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LE SENTIMENT

Publié le 16/03/2011

Extrait du document

1° Définition générale : L'affectivité dans son ensemble est l'appréciation par le sujet de son état subjectif et de sa relation avec le monde des objets ou des êtres qu'il cherche à conquérir, qu'il réussit à s'approprier, ou qui se refusent à lui. C'est, en somme, le retentissement sur le sujet du résultat de son activité.    2° Classification des phénomènes. Nous pouvons distinguer maintenant plusieurs phénomènes :    — les catégories fondamentales de l'agréable, du désagréable et de l'intéressant, sont des réactions essentielles qui constituent comme l'essence des émotions proprement dites (joie, tristesse) et qui expriment en somme l'attitude et l'état général de l'activité;    — le plaisir et la douleur, en tant que phénomènes localisés, ne sont plus un état, mais ce qu'on peut appeler sensation plus précise ou affection;    — l'émotion, d'abord émotion-choc, marque un double trouble de l'organisme et de l'esprit; le cours des représentations est perturbé, les fonctions organiques sont altérées par le choc, la vie psychique est modifiée dans son cours, son intensité, sa plénitude. L'émotion-choc a quelque chose de massif et de manifestement infra-sentimental;    — la passion dans laquelle le sentiment est détaché de la considération des circonstances, représente une forme d'affectivité imperméable à l'expérience, aveugle aux choses, sans souci d'adaptation à l'objet, qui vit d'une vie subjective intense et démesurément exigeante;     

« passée : d'où une complexité qui défie toute analyse et toute description. III.

CIRCONSTANCES ET INSTABILITÉ Le sentiment étant une réaction à une situation donnée, Pierre Janet y voit une « régulation de l'action ».

Il a doncun caractère circonstanciel : issu de la représentation, il en constitue l'aspect dynamique et nous adapte à unesituation délimitée; il y a donc en lui un caractère objectif; il ne nous enferme pas dans une subjectivitéincommunicable; il ne marque pas un repli total sur la vie intérieure, mais assure une liaison avec le monde1. Le sentiment se distingue des tendances par son caractère circonstanciel : la tendance orientée dès avant lecontact avec son objet forme une base continue, elle a une vie propre antérieure à la rencontre avec cet objet;aussi avons-nous vu que lorsqu'elle se déploie sur un plan fantasmagorique, elle peut aboutir aux complexes et auxnévroses, ou simplement se manifester dans le rêve.

Il y a d'ailleurs une infinité de sentiments qui sont sans relationavec aucune tendance : tous ceux qui ont trait à la douleur sont dans ce cas puisque nous avons vu qu'il n'y a pasde tendances défensives, mais seulement des tendances positives. Même lorsqu'un sentiment se greffe sur une tendance, il y introduit des modifications importantes pour l'adapter auxcirconstances où doit se manifester son action.

Espoir, dépit, jalousie, joie, tristesse, peuvent dériver tous del'inclination vers l'objet complémentaire (alimentaire, sexuel, social); mais chacun de ces sentiments donne à cetteinclination, en harmonie avec les circonstances, une orientation bien autrement précise que l'inclination même, unebroderie sentimentale qui en modifie le caractère.

La tendance cesse d'être à l'état pur, elle tient compte deséventualités et s'oriente selon les événements.

Ainsi la tendance alimentaire nous donne simplement la faim, maisnon la diversification des satisfactions que peut nous assurer la gourmandise; nos goûts pour telle ou telle spécialitéculinaire sont des sentiments. Rien dans l'inclination primitive ne peut expliquer cette diversification si l'on ne superpose à son orientation confuseles directions affectives que crée en elle la lumière qu'elle tire de la perception.

Les sentiments ne se bornent pas àexprimer l'inclination qui les supporte, ils la diversifient adaptivement.

Il est normal que le sentiment soit changeant puisqu'il nous adapte à des circonstances changeantes.

L'instabilité dela vie affective n'a pas de caractère morbide lorsqu'elle va de la joie à la tristesse, de la confiance audécouragement de la crainte et de l'angoisse à l'espoir et à l'assurance, selon que les circonstances exigent uneadaptation d'élan ou de réserve, de résignation, de prudence ou de soupçon. Et il est naturel, par contre, que le sentiment se stabilise à l'égard des personnes selon la stabilité morale de cespersonnes elles-mêmes; notre régulation affective tient compte de ce que leur caractère peut avoir de sûr.

Lechangement à l'égard d'un être qui ne change pas est en somme morbide.

Mais le changement de sentiment àl'égard d'un être qui change est, selon la nature, normal : cesser d'aimer celui qui vous traite sans amitié, n'aimerque qui s'en montre digne, sont des réactions normales : mais la morale peut vouloir ici corriger la nature. Le sentiment est changeant dans la mesure où le changement est nécessaire à l'adaptation : il a une duréeconvenable; c'est cette adaptation qui fait défaut à l'émotion, même lorsqu'elle se prolonge. Entre émotion et sentiment, il y a donc une différence, non de durée, mais de nature, ou plutôt une différence dedurée qui est conditionnée par une différence de nature.

On l'a dit : « L'émotion est circonstancielle comme unecatastrophe.

» Le sentiment est circonstanciel, mais comme un procédé d'adaptation; le sentiment est un stimulantà l'action, l'émotion répondant par des réactions qui débordent notre conscience, est une cause d'agitation et peutnous rendre inaptes à l'action.

Nous pouvons répondre au danger par certains états de crainte ou d'inquiétude qu'onn'appellera pas émotion ou dont on ne dira pas qu'ils sont émotifs s'ils nous laissent maîtres de nous-mêmes.

Il fautdistinguer de même l'accès de joie ou de tristesse et la joie et la tristesse issues des circonstances, mais paisibles,réfléchies, dominées et accommodées aux circonstances.

C'est aussi ce caractère d'adaptation qui différencie lesentiment de la passion incapable d'évoluer.. »

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