Devoir de Philosophie

Le philosophe doit-il se détacher de la matière ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

C'est par sa conscience active que l'homme sort de l'emprise de la matière ; le philosophe est alors amené à exprimer la réalité humaine de la conscience comme étant la partie de l'homme qui lui permet de s'identifier, de se construire une personnalité par un acte libre et nouveau et non motivé et réduit aux intérêts pratiques et corporels provenant exclusivement de la matière. Annoncer comme Marx la fin de la philosophie et de l'utilité des philosophes, en raison de leur statut intellectuel ( c'est-à-dire hors de la matière ) ne permet pas de prendre en compte et de promouvoir une autre réalité en soi : celle de la conscience libre qui se désenchaîne du monde matériel, inerte et insignifiant en soi, si ce n'est qu'il est enclin à l'appétence du corps nivelant toute individualité. Sans tomber dans un schopenhauerisme outrancier ( aller à l'encontre du désir corporel ), le philosophe est le garant du discours qui défend l'expression de l'autonomie de la conscience afin qu'à l'intérieur de chacun, s'exprime chaque être authentique. Toute perception est relative à la disposition de la conscience de chacun, du choix de vie éthique et conscient ; c'est au philosophe d'être, par son discours, le garant de la spécificité de l'être humain : être différent et ainsi être fidèle à l'authenticité de l'être proprement humain ( être authentique, c'est être différent ) Ainsi l'écrit Heidegger : «  Le langage est la maison de l'Etre. Dans son abri, habite l'homme. Les penseurs et les poètes sont les gardiens de cet abri » ( Lettre sur l'humanisme ) L'homme est appelé à développer sa personnalité ; c'est au philosophe d'être, non seulement le témoin, mais aussi l'archétype et le défenseur de la réalité humaine se distinguant de la réalité matérielle des corps.   Conclusion :   Sur le plan de la connaissance, il semble aller de soi que le philosophe cherche à dépasser le monde sensible et visible pour pouvoir le fonder dans des concepts abstraits ou des idées plus fondamentales. Nous ne pouvons comprendre le monde en nous contentant de ce que l'on voit. Mais méthodiquement, il est plus sûr et certain pour le philosophe de canaliser son discours sur la base de la perception sensible car le philosophe est avant tout un homme incarné dans un corps, témoin d'une certaine réalité concrète. Mais si le corps peut réduire notre champ de nos connaissances en fonction de nos intérêts pratiques, voire même nous leurrer, on peut penser que finalement la réalité humaine ne s'écarte guère d'une volonté de soumettre le monde pour le pouvoir de chacun, ce que l'homme pourra difficilement éluder.

Le matérialisme est bien ce courant de pensée philosophique qui vise à expliquer toute réalité à partir de la matière, soit à partir de ce qui apparaît concrètement et de ce qui provient d’atomes .

Mais le philosophe matérialiste lui-même ne va-t-il pas à sa perte dans la mesure où là où s’arrête son interprétation, à ce que l’on voit et à ce que le physico-chimiste étudie en profondeur, là advient la mort non seulement de sa propre philosophie ( relayée par d’autres observateurs, cette philosophie n’a plus lieu d’être ), mais encore de sa dénonciation d’une philosophie abstraite et spirituelle ( car la philosophie matérialiste utilise elle-même et paradoxalement encore des notions abstraites : « atomes «, « matière «... ) Alors, pour que la philosophie vive et développe ses concepts abstraits, ne doit-elle pas ou n’a-t-elle pas plutôt intérêt à se détacher de toute matière ? Autrement dit sa tâche spécifique, que l’on retrouve même chez un matérialiste, n’est-il pas d’abstraire, dévoilant alors une réalité non seulement invisible et abstraite mais aussi spirituelle ? Certes l’abstraction est une condition sine qua non de la philosophie. Mais la fin de la philosophie ne reste-t-elle pas néanmoins de nous donner le sens de ce monde réel, concret, sensible et matériel ? En sortira-t-elle pour autant perdante, voire même suicidée ? Parler du sens de la réalité concrète ne signifie pas non plus que cette réalité ne possède pas de fondements et de fins abstraits. Le philosophe ne doit-il pas alors sortir de cette réalité concrète pour mieux en parler ? Comment le peut-il ?

« peut-il prouver l'existence d'un monde invisible ? [ II) NON ] Le philosophe se doit de rester ancré dans la réalité concrète.

[ A) parce que ] Le monde abstrait des Idées peut être assimilé à de la chimère.

Si certains philosophes se tiennent à l'écart de la société, c'est que très souvent ils se sont trouvés incompris : c'est le cas par exemple d'Héraclite quivivait en vase clos car les gens de la société rejetait ses théories à caractère antagoniste pouvant compromettre la paix sociale.C'est ce qu'on appellerait « se réfugier dans une tour d'Ivoire », à l'abri de la réalité concrète qui serait susceptible de nousinterpeller.

Faut-il y voir alors une faiblesse de volonté pour reprendre une interprétation nietzschéenne ? Pour Platon, le mondedes Idées est garant d'une vérité solide, fiable, en dehors d'une situation psychologique.

La réalité platonicienne s'explique enelle-même.

Une quelconque faiblesse psychologique de la part de Platon ne lui aurait pas permis de fonder jusqu'au bout sesthéories.

