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Le langage suffit-il pour bien s'entendre ?

Publié le 01/11/2005

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langage
Mais à supposer un tel effort accordé préalablement, se pose la question de savoir si ontologiquement cela est possible. Autrement dit, si le fait de « bien s'entendre » suppose que les interlocuteurs soient disposés à atteindre cet état de réciprocité, on peut se demander si une telle communication véhiculée par le langage ne se heurte pas à la disjonction pensée (ou sentiments, intention) / langage. b)      Le décalage entre la pensée et le langage rend possible la médiocrité de l'entente mutuelle D'un point de vue ontologique, toute pensée et tout état affectifs ne sont pas dicible, c'est-à-dire que les mots sont en défaut par rapport à ce qui est ressenti. Le langage est alors insuffisant pour exprimer (rendre extérieurement présent, donc montrable à autrui) ce que l'on voudrait faire entendre. Ainsi l'art peut être plus efficace que le langage. Une image se donnant d'un coup, ne souffre pas du déploiement début-milieu-fin propre à la discursivité langagière. De même, un silence, un geste ou une attitude sont plus à même de traduire ce que l'on cherche à communiquer. Parce qu'il y a une inadéquation toujours possible entre le langage et la réalité qu'on voudrait qu'il exprime, on peut douter que le langage suffise pour bien s'entendre. Transition : -          On vient de voir que le langage comme moyen d'expression implique la possibilité de son insuffisance : un hiatus pensée/langage est toujours possible. Ainsi, dans certaines circonstances, d'autres moyens (art, gestuelle, ou même silence) peuvent lui être préférés en ce qu'ils  s'avèrent être plus efficaces pour être entendu.

-          Le sujet semble ainsi paradoxal et naturel :

-          Paradoxal car il est difficile de déterminer d’autres moyen dont on pourrait disposer pour bien s’entendre. Le langage en tant que moyen d’exprimer nos pensées, rend possible une entente, ne serait-ce que sensible, c’est-à-dire qu’il engagerait l’entente au minimum comme perception auditive.

-          Cependant, (et cela permet d’envisager le sens précis de l’entente réciproque engagée dans la question), si le langage était suffisant, comment expliquer les guerres ou même simplement les disputes et les malentendus ? Il semble que le langage ne suffise alors pas pour bien s’entendre au sens où l’entente signifie aussi et surtout  compréhension et accord. Du coup, la question se trouve légitimée par un simple constat empirique : les discordes, guerres, malentendus, incompréhensions que nous observons quotidiennement, et qui sont autant de phénomènes de mésententes, justifie que l’on doute de la suffisance du langage à fonder une bonne entente. Une question à poser sera donc celle de savoir si le langage est en lui-même effectivement responsable de ces phénomènes ou si ce n’est pas plutôt l’usage ou le mésusage que l’on en fait qui doit être incriminé.

-          Ensuite, il convient de remarquer que l’enjeu est ici de « bien s’entendre «, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une entente mutuelle qui soit de qualité. Donc, d’une part, on ne pourra pas d’emblée dire que le langage ne permet aucunement de s’entendre (il faudra plutôt montrer en quoi l’entente qu’il permet est ambigüe ou de faible qualité) ; d’autre part, il conviendra de définir cette qualité : à quoi se mesure-t-elle ?

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« « Bien s'entendre » implique que les deux partis concernés par l'échange ou dialogue soient également disposés à rendre cet échange de qualité.

Il faut que le locuteur fasse preuve de clarté et ne se livre pas à un bavardageinutile ou qu'il se gargarise de ses paroles.

Le locuteur doit aussi être attentif et se donnes la peine d'écouter.

Ainsile fait de « bien s'entendre » implique une volonté réciproque des interlocuteurs.

Autrement, le bavard n'est entenduque de lui-même, et l'auditeur sourd : il n'y a quasiment aucune entente si ce n'est au sens d'une simple perceptionauditive. Mais à supposer un tel effort accordé préalablement, se pose la question de savoir si ontologiquement cela est possible.

Autrement dit, si le fait de « bien s'entendre » suppose que les interlocuteurs soient disposés à atteindrecet état de réciprocité, on peut se demander si une telle communication véhiculée par le langage ne se heurte pas àla disjonction pensée (ou sentiments, intention) / langage. b) Le décalage entre la pensée et le langage rend possible la médiocrité de l'entente mutuelle D'un point de vue ontologique, toute pensée et tout état affectifs ne sont pas dicible, c'est-à-dire que les mots sont en défaut par rapport à ce qui est ressenti.

