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Le silence ne dit-il rien ?

Publié le 12/01/2004

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Pour Wittgenstein, tout ce qui est en réalité le plus important ne peut être dit (c'est-à-dire énoncé d'une façon qui fasse sens). Wittgenstein souligne donc l'importance de l'indicible. Mais la philosophie essaie de dire ce que le langage ne peut dire et, en voulant montrer l'indicible, se condamne au silence. Pour plus d'information sur cette thèse complexe, consultez la notice consacrée à Wittgenstein. Il ne s'agit pas là d'une sorte de règle morale qu'on pourrait éventuellement enfreindre, mais d'une constatation qui renvoie à une nécessité de fait. Essayer de dire ce qu'on ne peut dire, serait s'exposer à une expérience douloureuse entre toutes, celle des limites de la pensée. Aussi le propos de Wittgenstein ne consiste-t-il donc nullement dans une critique de l'insuffisance du langage. Ce n'est pas le langage qui est insuffisant, c'est la pensée. Aussi le silence n'exprime-t-il plus seulement ce que le langage ne peut pas atteindre, mais aussi une impuissance de la pensée elle-même.b) Cela signifie que la région extérieure au langage n'est certes pas vide, mais qu'elle est également extérieure à la pensée.

Le silence, c'est l'absence de parole, donc en apparence l'absence de communication. Mais, celle-ci n'est pas seulement verbale. Les mots ne valent que par le sens que leur donne une conscience humaine, qui peut alors se passer du langage pour deviner l'autre. La communication est plus que l'échange verbal.

« · L'entrée dans le langage peut en cela être rapprochée d'une véritable naissance (et donc de création en quelque sorte).

Le silence est donc, à l'inverse, le non-engendrement de soi, le refus de se créer soi-même dans et par les mots. · Il ne semble pas y avoir dans le silence, ainsi conçu comme refus originel de toute entrée dans le monde, de pensée structurée, de conscience claire et distincte.

C'estd'ailleurs dans cette perspective hégélienne qu'on peut le silence, en tantqu'impossibilité à communiquer, comme de la pensée à l'état embryonnaire.

Lasignification, et la pensée en tant que telle, se créent dans les mots et non pas dans lesilence, synonyme d'immaturité de la pensée. · En outre, dans l'absence de langage que constitue ce silence (au sens où on l'entend pour l'instant), celui de la non-communication, le vécu temporel ne prend pasnon plus de forme définie, car ce vécu n'est pas véritablement réfléchi : puisqu'il n'y apas de mot pour le nommer. II- Le rôle du silence d'un un processus d'engendrement de sens · Pourtant, on ne peut, de droit, réduire le silence à un refus originel de la communication, ni à cet état pré-langagier dans lequel le nouveau-né ne s'est pasencore auto-engendré lui-même comme individu.

Car le silence ne se conçoit que danset par le langage.

On peut, pour lui redonner à juste titre sa dimension féconde etcréatrice, l'opposer au bavardage. · En effet, en tant que bavardage, le langage, à lui seul, ne remplit pas nécessairement l'intention d'une pensée.

Et il peut noyer la pensée en l'absence d'unecertaine forme de silence, qui est alors créateur de sens et de valeurs. · Dans cette perspective, on s'aperçoit qu'une pensée paresseuse peut se laisser mécaniquement conduire par le langage : on dit que la lettre finit par tuer l'esprit.

Il esttoujours facile de répéter des formules apprises, au lieu de réinvestir leur sens.

A suivreseulement les mots, on finit par ne plus entendre clairement ce qu'ils disent.

Unepensée faible s'en laisse facilement imposer.

Ainsi la lettre peut se transmettre sansl'esprit qui l'animait.

Une intelligence ainsi mécanisée devient incapable de donner unsens à des formules anciennes. · Le langage met parfois en péril la pensée quand il n'est pas maîtrisé et qu'il l'étouffe sous une prolifération anarchique et bruyante.

La puissance du langage peut seretourner contre la clarté et la vivacité de la pensée, peut même la jeter dans laconfusion.

La parole peut prêter au quiproquo, se révéler inadaptée ou mensongère, cequi laisse la pensée démunie.

En un sens, il est important que l'esprit conserve toujoursle témoignage silencieux devant ce qui est dit, sans être jamais étourdi.

Important, parce que l'intégrité de la pensée en dépend.

· En ce sens on comprend que le silence peut tout à fait être fécond et créateur d'un sens que le bavardage a tendance à étouffer et à oublier.

C'est d'ailleurs ce qu'onentend lorsqu'on emploie la formule « c'est un silence qui en dit long ».

Le silence ditdonc parfois beaucoup plus que de longues et périlleuses phrases.

Et c'est en ce sensqu'il est créateur et non pas réductible au simple refus de communication. · On comprend alors que l'intelligence tire une puissance d'inspiration de la valeur du silence qui réside entre les mots et entre les pensées. · De même, s'il y a plusieurs valeurs du silence, c'est que le silence est révélateur.

Il signifie l'existence telle qu'elle est, dans la joie ou le malaise, la jouissance ou letourment d'exister.

Le silence de l'expression de l'existence est d'ailleurs si éloquent enlui-même, qu'il faut beaucoup de bruit pour le contourner, pour s'en évader, afin de nepas se retrouver seul avec soi-même, confronté à sa propre présence.

Le silence est àlui-même son propre sens et notre propre question.

Il est donc tout à fait réducteur decondamner le silence, sous prétexte que le mutisme est un mal qu'il faut guérir, car lemutisme n'est, on l'a vu, qu'un aspect du silence. III- Le silence comme dévoilement des états d'âme et créateur de l'être propre · Dès que nous entrons dans la sphère du langage, non seulement la communication prend sa vraie valeur, mais, du même coup, le silence prend aussi une valeur toutenouvelle.

Le silence est créateur à la fois de sens et de personnalité parce qu'il seconstitue tout entier dans et par le langage. · Nous ne nous arrêtons jamais de nous exprimer même lorsque nous ne parlons pas. Le silence est alors la voie de communication qui prend le relais quand la parole n'a passa place ou est inapte à créer du sens. · Par définition, le silence est absence de bruit ou de discours.

Le silence se comprend comme silence extérieur, par rapport à un environnement bruyant.

Le bruitest compris alors comme nuisance.

Mais on peut aussi parler de silence intérieur, (et cede manière plus féconde) par opposition à un bruit contenu dans l'esprit.

On peut avoirun vacarme constant de musique et pensées inutiles dans l'esprit, un verbiage. »

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