Mais Platon recourt à la réalité sensible dans un premier temps ( car il s'agit de se faire comprendre de la société qu'ilfaut pour lui changer ).

Ce qui crée même un paradoxe : l'homme ne peut qu'approcher ses Idées par le recours d'unedialectique qui puise son existence et son exercice dans l'inventaire de déterminations concrètes, issues de l'expériencematérielle ou plutôt de ce que l'on en dit d'elle ( opinion ).

La dialectique s'appuie sur l'exercice philosophique de Socrate quiconsiste à opposer une opinion par une autre.

Mais dans ce cas, on recense des cas concrets, expérimentaux : on se base là-dessus pour remonter aux Idées ; mais nous n'avons jamais fini de recenser des opinions pour accéder aux Idées ! Commentalors posséder l'Idée, et a fortiori, la plus fondamentale de toutes : l'Idée du Bien ? A la suite de Platon, certains penseursreligieux ont pu voir dans l'Idée du Bien, Dieu qui se fait invisible pour que l'homme désire le chercher et le trouver, au-delàde la matière ou de la nature constituée d'oppositions pour précisément aiguillonner l'étonnement puis la recherche, et donc ledésir, de l'homme.

Mais Kant fait remarquer, dans la Critique de la raison pure, que l'homme risque de tomber dans des représentations extravagantes des idées fondamentales ou plutôt comme il le dit : « chimériques » ( imaginaires, dont on ne peutpas prouver expérimentalement l'existence ).

Alors ne faut-il pas s'arrêter à ce que l'on perçoit sensiblement pour pouvoirparler du monde le mieux possible ? [ B) parce que ] La loi d'obligation du philosophe est la suivante : « se baser sur la réalité sensible etmatérielle » .

C'est parce que le philosophe risque de tomber dans des explications causales improuvables et parfois farfelues que Kant propose d'écarter par une sorte d'obligation toute ( pseudo- ) philosophie ayant recours à des idées ou des agents invisibles, c'est-à-dire que l'on ne peut constater hors du champexpérimental et matériel.

Sinon pour Kant, nous tombons dans ce qu'il appelle un « dogmatisme » : prendre arbitrairement desfondements non expérimentaux, non formées à partir de la réalité sensible, pour en faire, de façon inexplicable, des véritéscausales.

Il suffirait d'y croire en raison par exemple de son aspect pratique : croyons en Dieu puisqu'il nous apportera la paix.Or le savoir kantien est expérimental : il s'appuie sur l'observation de ce qui est matériel, à partir de quoi ma conscience reçoitdes intuitions sensibles éparses.

Et seulement sur la base de ce contenu, j'applique les formes ( ou les catégories ) inhérentes àma conscience synthétisante.

La philosophie kantienne s'appuie aussi sur des formes « a priori » de ma conscience et sur ceprincipe abstrait et invisible.

La conscience ne demeure-t-elle pas encore un objet de croyance ? [ C) parce que ] La philosophie, qui ne tient qu'à l'évolution de la conscience, n'est contenue que dans un mondematériel. Certes, par l'armature d'une conscience et de ses formes, Kant voulait ainsi dissiper tout scepticisme doutant de toute cause possible : la cause de la cause, comme c'est le cas dela conscience, est introuvable ; c'est pourquoi pour Kant on doit admettre encore une croyance en la conscience ou autrementdit en une âme ; son existence est décelée dans l'activité même de sa synthèse.

Mais de la philosophie kantienne au matérialismemarxiste, il n'y a qu'un pas : la conscience est un produit forgé à partir de l'activité humaine au contact avec la matière : maconscience s'extrait et se forme à partir d'une attention soutenue, d'un effort de concentration et de maîtrise que demande saconfrontation avec la matière plus dure parce que plus inerte.

Née de la confrontation, d'une certaine tension, la consciencen'exprime que mieux la réalité dont elle est issue : celle de la formation de la matière qui ne se produit qu'à partir d'un conflitd'atomes.

Autrement dit, la conscience n'est qu'une émanation de forme issue de l'évolution conflictuelle de la matière.

[ Transition ] La conscience n'est alors qu'une forme de la matière à un stade de son évolution conflictuelle.

La philosophie qui en découle est toute entière engoncée dans cette matière : même si elle paraît abstraite, elle n'en est pas mieux que révélatrice :suivant la situation matérielle du philosophe, celui-ci développera une philosophie détachée et abstraite s'il veut asseoir etfonder un pouvoir intellectuel.

Pour des intérêts matériels, la conscience est l'arme efficace de prise de pouvoir sur les autreshommes par une sorte de supériorité ou d'ascendance obtenue grâce à un discours puisant sa force dans des fondementsnouveaux et donc abstraits, puisque s'écartant du fondement ancien qu'est la matière spontanément perceptible.

Mais alorscomment comprendre le sens de la réalité elle-même matérielle et hétérogène si le philosophe ne se donne pas une armature defondements abstraits ? Le philosophe matérialiste qu'est Marx n'en fait-il pas autant ? [ III) OUI, mais ] La philosophie a pour tâche de sortir de la matière mais pour saisir la portée de celle-ci.

[ A) parce que ] La réalité matérielle ne se donne pas à comprendre spontanément.

Pour les raisons évoquées. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles