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Le passionné est-il l'ennemi de lui-même ?

Publié le 27/02/2005

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L'idée d'une passion fondamentale pour la vie est très importante, comme celle de but : loin d'agir en ennemi, la passion fait au contraire que l'homme devient ce qu'il veut être. La passion le définit, le conduit, lui donne une épaisseur, le fait être, l'unifie avec ce qu'il désire être. Comment l'homme pourrait-il se dédoubler en " ennemi " et " lui-même " ? La passion provoque-t-elle une sorte de dichotomie entre une part passionnée et une part raisonnable, avec un combat entre le bien et le mal ? Comment pourrait-il y avoir combat entre soi et soi si dans sa passion l'homme cesse justement de lutter pour suivre cette force passionnée ? Cela va dans le sens négatif comme positif : l'homme devient sa passion, et n'est donc plus autre chose. La passion prend la place de tout, il n'y a pas de combat, d'ennemi. L'alcoolique considère sa bouteille comme sa meilleure amie, il ne peut juger si elle est son ennemi ou non. Il suit ses penchants, en estimant que c'est ce qu'il y a de meilleur pour lui. En se faisant plaisir, il est difficile de penser qu'il est en même temps son ennemi. Il y a donc un problème de points de vue : qui peut dire que le passionné est l'ennemi de lui-même si ce n'est quelqu'un qui n'est plus dans les affres de la passion ? "Ennemi" est un terme très fort, qui tend à ramener la passion à quelque chose de hautement destructeur. Met-elle l'homme en danger ? Est-il encore capable de se fier à lui-même ? N'est-il pas autre (cette idée d'altérité doit apparaître : le passionné est comme possédé) ?

« effet penser que l'objet d'une passion n'est pas le plus important, mais que la passion se réalise plus dans lemouvement qu'elle implique, dans la démarche que dans la fin.

En outre, le caractère d'une passion est de n'êtrejamais assouvie, et l'homme passionné entretient et accroît sa passion à mesure qu'il s'y porte, de sorte qu'il necesse de se réaliser à travers elle.

Par exemple, l'homme passionné de planche à voile ne cessera pas de pratiquersa passion dès lors qu'il aura atteint un certain niveau d'excellence, mais s'exercera au contraire avec toujours plusde ferveur à mesure qu'il améliorera ses performances, et cherchera sans cesse à ce dépasser.

La passion ne visepas une fin achevée, elle est mouvement, processus, tension, dirigés en vue d'un perfectionnement sans limite.

PourTocqueville, la passion est ce qui fait la grandeur des hommes, car la passion est une principe stimulant etgénérateur, et l'homme passionné cherche à s'élever, à se dépasser, en mettant à profit tout le potentiel humain quin'est qu'une puissance destinée à se développer.

Hegel affirme que « rien de grand n'a jamais été ni ne sera jamaisaccompli sans les passions ».

La recherche de la vérité ou de la sagesse, c'est-à-dire, de ce qui grandi l'homme, esten elle-même une passion pour la philosophie. 3ème partie : L'homme passionné est un homme qui désire, et cherche une reconnaissance.

C'est dans ses passions que l'homme se révèle à lui-même et aux autres. La passion ne relève nullement d'un besoin, et c'est justement sa futilité et sa vanité qui semble la condamner.

Eneffet, la passion relève du désir, et c'est pourquoi, comme le désir, la passion est inextinguible.

Néanmoins, le désirchez l'homme est une donnée essentielle, qui distingue l'homme de l'animal et participe à sa construction.

Alors quele besoin maintient l'homme dans un cycle de consommation, le désir l'introduit à la dialectique de la reconnaissance.Pour Hegel, le désir humain, c'est le désir d'être reconnu par l'autre, c'est se ressaisir soi-même dans son rapport àune autre conscience de soi.

Le désir exemplaire chez l'homme, c'est le désir d'être aimé.

