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Le silence est-il créateur ?

Publié le 25/07/2005

Extrait du document

Et il peut noyer la pensée en l'absence d'une certaine forme de silence, qui est alors créateur de sens et de valeurs. ·         Dans cette perspective, on s'aperçoit qu'une pensée paresseuse peut se laisser mécaniquement conduire par le langage : on dit que la lettre finit par tuer l'esprit. Il est toujours facile de répéter des formules apprises, au lieu de réinvestir leur sens. A suivre seulement les mots, on finit par ne plus entendre clairement ce qu'ils disent. Une pensée faible s'en laisse facilement imposer. Ainsi la lettre peut se transmettre sans l'esprit qui l'animait. Une intelligence ainsi mécanisée devient incapable de donner un sens à des formules anciennes ·         Le langage met parfois en péril la pensée quand il n'est pas maîtrisé et qu'il l'étouffe sous une prolifération anarchique et bruyante. La puissance du langage peut se retourner contre la clarté et la vivacité de la pensée, peut même la jeter dans la confusion. La parole peut prêter au quiproquo, se révéler inadaptée ou mensongère, ce qui laisse la pensée démunie. En un sens, il est important que l'esprit conserve toujours le témoignage silencieux devant ce qui est dit, sans être jamais étourdi.

·         Analyse du sujet

 

® Nous vivons dans un monde où la verbalisation est la règle et le  silence l’exception. Nous vivons au milieu d’un torrent de mots ; si bien que la valeur du silence nous échappe le plus souvent ; et pourtant, il est difficile de séparer le silence et la parole, le silence et l'intention de signification. Sans un espace entre les mots, les mots eux-mêmes seraient-ils compréhensibles ?

® Nous ne savons plus au fond ce que représente la parole, ni ce que signifie le silence. Pourtant, nous sentons aussi que nous avons besoin du silence. La Parole et le silence sont étroitement liés. N’est-ce pas parce qu’à sa manière le silence signifie à travers les mots autant que les mots signifient eux-mêmes ? Ou bien, faut-il admettre que le silence est seulement une impuissance ou une impasse dont le langage nous libère. Le silence ne dit-il rien ?

® On ne peut en réalité comprendre la question qu’en tant qu’on la rapporte au langage conçu/perçu comme l’instrument de communication grâce auquel les individus créent des liens, etc. Or, il s’agit ici de s’interroger sur la valeur du silence lui-même. Il s’agit de déterminer si le silence n’est que la marque d’une impuissance à exprimer, voire à penser, ou si au contraire il « dit « parfois bien plus que de simples bavardages. Il s’agit donc si le silence peut être moteur de pensées, d’actions inédites, réfléchies (ce qui revient à s’interroger sur son côté créateur).

® De la même manière, si l’on définit le silence comme créateur, il reste encore à déterminer ce qu’il crée : du sens par exemple ? C’est donc bien la valeur du silence en tant que tel qui est ici mise à la question.

 

 

Problématique

 

            Est-il légitime d’affirmer que le silence peut-être, en lui-même et pour lui-même créateur ? Le silence n’est-il pas vide de sens et de signification, et donc par là même totalement infécond ? C’est donc non seulement la fonction du silence mais aussi sa nature qui sont ici mises à la question. En quel sens affirmer que le silence et créateur ? Et de quoi est-il créateur ? N’est-il pas plutôt le déclencheur par l’intermédiaire duquel un processus de création peut s’engendrer ?

« Car ce n'est pas la même chose que d'exiger le silence et de ne rien entendre.

Ici, lesilence n'est pas l'absence de bruit mais l'absence de communication.

Le silence estdonc en quelque sorte ce refus d'entrer dans la sphère de la communication, et donc onvoit difficilement, en ce sens, comme un tel silence pourrait être créateur de lien, decommunication, de projet, etc.

Il ne peut pas être autre chose, dans cette perspectiveque le refus de tout processus de création (de sens, de communication, d'interaction,etc.) · L'entrée dans le langage peut en cela être rapproché d'une véritable naissance (et donc de création en quelque sorte).

