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La philosophie doit-elle se détacher de la matière ?

Publié le 27/02/2008

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          [ B) parce que ]La réalité matérielle change : c'est ce qui cause son discrédit. La réalité matérielle est soumise au devenir, à ce qui sera autre dans l'instant suivant. Elle s'altère, s'érode et change de physionomie dans la redistribution de ses éléments fondamentaux, dans leur interaction. Comme l'avait déjà conçu Epicure : ce qui est au fondement des choses que l'on perçoit sont les atomes qui rentrent continuellement en opposition les uns par rapport aux autres. Leur opposition, qui se nomme « clinamen », crée ce que l'on voit apparaître en surface : une consistance matérielle, une force ou un mouvement et donc un changement. Mais au lieu d'y voir une prosaïque réalité de fond, Platon, opposé à Epicure notamment sur ce point, ne veut pas voir une réalité fondamentale dans la matière composée d'atomes hétérogènes et opposés. Nous ne pouvons, en effet, fonder quelque chose de vrai sur la mouvance des atomes. Pour qu'une chose soit vraie, pour Platon, il faut qu'elle soit nécessairement immuable et éternelle en son état, sinon de quoi parlons-nous à un instant donné quand un phénomène apparaît ?. C'est pourquoi, Platon indique, dans son allégorie de la Caverne, dans le livre VII de la République, un monde intelligible et invisible que seul le véritable philosophe parvient à atteindre et à contempler sous l'image d'un prisonnier libéré qui ne se contente pas, contrairement à des prisonniers toujours enchaînés dans une caverne, de croire aux apparences spontanées des ombres sur la paroi de cette même caverne. Le philosophe veut aller au-delà du monde sensible qui, en lui-même, ne m'indique rien de plus qu'un changement ( le devenir ) qui le compromet dans son existence.
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« peut-il prouver l'existence d'un monde invisible ? [ II) NON ] Le philosophe se doit de rester ancré dans la réalité concrète.

[ A) parce que ] Le monde abstrait des Idées peut être assimilé à de la chimère.

Si certains philosophes se tiennent à l'écart de la société, c'est que très souvent ils se sont trouvés incompris : c'est le cas par exemple d'Héraclite quivivait en vase clos car les gens de la société rejetait ses théories à caractère antagoniste pouvant compromettre la paix sociale.C'est ce qu'on appellerait « se réfugier dans une tour d'Ivoire », à l'abri de la réalité concrète qui serait susceptible de nousinterpeller.

Faut-il y voir alors une faiblesse de volonté pour reprendre une interprétation nietzschéenne ? Pour Platon, le mondedes Idées est garant d'une vérité solide, fiable, en dehors d'une situation psychologique.

La réalité platonicienne s'explique enelle-même.

Une quelconque faiblesse psychologique de la part de Platon ne lui aurait pas permis de fonder jusqu'au bout sesthéories.

Mais Platon recourt à la réalité sensible dans un premier temps ( car il s'agit de se faire comprendre de la société qu'ilfaut pour lui changer ).

Ce qui crée même un paradoxe : l'homme ne peut qu'approcher ses Idées par le recours d'unedialectique qui puise son existence et son exercice dans l'inventaire de déterminations concrètes, issues de l'expériencematérielle ou plutôt de ce que l'on en dit d'elle ( opinion ).

La dialectique s'appuie sur l'exercice philosophique de Socrate quiconsiste à opposer une opinion par une autre.

Mais dans ce cas, on recense des cas concrets, expérimentaux : on se base là-dessus pour remonter aux Idées ; mais nous n'avons jamais fini de recenser des opinions pour accéder aux Idées ! Commentalors posséder l'Idée, et a fortiori, la plus fondamentale de toutes : l'Idée du Bien ? A la suite de Platon, certains penseursreligieux ont pu voir dans l'Idée du Bien, Dieu qui se fait invisible pour que l'homme désire le chercher et le trouver, au-delàde la matière ou de la nature constituée d'oppositions pour précisément aiguillonner l'étonnement puis la recherche, et donc ledésir, de l'homme.