L'homme désire être aimé,afin de se sentir exister pour quelqu'un, d'avoir conscience de soi à travers l'amour que lui porte l'autre.

Lorsqu'onaime, on désire l'autre pour qu'il nous reconnaisse, et ce n'est qu'alors qu'on est sûr d'exister, car on a besoin de lamédiation par l'autre.

(« Je suis l'otage d'autrui », affirme Paul Ricœur »). La passion de l'homme est toujours un « désir de désir », un désir d'exister et d'être reconnu.

L'homme en définitiven'est pas tant dépendant de ses passions que d'autrui.

Pour être reconnu, l'homme doit passer par autrui, et c'estdans la dialectique de la reconnaissance que cette médiation peut se faire.

L'homme, en désirant, se livre donc audévoilement et à la reconnaissance, tandis que la maîtrise de ce désir l'empêcherait de s'affirmer, et le cantonneraitau statut d'objet. C'est le désir de reconnaissance qui détache l'homme de l'objectivité dans laquelle il baigne.

Pour ne plus êtreconsidéré comme un objet, il doit chercher à se faire reconnaître par autrui, donc désirer le regard d'autrui, et nons'y soustraire en retenant son désir. L'homme qui brime son désir en cherchant à le maîtriser encoure le risque de disparaître aux yeux d'autrui, de ne plusêtre reconnu, de perdre son identité. En effet, la passion d'un homme est aussi l'expression de sa propre personnalité, c'est ce qui en fait un êtresingulier, intéressant.

Aujourd'hui, avoir une passion est très valorisé dans notre société, et on admire les sportifs,artistes, et autres passionnés qui consacrent leur vie à leur passion.

Un homme qui n'a pas paraît morne, indifférent,dénué de caractéristique propre.

On s'aperçoit alors qu'être passionné, c'est aimer la vie, c'est se jeté à corpsperdu dans la vie, s'intéresser à ce qui nous entoure, ce que le monde nous offre.

La passion est une ouverture aumonde et à autrui.

Donc non seulement l'homme passionné n'est pas ennemi de lui-même, mais en plus, il témoigned'une ouverture et d'un désir de relations.

A l'inverse du sage, qui retiré en ermite, observe le monde sans y prendrepar, le passionné prend le risque de s'exposer, d'être dans le monde et de le vivre pleinement.

Il est donc certestéméraire, mais sont but n'est pas d'affronter un danger. Conclusion : Certes, la passion peut être néfaste pour l'homme, car elle est capable de le dominer et de lui faire perdre sa raison.Esclave de sa passion, le passionné ne peut qu'être malheureux car il aspire à un bien dont les limites sont sanscesse repoussées.

Le passionné peut donc être frustré, il n'en reste pas moins que c'est toujours son bonheur qu'ilrecherche, et ce n'est qu'inconsciemment qu'il se rend ennemi de lui-même.

En fait, les passions sont naturelles,elles font parties de la nature de l'homme.

On ne peut donc affirmer que l'homme passionné est ennemi de lui-même,dans la mesure où il ne fait que suivre sa nature.

Il faut alors voir les passions comme un principe moteur de l'actionhumaine, comme un puissant stimulant qui les portent vers leur réalisation, et les conduit à se dépasser toujoursplus.

Si la passion peut parfois provoquer la douleur, elle est néanmoins dirigée vers un bien, et en tant queprocessus, l'attitude passionnée est un élan vital, un désir de vie qui caractérise la bienveillance de l'homme pourlui-même.

En outre, l'homme passionné est tout le contraire d'un ennemi, si l'on considère que la passion le faitentrer dans une dialectique de reconnaissance, et le révèle à lui-même.

C'est à travers les passions des hommesqu'on vient à leur rencontre, qu'on les connaît davantage.

L'homme passionné s'éprouve lui-même dans sa passion, ilprend conscience de son existence pour lui et pour autrui, de son existence d'homme, mû par ses désirs, à conditionque la raison opère comme garde-fou, et prévienne les excès passionnels.. »

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