Le langage est alors insuffisant pour exprimer (rendreextérieurement présent, donc montrable à autrui) ce que l'on voudrait faire entendre.

Ainsi l'art peut être plusefficace que le langage.

Une image se donnant d'un coup, ne souffre pas du déploiement début-milieu-fin propre à ladiscursivité langagière.

De même, un silence, un geste ou une attitude sont plus à même de traduire ce que l'oncherche à communiquer. Parce qu'il y a une inadéquation toujours possible entre le langage et la réalité qu'on voudrait qu'il exprime, on peut douter que le langage suffise pour bien s'entendre. Transition : - On vient de voir que le langage comme moyen d'expression implique la possibilité de son insuffisance : un hiatus pensée/langage est toujours possible.

Ainsi, dans certaines circonstances, d'autres moyens (art,gestuelle, ou même silence) peuvent lui être préférés en ce qu'ils s'avèrent être plus efficaces pour êtreentendu. - Cependant, il semble que dans le cas de l'art ou du comportement, il y ait une entente certaine, mais qui ne coïncide pas pour autant avec le fait de « bien s'entendre ».

L'artiste veut être entendu ou se faire entendre : le pronom réfléchi est moins probant, la communication semble à sens unique.

Autrement dit, « bien s'entendre »ne doit-il pas être restreint à son acception éthique ? (= la bonne entente comme une collaboration dirigée versune même fin et non comme un simple échange bipolaire) - De la question du fait (d'une insuffisance constatée) on passe à la question du droit ou de ses conditions de possibilité : si le langage peine à favoriser une bonne entente mutuelle, n'est-ce pas parce qu'il est mobiliséhors du dialogue, hors de la quête de cette entente ou recherche du bien commun ? Autrement dit, le langagene peut-il suffire pour bien s'entendre dès lors que celui-ci prend la forme d'un dialogue ? 3- LE DIALOGUE COMME SUBSTITUT DE LA VIOLENCE PHYSIQUE (TERREAU DE LA DÉCOMPOSITION DE LA POLIS ) SUFFIT POUR BIEN S 'ENTENDRE a) Qu'est-ce que le langage dialogué Le dialogue, dès son apparition dans l'Antiquité grecque est lié à l'émergence de l'existence d'une communautépolitique fondée sur le langage.

En effet, la démocratie athénienne permet à tous les citoyens de participer auxdécisions qui engagent la vie de tous et de chacun.

Autrement dit, cette participation implique que le bien visé seraabsolument commun.

De cette communauté exigée, le langage est le moyen privilégié et il est impératif qu'il soitsuffisant.

Pourquoi ? b) L'efficace du dialogue Il ya dialogue dès lors que des individus ou un groupe humain en désaccord sur un point qu'ils estiment important, tentent de dénouer leur conflit par le langage au lieu de s'en remettre à la lutte violente. Sans le langage, la décision revient en effet au plus fort.

Or dans le dialogue ou échange d'arguments et d'objections,chacun peut faire part de ce qu'il estime être bon ou juste.

Et, si le citoyen accepte les règles du dialogue, ilaccepte de ce fait d'être réfuté puisque le dialogue est recherche commune de ce qui est vraiment bien, c'est-à- dire de valeurs sur lesquelles tout le monde s'entendra et non de ce qui apparaît bon de mon point de vue particulieret singulier.

C'est pourquoi, le dialogue est alors effort dirigé en vue de se détacher de ses opinions et ses intérêts,de tout ce qui dépend de sa propre sensibilité et qui comme tel, est 1- incommunicable : une impression estidentique d'un individu à un autre accidentellement, et non nécessairement 2- source de conflit : chacun prenant sasensibilité ou ses intérêts pour critère du bien en soi est sourd à tout ce qui ne corrobore pas son opinion, et ducoup, lutte contre tout ce qui ne va pas en son sens, qu'il décrète arbitrairement comme mauvais. Le langage permet, quand il est dialogué , de libérer l'individu de la particularité de l'opinion et d'accéder à l'universel (ce qui vaut pour tous et donc ce sur quoi il est impossible que les hommes ne s'entendent pasparfaitement) ; cet universel connu permettant à l'homme de vivre et agir raisonnablement en sachant ce qu'il veutet sans se contredire, c'est-à-dire en vivant heureux, sans discordes.

Ce n'est donc qu'hors de ce cadre que lelangage révèle son insuffisance [Cf.

l'usage rhétorique de la sophistique]. »

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