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Le thème de l’isolement de la personne

Publié le 19/09/2015

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« La personnalité n’est pas déterminée avec précision quand on se contente de dire qu’elle réside dans la conscience de soi; elle en exige une forme spéciale : celle qui consiste à avoir conscience de soi au moins virtuellement en autrui et à avoir conscience d’autrui en soi. »

 

Le P. Brunneb déclare de son côté : « La personne vit toujours dans un monde peuplé d’autres personnes... Même en nous retirant en nous-mêmes, nous ne sommes jamais seuls. Si nous n’emportions avec nous que le langage qui nous permet de nous parler à nous-mêmes — et penser, qu’est-ce sinon parler? — tout un monde, un monde humain nous accompagnerait jusqu’à l’isolement le plus parfait imaginable. Nous sommes toujours en dehors et au-delà de nous. C’est là une note essentielle de la personne humaine. » Hegel déclarait déjà lui aussi : « C’est le propre de la personne, du sujet, de rejeter son isolement... Le vrai de la personnalité, c’est de se gagner en se perdant en l’autre, en étant absorbé par lui. » Ces formules, pour communes qu’elles soient devenues de nos jours, peuvent néanmoins sembler paradoxales. Essayons de les entendre. La personne, avons-nous dit, est, avant tout conscience de soi. Mais qui dit « conscience de soi » dit en même temps « liberté ». La conscience, en effet, ne nous apparaît pas comme un enregistreur automatique de sensations et d’idées. L’être conscient a la possibilité de s’assumer soi-même, de devenir ce qu’il veut être. La conscience n’est pas une transparence pure, elle est une activité lucide. Cette possibilité de création suppose évidemment choix et liberté, sinon elle ne serait qu’une illusion. Or, pour que ce choix et cette liberté existent réellement, il faut qu’ils se réalisent par des actes, il faut donc qu’une matière soit fournie à leur exercice. Cette matière est précisément constituée par le milieu où vit la personne et par autrui. Ainsi, la conscience de soi ne peut exister et se déployer que parmi d’autres consciences et dans un milieu donné. Ici apparaît la vérité de la pensée de Hegel ...

« Il ne semble donc pas que les faits rapportés par la légende ou 1 'histoire puissent donner à notre question une répo·nse affirmative.

Suit-il de là que la négation s 'impüse P Ce serait aller un peu vite en besogne.

Tout au plus pouvons-nous prendre acte de ce fait : il ne semble pas que, dans le concret, aucune per•sünne ait jamais réalisé 1 'isolement absolu.

Mais le problème posé se situe dans 1 'abstrait : peut-·on abstraitement concevo.ir la personne comme iso.Jée du reste du monde P Autrement dit : le conc~pt de " pers.onne isolée " e•st-il contradictoire P La question se situant ainsi sur le plan logique, il impürte de déterminer avec précision la notion de pers•onne.

* * * Si nous nous en tenons à la définition sc-olastique : Persona proprie dicitw· naturae rationalis individua substantia (le terme rle personne désigne proprement la substance individuée d'une nature rais-onnable), nous ne pourrons, •semble-t-il, rien tirer de là qu; puisse nous aider à conclure.

On ne voit pas, en effet, de quel droit nous interdirions à cette substance indidduelle de se passer d'autres substances de même S•orte.

Pour être elle­ même, elle n'a, •semble-t-il, qu'à demeurer rlans l'individualité qui la constitue.

Hemarquons cependant c·ombien cette définiti-on abstraite de la personne est pauvre.

En vérité, ce n 'e·st qu'une description toute extérieure d'une réalité que nous devinons infiniment plus• riche.

La rais·on de cette indi­ gence nous est peut-être fournie par le vocabulaire phi-losophique de LALANDE, qui n·ous montre !'-origine de ce concept dans le Ianga~e de la théologie médiévale «où il a servi à traduire un:;rrncr~ç en tant qu'-opposé à > * * * C'est qu'en effet, les philüs·ophes modernes, a ra suite de DESCARTES, ont renversé le pôle d'attraction de la phil·osophie.

Tandis que, depuis les Grecs, l 'explicatiüon du monde extérieur, dn zocr;;.:ç, semblait 1 'objet premie.r de la philosophie, pour les modernes le monde extérieur étant devenu beau­ C•oup plus le domaine des sciences spécialisées, les penseurs ee s-ont tournés vers le monde intérieur, le monde de la conscience.

A la suite de ce ren­ versement cles positions', la notion de .perso,nne a pris une valeur toute différente.

Tandis qu'auparavant le philo·sophe, avant tout observateur curieux de la nature et de ses causes, ne parlait de la personne que comme d'un objet de sa oontemplation, c-omme d'un être extérieur à soi, alors même qu'il avmt en vue sa propre personne, instruits par la nouvelle orientation de leurs recherches, ses successeurs voient avant tout dans t111 perwn n • 1 mr propre moi avec toutes ses riche·s•ses et son mystère.

C'est. »

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