Devoir de Philosophie

LE RISQUE

Publié le 14/08/2014

Extrait du document

Appréciations d'ensemble et remarques

Réflexion puissante et documentée, dont on peut dire qu'elle a de l'étoffe et du souffle. Sa grande force est sa parfaite adéquation au sujet, qui est traité d'un bout à l'autre du devoir sans être un instant perdu de vue. Elle est aussi de maîtriser autant sa référence aux sciences humai­nes que sa référence à la philosophie classique.

La réflexion sur l'État est fort instruite (Hobbes, Rous­seau, etc.). Une remarque toutefois : à propos de Hobbes et de sa théorie contractuelle de l'État, il vaut mieux parler de souverain (représentant, unique ou multiple, de l'autori­té) que de prince (ce terme renvoyant plutôt à l'autorité d'un personnage qui détient dans ses mains les fonctions du gouvernement, selon un modèle essentiellement monar­chique). Hobbes, du reste, est un partisan de la monarchie absolue, mais c'est le terme de souverain qui se rencontre chez lui (voir Le Corps politique, rééd. Saint-Étienne, et P. Tort, Physique de l'Etat, Vrin). Par contre, c'est du Prince qu'il est question chez Machiavel.

 

Le candidat, par ailleurs, pense toujours la liberté sur un mode individualiste, comme liberté de l'invidu contre la société dont il fait partie. Là encore, on pouvait évoquer Hobbes, Rousseau, et la notion de répression ou de sanc­tion sociale ou juridique. Mais il ne faut pas oublier que dans Le Contrat social de Rousseau, l'individu contrac­tant échange librement sa liberté naturelle contre une liberté autre — qualitativement — qui commence après sa soumission à des lois qu'il a choisies en vue de sa propre préservation : la question est alors de savoir si le risque présenté par la liberté dans l'état de nature — état de guerre généralisé chez Hobbes, au sein duquel tout homme peut être tué par n'importe quel autre — n'est pas plus grand

« 30 sorte qu'il lui fasse apparaître les conditions inadéqua­ tes de celui-ci, et qu'il le détermine à agir.

C'est pourquoi il nous semble important de souli­ gner que la liberté ne se manifeste qu'à travers l'action et qu'elle consiste, à l'instar des sciences, à avoir prise 35 sur le réel et à modifier l'ordre du réel.

En ce sens la liberté se constitue toujours contre quelque chose ou quelqu'un et, à l'image du progrès, n'est possible qu'en déjouant des pièges et en abattant des obstacles.

40 C'est pourquoi nous pouvons définir dans un pre- mier temps la liberté comme la conscience d'un rap­ port vécu inadéquat à l'histoire et, par conséquent, la détermination à agir afin de modifier l'ordre du réel in­ satisfaisant.

45 Voyons en quoi elle peut comporter certains risques.

Il nous semble tout d'abord important de souligner que cette question s'est en premier lieu posée à Platon à travers La République.

50 Il s'est interrogé sur la possibilité d'établir une cité idéale garantissant à chacun la liberté et l'ordre social.

La première remarque que nous inspire sa concep­ tion est que Platon, comme plus tard Hobbes, Locke, Hume, Rousseau, insiste sur le fait que la liberté se 55 contracte, qu'elle est établie par un contrat social accepté par les différentes parties en présence.

D'autre part, de la république platonicienne, il nous semble important de retenir que la cité s'est établie afin d'assurer la protection d'un petit nombre d'individus, 60 protection aussi bien militaire que sociale.

La question de la liberté y est alors en plein cœur, en ce sens que chacun s'est résolu à renoncer à sa liberté individuelle pour se soumettre à celle imposée par le groupe.

C'est pourquoi la cité idéale proposée par Platon 65 inhibe toute initiative personnelle, toute liberté indivi­ duelle.

Ou bien le sujet se soumet aux« lois» (qui n'ont rien. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles