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Le respect du droit est-il une garantie ou un obstacle pour la liberté ?

Publié le 05/11/2005

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La soumission à la justice égalitaire est donc le fait des faibles, qui craignent les puissants et sont incapables de dominer. Le discours de Calliclès."Certes, ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois, j'en suis sûr. C'est donc en fonction d'eux-mêmes et de leur intérêt personnel que les faibles font les lois, qu'ils attribuent des louanges, qu'ils répartissent des blâmes. Ils veulent faire peur aux hommes plus forts qu'eux et qui peuvent leur être supérieurs. C'est pour empêcher que ces hommes ne leur soient supérieurs qu'ils disent qu'il est vilain, qu'il est injuste, d'avoir plus que les autres et que l'injustice consiste justement à vouloir avoir plus. Car, ce qui plaît aux faibles, c'est d'avoir l'air d'être égaux à de tels hommes, alors qu'ils leur sont inférieurs.Et quand on dit qu'il est injuste, qu'il est vilain, de vouloir avoir plus que la plupart des gens, on s'exprime en se référant à la loi. Or, au contraire, il est évident, selon moi, que la justice consiste en ce que le meilleur ait plus que le moins bon et le plus fort plus que le moins fort. Partout il en est ainsi, c'est ce que la nature enseigne, chez toutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités !Si le plus fort domine le moins fort et s'il est supérieur à lui, c'est là le signe que c'est juste.

 

La règle de droit est ce qui règle les rapports sociaux dans nos sociétés, à côté des coutumes, des règles morales ou religieuses qui peuvent aussi régler les rapports sociaux.

On assiste aujourd’hui à une inflation de cette règle. On fait de plus en plus appel au droit pour résoudre les moindres litiges personnels. On a besoin de substituer aux règles de morale défaillantes des règles de droit.

Le droit a pour source la loi, il est un arbitrage impartial et équitable.

Cette question interroge la relation entre le droit et la liberté. Cependant, il faut surtout remarquer qu’elle se positionne du point de vue de la relation que le sujet entretient avec le droit. Est ce le respect que l’homme manifeste ou non à l’égard du droit qui conditionne sa liberté? Le fait que je respecte le droit, c’est-à-dire que j’obéisse aux lois et ne me dresse pas contre les règles de la société à laquelle j’appartiens, est-il la condition d’existence de ma liberté ou bien au contraire est-ce une façon de la brimer ?

Enfin est-il possible de vraiment trancher ? Le respect du droit ne peut-il à la fois être obstacle et garantie de ma liberté ? Si c’est le cas, dans quelles conditions ?

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« consistance.Les meilleures dispositions sont laminées par l'éducation égalitariste.Le vrai droit est celui de la nature qui est foncièrement inégalitaire.

En effet, il est universel, nécessaire,irrécusable.Cette fausse loi sous laquelle nous vivons est intrinsèquement fragile, puisqu'elle se maintient en s'appuyantsur un verbiage sans répondant, et grâce à l'absence momentanée d'un individu suffisamment fort pour larenverser en lui et hors de lui. Discussion de chaque argument Calliclès confond expression et représentation.

S'il est vrai que les lois représentent la masse, elles ont une réalitéqui ne lui est pas réductible.

La vraie question est donc celle de la spécificité du politique : un ordre d'existence queson absence de répondant réel n'autorise pas à qualifier d'illusoire.Calliclès suppose que l'homme est un être sorti tout constitué de la nature, c'est-à-dire qu'il est un simple vivant,alors qu'il est le produit des lois.

Il est donc absurde de considérer que les lois l'oppressent : elles le constituentcomme sujet.L'égalité conditionne l'idée même de loi, à la fois parce qu'elle doit être la même pour tous et qu'elle effectue laforme même de la réflexion, puisque réfléchir revient à se poser soi-même comme un sujet indifférent c'est-à-direjuridiquement égal aux autres.

La loi a la consistance de la réflexion, acceptée par le discours de Calliclès en tantque c'est un discours et non un pure violence.La cité, dit Aristote, exclut aussi bien ceux qui sont trop inférieurs (bestialité) que ceux qui sont trop supérieurs (lesdieux, les héros), puisqu'il est impossible à l'individu moyen de se reconnaître en eux.

Toute éducation a donc bienune dimension de dressage à la " semblance " (être le même que soi parce qu'on s'est soumis à ce qui rassemble lessemblables) c'est-à-dire à la médiocrité.

Cependant les dispositions exceptionnelles ne sont pas naturelles maishumaines (l'idée d'un gène de la musique, de la philosophie ou des mathématiques est absurde, puisque ce sont desréalités exclusivement culturelles) : les " dons " sont des attitudes envers le monde et surtout envers soi-même(une éthique) motivées par une situation en fin de compte toujours sociale.

Dès lors si la vie commune peut parfoisétouffer de grandes individualités potentielles, elle est cependant le seul lieu de leur possibilité.

En réalité le dangerreste très minime : être une personnalité d'exception étant une question d'éthique et non pas de nature, autrementdit la semblance étant une position subjective et non un état objectif, il faudrait des circonstances extrêmementparticulières et rares pour qu'un individu ne soit pas totalement responsable de sa vie.

Donc même si l'on admetcette absurdité que constitue l'idée d'un don naturel, l'argument de Calliclès qui attribue cette responsabilité à lasociété reste sans portée réelle.Calliclès confond le fait et le droit : la nature atteste de ce qui est, pas de ce qui doit être.

Quand il s'agit des loisde la cité, son invocation est donc nulle par principe.

D'autre part il confond l'universalité des lois de la nature quiest absolue ou a priori (si on ne la pose pas l'idée même de nature n'a aucun sens, et avec elle la simple éventualitédu savoir) et celle des lois de la cité qui est relative ou réflexive (c'est le rapport du peuple à lui-même).

Autrementdit il confond la réalité où s'effectue la nécessité des lois de la nature avec la représentation où s'effectue celle deslois de la cité.La culture n'a pas de répondant et c'est précisément en cela qu'elle s'oppose à la nature : l'arbitraire n'est pas safaiblesse mais sa force, puisqu'on peut seulement contester ce qui se présente comme fondé.

On n'obéit donc pas àla loi parce qu'elle est utile, mais simplement parce que c'est la loi.

Voulant fonder la loi dans la réalité, Calliclèsl'abolit donc : il n'y aurait plus que la nature.

Mais il réfute lui-même la thèse que cela pourrait constituer en prônantle droit du plus fort en déplorant un pouvoir que les faibles exercent...

pour la seule raison qu'ils sontmomentanément les plus forts.

On comprend ainsi que ce n'est pas du tout de la nature qu'il parle : devant êtreimposée d'une manière volontaire et non par la seule immanence de sa nécessité, cette " nature " est en réalitépurement idéologique, comme à chaque fois qu'on veut y voir un modèle.

Dès lors, la vérité de son argumentationapparaît à la fin du texte : il veut seulement un maître, grâce auquel il sera enfin débarrassé de sa liberté en sedissolvant dans la semblance universelle. Conclusion partielle Ce discours, paradigme de tout recours à la nature pour décider des affaires humaines, est un exemple deméconnaissance projective : celui qui veut un maître attribue aux autres une nature d'esclaves ! La servitudevolontaire est le mobile caché de toute invocation d'un modèle naturel.

La méthode généalogique se retourne contreCalliclès.. »

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