Le mythe de Sysiphe
Publié le 28/06/2015
Extrait du document
«
1) seul pb philo vraiment sérieux = le suicide
2) suicide = une forme de reconnaissance de l'absurde
3) la question que pose Camus = voir l'absurde doit-il conduire au suicide? Le suicide est-il une
solution pour l'homme face à l'absurde?
4) Suicide et espoir = deux esquives face à l'absurde selon Camus
Définitions de l'Absurde selon Camus :
A) Première définition, empruntée à une sensation que tout être a pu ressentir dans sa vie :
1) tout homme a éprouvé l'absurde dans son quotidien et voici une des manières dont Camus le
caractérise :
Il arrive que les décors s'écroulent.
Lever, tramway, quatre heures de bureau ou d'usine, repas,
tramway, quatre heures de travail, repas, sommeil et lundi mardi mercredi jeudi vendredi et samedi sur
le même rythme, cette route se suit aisément la plupart du temps.
Un jour seulement, le « pourquoi »
s'élève et tout commence dans cette lassitude teintée d'étonnement.
« Commence », ceci est important.
La lassitude est à la fin des actes d'une vie machinale, mais elle inaugure en même temps le
mouvement de la conscience.
Elle l'éveille et elle provoque la suite.
La suite, c'est le retour inconscient
dans la chaîne, ou c'est l'éveil définitif.
Au bout de l'éveil vient, avec le temps, la conséquence : suicide
ou rétablissement.
En soi, la lassitude a quelque chose d'écœurant.
Ici je dois conclure qu'elle est
bonne.
Car tout commence par la conscience et rien ne vaut que par elle.
Ces remarques n'ont rien
d'original.
Mais elles sont évidentes : cela suffit pour un temps, à l'occasion d'une reconnaissance
sommaire dans les origines de l'absurde.
Le simple « souci » est à l'origine de tout.
De même et pour tous les jours d'une vie sans éclat, le temps nous porte.
Mais un moment
vient toujours où il faut le porter.
Nous vivons sur l'avenir : « demain », « plus tard », « quand tu auras
une situation », « avec l'âge tu comprendras ».
Ces inconséquences sont admirables, car enfin il s'agit
de mourir.
Un jour vient pourtant et l'homme constate ou dit qu'il a trente ans.
Il affirme ainsi sa
jeunesse.
Mais du même coup, il se situe par rapport au temps.
Il y prend sa place.
Il reconnaît qu'il est
à un certain moment d'une courbe qu'il confesse devoir parcourir.
Il appartient au temps et, à cette
horreur qui le saisit, il y reconnaît son pire ennemi.
Demain, il souhaitait demain, quand tout lui-même
aurait dû s'y refuser.
Cette révolte de la chair, c'est l'absurde.
Un degré plus bas et voici l'étrangeté : s'apercevoir que le monde est « épais », entrevoir à quel
point une pierre est étrangère, nous est irréductible, avec quelle intensité la nature, un paysage peut
nous nier.
Au fond de toute beauté gît quelque chose d'inhumain et ces collines, la douceur du ciel, ces
dessins d'arbres, voici qu'à la minute même, ils perdent le sens illusoire dont nous les revêtions,
désormais plus lointains qu'un paradis perdu.
L'hostilité primitive du monde, à travers les millénaires,
remonte vers nous.
Pour une seconde, nous ne le comprenons plus puisque pendant des siècles nous
n'avons compris en lui que les figures et les dessins que préalablement nous y mettions, puisque
désormais les forces nous manquent pour user de cet artifice.
Le monde nous échappe puisqu'il
redevient lui-même.
Ces décors masqués par l'habitude redeviennent ce qu'ils sont.
Ils s'éloignent de
nous.
De même qu'il est des jours où, sous le visage familier d'une femme, on retrouve comme une
étrangère celle qu'on avait aimée il y a des mois ou des années, peut-être allons-nous désirer même ce.
»
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