LE TEMPS HISTORIQUE
Publié le 24/01/2015
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«
70 LE TEMPS
moins de prec1s1on, les fragments de sculpture et de
céramique dont la façon indique l'époque.
En remontant alors des assises les plus anciennes, on
reconstitue les grandes époques de construction et de
destruction, qui, sur un remblai d'environ deux mètres,
peut-être gaulois, vont de l'époque impériale jusqu'au
xrrre siècle.
Tout en se sédimentant de cette manière, une ancienne
cité comme Paris (1) a connu, en outre, un accroissement
centrifuge visible
sur un plan à l'examen de ses enceintes
successives ; elles ont successivement éclaté, et la ville
s'est reformée par la périphérie en absorbant les fau
bourgs, villes et villages voisins.
Poitiers n'est pas de
ces villes où (( ...
les siècles qui ont concouru à sa forma
tion se laissent encore discerner, comme les anneaux
concentriques marquant l'accroissement annuel se des
sinent sur le tronc coupé d'un grand arbre ».
(Vidal de
La Blache.) Sa croissance n'a été que verticale, et, s'il
faut un peu en rabattre des
(( onze villes superposées n
de Tourneur-Aumont (2), puisque le chevauchement
des périodes en rend
le dénombrement quelque peu
incertain,
il n'est pas douteux qu'on lit dans son sous-sol
une longue histoire qui remonte au Limonum des
Pic
tons et aux établissements préhistoriques.
Ce temps
stratigraphique (3) inscrit dans les strates est en tout
(I) Sur la « verticale du temps 1• dans Paris, PÉGUY a écrit une page inoubliable: Situations, p.
199.
(2) Les onze villes superposées de Poitiers (Société des Antiquaires de l'Ouest, 1925).
(3) Cf.
M.
SOURIAU, Le temps, chap.
III-V.
L'auteur montre bien: 1° Que la« verticale du temps» de la géologie est un compromis entre trois représentations possibles; 2° Que la chronologie géologique dépend de celle de la paléontologie, de la science des climats, etc.
De même nous dirons que la chronologie linéaire de l'historien prête plus à la chronologie des fouilles qu'elle n'en reçoit..
»
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