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Le travail a-t-il plus de valeur que l'oisiveté ?

Publié le 27/02/2008

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Le travail se définit au sens large comme une activité, une tâche, rémunérée ou non. Or le travail apparaît actuellement comme une valeur sociétale. Le travail en effet paraît assurer non seulement une sécurité matérielle mais aussi psychologique en définissant un lien social. Il permet à l'individu d'obte­nir l'indépendance financière et la reconnaissance sociale par laquelle les autres admettent l'utilité et la valeur de son activité et par conséquent de sa personne. Il lui permet donc de se situer dans la société, et de s'y faire reconnaître comme individu libre, autonome, capable de subvenir à ses besoins. Or l'oisiveté semble être au premier abord le contraire du travail :  une certaine paresse, un repos sans fin. Pourtant, l'oisiveté n'est pas non plus l'absence de toute action si l'on comprend généalogiquement ce terme c'est-à-dire comme negotium ou scholé. Dès lors l'oisiveté n'est pas nécessairement non plus improductif notamment en vue de la gouvernance de la cité donc n'est pas un pur repos si un « parasitisme ». On peut voir alors émerger deux valeurs de l'oisiveté : une conception négative et une autre positive. En ce sens, l'oisiveté pourrait être la mère de tous les vices ou bien une notion complémentaire au travail. De plus force est de constater comme le pose Méda que la valeur du travail est une question a part entière quant sa possible disparition en tant que valeur. C'est pourquoi, à l'aune du développement de nos sociétés notamment, il est pertinent de se demander si le travail a plus de valeur que l'oisiveté.             Il faudra alors déterminer cette possible valeur du travail en comparaison de celle de l'oisiveté (1ère partie), mais s'interroger sur la réalité d'une telle valeur à l'aune du travail et du temps aliénés, posant même la question d'une possibilité effective de l'oisiveté ou la comprenant simplement comme critique sociale (2nd partie) montrant alors qu'une complémentarité est possible entre les deux et recherchant alors les causes de cette glorification du travail (3ème partie).
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« envers lui-même mais aussi envers toute la communauté en tant qu'il en deviendrait un parasite, inutile socialementvoire néfaste, et dangereux en vue du progrès de l'humanité elle-même.c) Or si le travail a une valeur supérieure à l'oisiveté c'est comme on peut le voir avec Max Weber dans l'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme que l'on peut voir dans le rapport travail – devoir une source biblique ou plus exactement une des conséquences du protestantisme et de ce point de vue, on peut dire que la philosophiekantienne en est quelque peu tributaire sans nécessairement en faire un facteur déterminant.

Mais il est intéressantde constater que la notion de « Beruf » (travail ou vocation en allemand) définit le travail comme un devoirtemporel : « Ce nouveau sens du mot ( Beruf , besogne, activité professionnelle) correspond à une idée nouvelle, il est un produit de la Réforme.

Sans doute voyons-nous apparaître dès le Moyen Age, et même à l'époquehellénistique tardive, les premiers éléments d'une telle évaluation positive de l'activité quotidienne.

(...) Mais estimerque le devoir s'accomplit dans les affaires temporelles, qu'il constitue l'activité morale la plus haute que l'hommepuisse s'assigner ici-bas, voilà sans conteste le fait absolument nouveau.

Inéluctablement, l'activité quotidiennerevêtait ainsi une signification religieuse, d'où ce sens de vocation que prend la notion de Beruf .

(...) L'unique moyen de vivre d'une manière agréable à Dieu n'est pas de dépasser la morale de la vie séculière par l'ascèsemonastique, mais exclusivement d'accomplir dans le monde les devoirs correspondants à la place que l'existenceassigne à l'individu dans la société ( Lebenstellung ), devoirs qui deviennent ainsi sa « vocation » ( Beruf ).

» Transition : Ainsi le travail est-il une valeur supérieur à l'oisiveté qui est pure négativité.

Le travail développe l'effort, la prise deconscience de soi, favorise nos capacités même surtout discipline le corps et les individus.

La valeur du travail secomprend à travers le prisme de sa nécessité : métaphysique, anthropologique et morale.

Pourtant, cette valeur a-t-elle encore un sens à l'aune du travail aliéné ? L'oisiveté elle-même est-elle possible ? II – La remise en cause de la valeur travail ; l'oisiveté comme contre-modèle a) Or comme le remarquait Marx dans ses Manuscrits de 44 , dans le système capitaliste, l'ouvrier est privé de la propriété du produit de son travail.

