Le temps peut-il se conjurer ?

« également de conserver au présent des éléments passés, de ne pas oublier un certain nombre d'évènements.

Laconscience est donc également mémoire.

« La conscience est un trait d'union entre ce qui a été et ce qui sera, unpont jeté entre le passé et l'avenir ».

Ainsi l'homme a déjà un certain pouvoir sur le temps… Ensuite, Sartre soutient que le sens de mon passé est suspendu dans un futur.

Il parle du « passé que j'ai à être ».

En effet, dans mon passé il y a des faits, mais leur sens dépend encore de mon projet.

Si j'ai volé une fois,cela ne veut pas dire que je vais désormais mener une vie de voleur ! Mon passé est anticipation, il n'est défini quepar l'avenir qu'il pré-esquisse.

C'est ma liberté actuelle qui me permet de confirmer ou d'infirmer ces anticipations.

Jepeux toujours choisir un sens aux situations en fonction du projet que j'ai.

Par ailleurs, il faut noter l'importance de la mémoire et de la commémoration.

Alain le dit bien « C'est le lien du passé au présent qui fait une société ».

C'est parce que l'homme commémore qu'il est homme.

Il fait revivre ce qu'ily a eu de grand dans le passé.

S'il ne commémorait plus, ne se souciait que de l'instant présent et de ce quil'entoure, il serait alors un simple animal, intéressé uniquement par sa pâtée et la mouche qui vole à côté… Le tempspermet de forger l'unité d'un peuple, on le voit lors des grands moments de la nation.

Par le biais de la mémoire,l'homme prend une revanche sur le temps.

En commémorant, il montre qu'il se souvient… Enfin, on peut également évoquer l'Histoire de l'humanité, dont la thèse est défendue par Kant.

La conscience de la mort ne doit pas trop nous effrayer, car avec la succession des générations, ce que moi je nepeux faire, l'humanité peut l'accomplir ! « Si la nature ne lui a assigné qu'une courte durée de vie (et c'estprécisément le cas), c'est qu'elle a besoin d'une liguée peut-être interminable de générations où chacune transmet àla suivante ses lumières, pour amener enfin dans notre espèce les germes naturels jusqu'au degré de développementpleinement conforme à ses desseins.».

Dans le cas contraire, elle l'aurait doté d'une vie éternelle.

En effet, avecl'éternité il est prouvé que tout arriverait.

L'irréversibilité du temps, la conscience de notre finitude ne doit pas êtreune peur pour l'homme.

Après réflexion, nous pouvons réaliser que l'homme, doté d'une conscience, dispose ainsi d'un certain pouvoir sur le temps.

Il peut se projeter dans le futur, se remémorer le passé… Son passé est révocable en quelque sorte,du fait que son sens dépende encore d'un projet.

Enfin, la conscience de notre finitude ne doit pas nous effrayer,car par la transmission des savoirs de génération en génération, ce que nous avons fait ne sera pas vain… L'hommedispose donc d'un premier moyen de conjurer le temps.

Cependant, l'être humain ne s'est pas limité à cela… Quelsautres moyens a-t-il mis en œuvre pour s'opposer à la puissance du temps ? Pour conjurer le temps, l'homme a convoqué ses savoirs et créé un certain nombre de disciplines lui permettant de se sentir moins impuissant face au cours des choses.

Tour d'abord, l'homme a instauré un certain nombre de sagesses.

L'épicurisme en est un exemple.

Epicure affirme qu'il n'y a pas d'âge pour être heureux, s'opposant ainsi à une fatalité jeunes heureux, vieux malheureux.Quand on est jeune on confond excitation (euphorie) et bonheur.

Or le bonheur est la quiétude, la sérénité.

Quandon est âgé, philosopher permet de se libérer des craintes liées au grand âge.

L'homme doit connaître la quiétude et ilvivra ainsi comme un Dieu parmi ses semblables.

Epicure veut également que l'homme accède à des biens immortels,ce dont il a la possibilité.Autre façon de penser : la palingénésie stoïcienne.

C'est l'idée d'un retour périodique et éternel des mêmesévènements.

Nietzsche reprend cette idée de la permanence de toute chose au sein même de son devenir.

« Toutva, tout revient, la roue de l'existence tourne éternellement ».

Cette idée est suggérée par l'apparente réversibilitédu temps de la nature : alors que je vieillis, le printemps lui, revient chaque année.

Ensuite, la religion a une place importante dans notre façon de concevoir le temps.

Le christianisme nous donne à concevoir le temps comme orienté.

La création en marque le début puis il s'écoule selon la « flèche dutemps ».

Dans la culture aztèque à l'opposée, le temps apparaît comme cyclique.

Il est symbolisé par un serpent semordant la queue.

Chez Platon, le temps était déjà admis ainsi, c'est la « Grande Année », qui marque le retour à unétat antérieur.

Aucune dégradation n'est donc définitive puisque tout recommence.

Par ailleurs, on peut noter le rôle de la science quant à sa conception différente du temps.

La science par définition est prévision (prévision de tremblements de terre par exemple).

Mais si dans le temps il y a quelque chosede nouveau, alors je ne peux plus prévoir, la science est mise en difficulté.

La science veut ignorer le temps commecréateur de nouveau, de réels changements.

L'idéal de la science est de toujours chercher à enfermer l'avenir dans. »