Mais Kant fait remarquer, dans la Critique de la raison pure, que l'homme risque de tomber dans des représentations extravagantes des idées fondamentales ou plutôt comme il le dit : « chimériques » ( imaginaires, dont on ne peutpas prouver expérimentalement l'existence ).

Alors ne faut-il pas s'arrêter à ce que l'on perçoit sensiblement pour pouvoirparler du monde le mieux possible ? [ B) parce que ] La loi d'obligation du philosophe est la suivante : « se baser sur la réalité sensible etmatérielle » .

C'est parce que le philosophe risque de tomber dans des explications causales improuvables et parfois farfelues que Kant propose d'écarter par une sorte d'obligation toute ( pseudo- ) philosophie ayant recours à des idées ou des agents invisibles, c'est-à-dire que l'on ne peut constater hors du champexpérimental et matériel.

Sinon pour Kant, nous tombons dans ce qu'il appelle un « dogmatisme » : prendre arbitrairement desfondements non expérimentaux, non formées à partir de la réalité sensible, pour en faire, de façon inexplicable, des véritéscausales.

Il suffirait d'y croire en raison par exemple de son aspect pratique : croyons en Dieu puisqu'il nous apportera la paix.Or le savoir kantien est expérimental : il s'appuie sur l'observation de ce qui est matériel, à partir de quoi ma conscience reçoitdes intuitions sensibles éparses.

Et seulement sur la base de ce contenu, j'applique les formes ( ou les catégories ) inhérentes àma conscience synthétisante.

La philosophie kantienne s'appuie aussi sur des formes « a priori » de ma conscience et sur ceprincipe abstrait et invisible.

La conscience ne demeure-t-elle pas encore un objet de croyance ? [ C) parce que ] La philosophie, qui ne tient qu'à l'évolution de la conscience, n'est contenue que dans un mondematériel. Certes, par l'armature d'une conscience et de ses formes, Kant voulait ainsi dissiper tout scepticisme doutant de toute cause possible : la cause de la cause, comme c'est le cas dela conscience, est introuvable ; c'est pourquoi pour Kant on doit admettre encore une croyance en la conscience ou autrementdit en une âme ; son existence est décelée dans l'activité même de sa synthèse.

Mais de la philosophie kantienne au matérialismemarxiste, il n'y a qu'un pas : la conscience est un produit forgé à partir de l'activité humaine au contact avec la matière : maconscience s'extrait et se forme à partir d'une attention soutenue, d'un effort de concentration et de maîtrise que demande saconfrontation avec la matière plus dure parce que plus inerte.

Née de la confrontation, d'une certaine tension, la consciencen'exprime que mieux la réalité dont elle est issue : celle de la formation de la matière qui ne se produit qu'à partir d'un conflitd'atomes.

Autrement dit, la conscience n'est qu'une émanation de forme issue de l'évolution conflictuelle de la matière.

[ Transition ] La conscience n'est alors qu'une forme de la matière à un stade de son évolution conflictuelle.

La philosophie qui en découle est toute entière engoncée dans cette matière : même si elle paraît abstraite, elle n'en est pas mieux que révélatrice :suivant la situation matérielle du philosophe, celui-ci développera une philosophie détachée et abstraite s'il veut asseoir etfonder un pouvoir intellectuel.

Pour des intérêts matériels, la conscience est l'arme efficace de prise de pouvoir sur les autreshommes par une sorte de supériorité ou d'ascendance obtenue grâce à un discours puisant sa force dans des fondementsnouveaux et donc abstraits, puisque s'écartant du fondement ancien qu'est la matière spontanément perceptible.

Mais alorscomment comprendre le sens de la réalité elle-même matérielle et hétérogène si le philosophe ne se donne pas une armature defondements abstraits ? Le philosophe matérialiste qu'est Marx n'en fait-il pas autant ? [ III) OUI, mais ] La philosophie a pour tâche de sortir de la matière mais pour saisir la portée de celle-ci.

[ A) parce que ] La réalité matérielle ne se donne pas à comprendre spontanément.

Pour les raisons évoquées. »

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