Le silence est donc, à l'inverse, le non-engendrement de soi, le refus de se créer soi-même dans et par les mots. · Il ne semble pas y avoir dans le silence, ainsi conçu comme refus originel de toute entrée dans le monde, de pensée structurée, de conscience claire et distincte.

C'estd'ailleurs dans cette perspective hégélienne qu'on peut le silence, en tantqu'impossibilité à communiquer, comme de la pensée à l'état embryonnaire.

Lasignification, et la pensée en tant que telle, se crée dans les mots et non pas dans lesilence, synonyme d'immaturité de la pensée. · En outre, dans l'absence de langage que constitue ce silence (au sens où on l'entend pour l'instant), celui de la non-communication, le vécu temporel ne prend pasnon plus de forme définie, car ce vécu n'est pas véritablement réfléchi : puisqu'il n'y apas de mot pour le nommer. II- Le rôle du silence d'un un processus d'engendrement de sens · Pourtant, on ne peut, de droit, réduire le silence à un refus originel de la communication, ni à cet état pré-langagier dans lequel le nouveau-né ne s'est pasencore auto-engendrer lui-même comme individu.

Car le silence ne se conçoit que danset par le langage.

On peut, pour lui redonner à juste titre sa dimension féconde etcréatrice, l'opposer au bavardage. · En effet, en tant que bavardage, le langage, à lui seul, ne remplit pas nécessairement l'intention d'une pensée.

Et il peut noyer la pensée en l'absence d'unecertaine forme de silence, qui est alors créateur de sens et de valeurs. · Dans cette perspective, on s'aperçoit qu'une pensée paresseuse peut se laisser mécaniquement conduire par le langage : on dit que la lettre finit par tuer l'esprit.

Il esttoujours facile de répéter des formules apprises, au lieu de réinvestir leur sens.

A suivreseulement les mots, on finit par ne plus entendre clairement ce qu'ils disent.

Unepensée faible s'en laisse facilement imposer.

Ainsi la lettre peut se transmettre sansl'esprit qui l'animait.

Une intelligence ainsi mécanisée devient incapable de donner unsens à des formules anciennes · Le langage met parfois en péril la pensée quand il n'est pas maîtrisé et qu'il l'étouffe sous une prolifération anarchique et bruyante.

La puissance du langage peut seretourner contre la clarté et la vivacité de la pensée, peut même la jeter dans laconfusion.

La parole peut prêter au quiproquo, se révéler inadaptée ou mensongère, cequi laisse la pensée démunie.

En un sens, il est important que l'esprit conserve toujoursle témoignage silencieux devant ce qui est dit, sans être jamais étourdi.

Important, parce que l'intégrité de la pensée en dépend.

· En ce sens on comprend que le silence peut tout à fait être fécond et créateur d'un sens que le bavardage a tendance à étouffer et à oublier.

C'est d'ailleurs ce qu'onentend lorsqu'on emploie la formule « c'est un silence qui en dit long ».

Le silence ditdonc parfois beaucoup plus que de longues et périlleuses phrases.

Et c'est en ce sensqu'il est créateur et non pas réductible au simple refus de communication. · On comprend alors que l'intelligence tire une puissance d'inspiration de la valeur du silence qui réside entre les mots et entre les pensées. · De même, s'il y a plusieurs valeurs du silence, c'est que le silence est révélateur.

Il signifie l'existence telle qu'elle est, dans la joie ou le malaise, la jouissance ou letourment d'exister.

Le silence de l'expression de l'existence est d'ailleurs si éloquent enlui-même, qu'il faut beaucoup de bruit pour le contourner, pour s'en évader, afin de nepas se retrouver seul avec soi-même, confronté à sa propre présence.

Le silence est àlui-même son propre sens et notre propre question.

Il est donc tout à fait réducteur decondamner le silence, sous prétexte que le mutisme est un mal qu'il faut guérir, car lemutisme n'est, on l'a vu, qu'un aspect du silence. III- Le silence comme dévoilement des états d'âme et créateur de l'être propre · Dès que nous entrons dans la sphère du langage, non seulement la communication prend sa vraie valeur, mais, du même coup, le silence prend aussi une valeur toute. »

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