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Le responsable d'un crime contre l'humanité devrait-il être tué ?

Publié le 02/02/2005

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Il est donc un crime contre l'humanité, mais au premier sens de la distinction que nous avons opérée. La responsabilité est intimement liée à l'idée de liberté : en effet, pour qu'un sujet soit responsable de ses actes (au sens large ou devant la loi), il faut pouvoir penser qu'il les a commis librement et non sous la contrainte (le malade mental par exemple n'est pas nécessairement libre de ses actes).     Problématisation :   Notre question soulève d'abord le problème de la proportion de la peine au crime : I - La peine doit-elle être proportionnée au crime ? Il pose également la question de la responsabilité : II - le sujet est peut-il être dit responsable de ses actes ?             I - La peine doit-elle être proportionnée au crime ?   La difficulté de notre question réside dans le verbe « devoir » qui indique une proportion inconditionnée de la peine au droit. Partons de la situation que Rousseau ou Locke nomment « état de nature » : les hommes n'y ont pour intérêt que leur propre subsistance. Mais la subsistance de chacun est menacée par celle des autres : nous sommes deux par exemple à nous disputer une même ressource qui assure notre subsistance. La conséquence immédiate est le conflit. Toujours dans cet état de nature, supposons qu'un meurtre soit commis suite à un conflit.

« II – le sujet est peut-il être dit responsable de ses actes ? Kant, dans la Critique de la raison pratique , montre que le devoir précède et fonde la liberté : ce qui est premier, c'est la loi morale qui parle en chacun.C'est pourquoi « je peux parce que je dois » et non l'inverse.

Il nous est eneffet impossible de ne pas juger nous-même nos actions.

Autrement dit, noussavons toujours si nous avons bien ou mal agit.

Se fait de la raison ne signifierien d'autre que la présence de la loi morale en nous.Chaque homme est, dans la perspective kantienne, libre dans ses actions,donc responsable de celles-ci.

L'est-il cependant devant les lois d'un état dedroit ?Nous avons indiqué ci-dessus que l'entrée dans un état de droit ne pouvaitêtre que librement consentie.

Nous sommes donc responsable du choix quenous avons fait d'entrer ou nous en état de droit.

Or ce choix signifie lasoumission aux lois qui régissent l'état de droit.

Nous sommes donc égalementresponsables devant les lois d'un état de droit.La difficulté concernant la responsabilité étant levée, il nous est maintenantpossible de reprendre le fil de nos considérations, et, afin de répondre à laquestion qui nous est posée, de nous interroger sur la possibilité qu'une loiaurait d'affirmer la proportionnalité stricte d'une peine au crime : III – La loi peut-elle prescrire le meurtre ? Nous nous plaçons dans le cas du jugement d'un criminel responsable d'un crime contre l'humanité.

Est-il alorspossible qu'une loi ou un jugement condamne à mort ce criminel en toute justice et non seulement pour un motifcaché de vengeance ?Supposons que cette loi existe.

Ne fait-elle pas alors du bourreau qui la met en application et exécute le condamnéun criminel qui, à son tour et pour les mêmes motifs, devrait être jugé et exécuté ? Le bourreau, en effet, s'estsoumis librement aux mêmes lois que le meurtrier.

La loi donne-t-elle un passe-droit au bourreau ? Comment sortir dece cercle logique ?Une interprétation possible serait la suivante : donner un statut particulier au bourreau revient à séparer la loi deson application : les acteurs qui appliquent la loi ne seraient pas eux-mêmes soumis à la loi, pour autant qu'ilsentrent dans une fonction d'acteur.

La conséquence est que le bourreau, lorsqu'il revêt sa fonction de bourreau,n'est plus homme.Toute la difficulté réside dans cette séparation : n'est-elle pas une déshumanisation du bourreau ? Excepter lasoumission du bourreau à la loi qu'il exécute, n'est-ce pas faire de lui un simple instrument ? Dans ce cas en effet,nous nions sa liberté, c'est-à-dire, comme l'a montré Kant, son caractère humain.

Conclusion : Une loi qui prescrirait le meurtre apparaît auto-contradictoire, si bien que philosophiquement, il est impossibled'affirmer qu'un criminel, quel que fût son crime, puisse être exécuté.

Une loi qui prescrirait l'exécution au motifd'une proportionnalité entre le crime et la peine déshumaniserait d'une part le criminel jugé, au sens où elle nierait sanature humaine « matérielle » en le tuant, d'autre part le bourreau, au sens où elle nierait sa nature humaine libre enen faisant un instrument (et plus un sujet).. »

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