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Le néo-platonisme

Publié le 30/10/2009

Extrait du document

1° La philosophie antique dans sa dernière période n'a plus sa capitale traditionnelle à Athènes, la ville grecque par excellence. Le centre de la pensée s'établit alors à Alexandrie, ville cosmopolite où vivent Égyptiens, Juifs, Grecs et Romains. C'est le lieu privilégié de tous les échanges, particulièrement des échanges intellectuels. La ville est peuplée de penseurs qui disposent d'une admirable bibliothèque.    2° Ceci nous aide à comprendre le caractère syncrétique, ou synthétique de la philosophie néoplatonicienne. Le rationalisme lucide des Grecs s'unit — dans une synthèse très originale — aux ferveurs du mysticisme oriental. Malgré les dénégations des sceptiques et la propagande matérialiste des épicuriens, jamais les hommes n'ont été plus affamés de Dieu qu'à cette époque. Les religions du salut, le culte de Mithra, d'Isis, se développent. Le Christianisme va prendre son essor. Préoccupations philosophiques et préoccupations religieuses s'unissent étroitement. Les philosophes cherchent la vérité suprême et le salut. Les hommes pieux veulent fonder philosophiquement leurs croyances. Telle est l'atmosphère que nous trouvons aussi bien chez Philon d'Alexandrie que chez Plutarque ou chez Plotin.   

« a) La réalité suprême, le Dieu de Plotin, c'est l'Un qui n'est point la connaissance puisque la connaissance suppose ladualité du sujet connaissant et de l'objet connu, qui n'est point l'Être mais bien plutôt la source ineffable de toutl'Être, de toute la pensée.

Il est toute chose et il n'est aucune de ces choses.

Il est ce dont toute existence, toutevie, toute valeur émane mais Lui-même est tel qu'on n'en peut rien affirmer, ni la vie, ni l'essence, mais il estsupérieur à tout et source absolue de tout. b) Pourquoi y a-t-il d'autres hypostases ? Pourquoi ce Dieu plotinien, pourquoi /'Un n'est-il pas seul, pourquoi va-t-ilse dégrader dans la multiplicité ? Il n'est certes soumis à aucune nécessité, il ne peut désirer autre chose — cardésirer c'est manquer, et II est plénitude.

Mais l'Un est richesse infinie, générosité sublime.

La perfection suprême serépand d'elle-même, elle tend à engendrer d'autres êtres, semblable à Elle-même quoique moindres.

Ainsi d'un foyerardent les flammes rayonnent-elles.

Le premier-né de Dieu est le Logos, l'Intelligence.

Cette Intelligence est leprincipe de toute justice, de toute vertu et, ce qui est capital pour Plotin, de toute Beauté.

L'Intelligence est ce quifait que la réalité a une forme, qu'elle est cohérente et harmonieuse, qu'elle est Beauté (bien entendu, dans cettedeuxième hypostase, on retrouve quelque chose des Idées de Platon, de la pensée qui se pense d'Aristote). c) De l'Intelligence procède l'Ame, troisième hypostase (qui évoque le thème platonicien de l'âme du monde et aussile dieu cosmique des stoïciens).

L'Ame est à mi-chemin de l'Intelligence dont elle procède, et du monde sensibledont elle constitue l'ordre.

Les âmes individuelles émanent de cette âme universelle.

L'âme humaine est aussi commeun parcelle de Dieu lui-même présent en nous.

Au-dessous des trois hypostases, le monde matériel représente lestade ultime de cette « diffusion » divine, le point extrême où la lumière vient mourir ; c'est ici que nous trouvonsl'épaisseur de la chair, le poids de la matière, les ténèbres du mal.

Pourtant, lorsque l'un s'est dispersé, obscurci,abîmé dans le multiple, le multiple aspire à reconquérir l'unité, à s'éclairer et à se reposer en sa source sublime : Aumouvement de procession répond ici l'élan de conversion par lequel l'âme, tombée dans le corps, obscurcie dans lemal, va se reprendre et tenter de s'élever jusqu'au Principe originel.Gardons-nous pourtant de voir dans le plotinisme un dualisme gnostique.

Plotin lui-même a tenu à écrire un Traitécontre les sectes gnostiques.

Il n'y a pas pour lui un monde du mal rival du monde du bien.

Le mal n'a chez Plotinrien d'une substance positive : « Le mal n'est que F amoindrissement de la sagesse et une diminution progressive etcontinuelle du bien » (II, 9, 13).

L'âme que l'on dit prisonnière du mal est simplement une âme qui s'ignore elle-même, une lumière, dit Plotin, noyée dans le brume.

Le mal n'est pas une substance originale, il n'est recherché quepour le reflet du bien qui brille encore faiblement en lui.

En ce sens, pour Plotin, se délivrer du mal ce n'est pascomme pour les gnostiques détruire un univers pour naître à un autre, c'est plutôt se retrouver soi-même dans savérité.

N'oublions pas que c'est la lecture de Plotin qui arrachera un jour le jeune Augustin à ses croyances dualistesmanichéennes.Toute cette philosophie n'est pas absolument nouvelle.

Dans le Timée de Platon, il était déjà question d'une genèsedu monde ; et d'autre part la conversion plotinienne fait penser à la dialectique ascendante de Platon.

Dans cesdeux méthodes de purification, l'idée du Beau joue d'ailleurs un grand rôle.

Mais l'œuvre de Plotin a un accentmystique nouveau ; on y sent comme on ne l'avait jamais senti encore le désir et l'effort d'une âme qui veut setrouver et s'anéantir tout à la fois dans l'Un universel et ineffable.

C'est ce ravissement de l'âme, cette extase qui afrappé notamment Bergson dans les Ennéades et qui explique que l'auteur des Deux Sources ait placé Plotin au-dessus de tous les philosophes.. »

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