Mais cette privation est l'expression d'une aliénation dans l'acte même de laproduction.

Marx oppose ici le travail qui devrait être la réalisation de l'essence de l'homme donc un facteur demoralisation au travail aliéné qui n'est plus qu'un moyen de satisfaire ses besoins physiques, et ramène l'homme aurang de l'animal.

L'individu qui ne travaille que pour manger ne manifeste pas son humanité par son travail.

Or c'estprécisément ce qui se produit dans le cas du travail aliéné.

Dans le travail aliéné, l'homme est privé du produit deson travail et le travail devient un moyen au lieu d'être une fin en lui-même.

Le travail n'est donc pas une forme demoralisation tant qu'il reste un facteur d'aliénation.

Et celle-ci prend trois formes.

Toutes ont un rapport avec l'idée d'altérité et de perte de soi.

Premièrement, le travailleur est dépossédé des produits de son travail.

Deuxièmement,par l'organisation même du même qui n'est pas l'expression d'une décision prise par ceux qui travaillent et collaborent dans la production d'un bien ou d'un service, mais de celui qui achète la force de travail.

Ainsi, dans ces conditionsde travail, ce dernier est extérieur aux fins de son travail ce qui signifie qu'il exerce une activité dans laquelle ils nepeuvent se retrouver ou se reconnaître.

Ils sont comme étrangers à eux-mêmes.

Enfin, l'aliénation estdéshumanisation c'est-à-dire aliénation de l'essence de l'homme dans la mesure où le travail à cause des deuxaliénations précédentes est une activité par laquelle au lieu de s'accomplir, de devenir plus humain, l'homme se perd,se dénature, se mutile.b) Or l'aliénation, bien plus que de savoir si l'oisiveté a une valeur ou non il convient de s'interroger radicalement surla possibilité même de son existence actuelle.

En effet, l'oisiveté pourrait être vécue par le travailleur comme unremède à l'aliénation qu'il vivrait dans son activité professionnelle.

Elle serait le temps nécessaire pour larécupération de ses forces, pour l'acquisition d'une fraîcheur intellectuelle, physique et morale qui s'usent dans letravail régulier.

Loin d'être la mère de tous les vices, l'oisiveté pourrait-être considérée comme unevaleur en raison de ses vertus bénéfiques sur le travailleur, lorsque son activité professionnelle a cessé d'incarnerune valeur pour lui.

Or une telle oisiveté est en fait impossible pour le travailleur actuellement comme le remarqueBaudrillard dans la Société de consommation , nous vivons dans un monde où règne « l'impossibilité de perdre son temps ».

Cela signifie que même dans les loisirs qui sont pourtant l'apanage d'une conception du temps non-contraint, le temps est limité et contrôlé, c'est-à-dire que le temps est lui-même soumis à un impératif deproduction et de productivité.

Dès lors il est contraint.

Il s'agit même dans ses loisirs de rentabiliser le plus sontemps hors travail.

Prendre son temps est alors impossible.

C'est pourquoi l'analogie de la société et d'une ruche estsi féconde.

Le temps est comptabilisé, rentabilisé et contrôlé : il faut remplir le temps, ne laisser aucun temps mort ;peut-être justement pour fuir le repos qui serait synonyme de mort.

L'oisiveté est impossible.c) Dès l'oisiveté peut apparaître alors comme une critique sociale de la valeur du travail.

Mais surtout, rien n'indiquequ'il soit nécessaire d'opposer travail et oisiveté.

En effet, comme le montre Lafargue dans son ouvrage le Droit à la paresse , l'alternative n'est pas entre l'oisiveté totale et le travail, mais bien entre un travail épanouissant et le travail non épanouissant.

C'est-à-dire dans la réappropriation par l'homme de sa vie dans toutes ses dimensions.Cette réappropriation passe peut-être dans un premier temps par une certaine dévalorisation du travail ou par unerevendication à une vie autre que soumise à l'impératif du travail.

Dans son célèbre pamphlet Le droit à la paresse , Lafargue reproche aux ouvriers d'avoir repris à leur compte la valorisation du travail propagée par la bourgeoisie,parce qu'elle servait ses intérêts économiques en incitant à une production toujours plus grande : « Une étrangefolie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste.

Cette folie traîne à sa suite desmisères individuelles et sociales qui, depuis deux siècles torturent la triste humanité.

Cette folie est l'amour dutravail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu'à l'épuisement des forces vitales de l'individu et de sa. »

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