques de l'art est d'informer le monde,c'est-à-dire de donner à voir à autrui une image du monde entièrement structurée par la subjectivité d'un individu.

Ilen va de même pour le langage, car comme le dit Benveniste, « c'est ce que nous pouvons dire qui déterminel'ensemble de ce que nous pouvons penser ».

Le langage informe bien le monde, puisqu'il décide des catégories danslesquelles nous allons le penser. b.

Le langage a un pouvoir d'évocation comparable à celui de l'art Poursuivant cette quête d'un rapport d'analogie entre art et langage, nous dirons que le langage a un pouvoird'évocation comparable à celui de l'art.

En effet, Platon insiste dans nombre de ses dialogues sur le pouvoir dessophistes, qui sont capables d'agir sur autrui par le moyen du langage.

Le langage a donc un pouvoir d'évocationcomparable à celui de l'art : il donne à voir, et agit sur les autres par le moyen des sens au moins autant que parcelui de la pensée. III. Les limites de cette analogie : le langage ne peut être identifié à l'art en toute rigueur a.

Le langage informe un monde social, l'art un monde individuel. Cependant, nous finirons en disant que malgré la possibilité d'une analogie plus ou moins féconde entre langage etart, nous ne saurions affirmer que le langage est un art.

En effet, nous pouvons revenir sur ce que nous disions audébut de la seconde partie : si le langage comme l'art informe le monde, le langage informe un monde social,commun à tous les locuteurs d'une communauté linguistique, alors que l'art informe un monde individuel, qui vient seglisser comme un hapax dans le langage du monde de ses contemporains. b.

L'art « rémunère le défaut de la langue » (Mallarmé) Allant plus loin, nous dirons que le langage est distinct de l'art, car le premier est en un sens imparfait, alors que lesecond se voue à la quête de la perfection.

Mallarmé montre dans un texte célèbre (« Crise de vers ») que la poésie« rémunère le défaut de la langue ».

C'est parce que la langue est imparfaite (les signes sont arbitraires etcontradictoires d'un point de vue esthétiques : « nuit » est un phonème clair pour dire l'obscurité) que la poésies'empare de ces défauts pour « donner un sens plus pur aux mots de la tribu » (Mallarmé, « Le Tombeau d'EdgarPoe »).

Le langage n'est pas un art car contrairement à lui, il est voué à l'imperfection. Conclusion : A première vue, dire en toute rigueur que le langage est un art parait faux, dans la mesure où nous ne pouvons lecomparer ni à l'artisanat, ni aux beaux arts.

A deuxième vue également, puisque le langage peut être comparé àcertains égards à l'art (le langage comme l'art informe le monde et possède un pouvoir d'évocation) mais il ne seconfond nullement avec lui : le langage informe un monde social en étant condamné à une forme d'imperfection,alors que l'art s'empare des défauts du langage pour créer un monde individuel qui aspire à la complétude et à laperfection qui manquent au langage.. »

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